C'est un outil unique pour le monde du handball. « Exceptionnel » même, aux dires de Joëlle Demouge, conseillère technique sportive mise à disposition de la Ligue par Jeunesse et Sports. « Quand ils le découvrent, mes collègues des autres ligues sont très envieux ». Cet outil, c'est un bâtiment neuf et moderne à Besançon, aux Montboucons, près du lycée Ledoux : deux terrains, une salle de musculation, des vestiaires, un local de contrôle antidopage, un autre pour les soins, des salles de réunions avec équipement audiovisuel, des bureaux. L'ensemble, ouvert depuis un an, sert à la fois de lieu d'accueil de trois pôles (France et espoir féminin, espoir masculin) et de locaux pour la Ligue. L'autre pôle France, à Talence (Aquitaine), est logé par le Creps local. Mais l'équipement peut aussi accueillir des équipes (celle de Chine y a récemment fait un stage de 10 jours), être loué par des clubs, des établissements scolaires ou des entreprises pour des réunions ou des séminaires.
« Au départ, on souhaitait juste une salle de sports et quelques bureaux, pour nous simplifier la vie. Avant la construction du bâtiment, on passait un temps fou à s'organiser, à trouver une salle ici ou là dans la ville pour s'entraîner, à jongler avec les horaires. C'était un peu dispersé ! Il faut savoir que les différents pôles, c'est environ 70 h d'entraînement par semaine. Désormais, ce problème n'existe plus et l'on va pouvoir se consacrer à hausser le niveau » signale la conseillère technique. Plutôt que jouer petit bras, le Conseil régional a décidé qu'il fallait se donner les moyens d'avoir véritablement un bel outil. La construction du pôle a fait l'objet d'un consensus rare entre le Conseil régional de Franche-Comté qui a financé intégralement le projet à hauteur de 1,85 million d'euros, la fédération de handball, Jeunesse et Sports, la Ville de Besançon, qui a offert le terrain de construction, et le Conseil général du Doubs qui a financé la salle de musculation.
Cette volonté commune est une réponse aux réussites de l'ESBF, depuis longtemps l'une des équipes majeures du handball français, et au remarquable travail de formation effectué en Franche-Comté. « Le Conseil régional a construit les murs parce que le pôle existait. Et le pôle existait à cause de l'histoire du hand ici », résume Joëlle Demouge, l'une des artisanes de cette réussite.
Si le bâtiment est récent, le pôle France féminin existe à Besançon depuis 1995. Dans des conditions malaisées, on notera simplement que 28 joueuses et joueurs ont été internationaux A, espoir ou jeune pendant leur présence au pôle. Le handball franc-comtois a sorti depuis quelques années des joueuses exceptionnelles qui ont également contribué à porter haut le niveau de l'équipe de France. Des filles surtout mais aussi quelques garçons. Les liens entre le «pôle» et l'ESBF, mais aussi les autres clubs de la région sont constants, il exis-e une synergie qui profite autant aux uns qu'aux autres. « Ce sont des vases communicants. Le pôle doit beaucoup de son existence à l'ESB mais l'ESB profite aussi d'un lieu de regroupement d'élite » indique la conseillère technique, qui fut aussi entraîneur de l'ESBF. Vesoul, en D2 féminine, compte par exemple 80 % de joueuses passées par le pôle. Du coup, la Franche-Comté devient attractive, en particulier pour le hand féminin. Le recrutement est national. Parmi les pensionnaires actuelles, certaines viennent de l'Aube, de Dijon, de Bretagne, de Paris... Cela correspond à un souhait du Conseil régional qui voit dans cet équipement un moyen de retenir des jeunes sportifs dans la région. Les retenir et désormais en attirer. Le pôle permet de faire perdurer les résultats d'une région qui compte aujourd'hui une douzaine d'équipes masculines et féminines dans les différents championnats nationaux. Mais le staff du pôle ne compte pas s'arrêter là. Pour Joëlle Demouge, le bâtiment est bien moins un aboutissement qu'un nouveau point de départ. Hausser encore le niveau, éventuellement s'intéresser à l'étranger sont deux volontés actuelles.
Attentif à la vie scolaire
Le pôle France regroupe les élèves postbac qui évoluent dans les différentes équipes de France. Les pôles espoir concernent des élèves de la 3e à la terminale soit, actuellement, 25 lycéennes, 25 lycéens et deux sections sportives au collège Stendhal, toutes deux championnes de France en intersections sportives élite. Ils s'entraînent en semaine aux Montboucons à raison de 10 à 12 heures et jouent avec leur club - franc-comtois - le week-end. Ils ont été recrutés sur des critères physiques, sur leur niveau de handball, mais également sur dossier scolaire. L'Education nationale est un partenaire essentiel au bon fonctionnement d'un pôle. A Besançon, le lycée Jules Haag et le collège Stendhal assurent la scolarité des pensionnaires. Les élèves sont regroupés, il existe des aménagements comme l'absence de cours le samedi matin, il y a un suivi important avec les responsables des établissements, des cours de soutien sont organisés. Seul bémol actuellement, l'internat du lycée Jules Haag ne fonctionne pas le samedi soir. Ceux qui restent ce jour-là doivent trouver une solution d'appoint comme le centre international de séjour ou une famille d'accueil. On intègre le pôle au niveau de la 3e, éventuellement de la seconde. « Les jeunes entrent pour un an et le renouvellement n'est pas systématique. Il peut y avoir toutes sortes de problèmes, sportifs, médicaux, scolaires. Au cours des 3 ans, on établit une certaine progression : les deux premières années, c'est plutôt de la préparation, des messages à faire passer alors qu'en terminale, c'est du perfectionnement pour se rapprocher du haut niveau » souligne Joëlle Demouge.
Stéphane Paris
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