Il n’y pas de musique bourguignonne-franc-comtoise ! En tout cas, pas de ligne directrice ou d'originalité qui permettrait de la définir. Trouver une unité serait vain, à l’image des artistes d’ici qui ont acquis une notoriété nationale. On peut citer
Ange, Thiéfaine, les Infidèles, les Calamités, Vitalic, Aldebert, Alex Beaupain ou
Broussaï et l’on a du rock prog, de la chanson, de l’electro et du reggae. Rien de bien burgo-comtois en soi !
Mais il y a de la qualité, dans ces genres très divers et une scène "musiques actuelles" locale vivace, à laquelle contribuent fortement les accompagnements proposés par des structures telles que
Rockhatry à Belfort, la Vapeur à Dijon, le Bastion et
la Rodia à Besançon,
la Cave à musique à Mâcon ou encore l’
Echo system à Scey-sur-Saône.
Non contentes d’aider et conseiller les artistes émergents, les salles locales proposent régulièrement des soirées réservées à leur découverte, à l’instar de l’intitulé Support your local band. Certaines, comme le Darius du Bœuf sur le toit à Lons, leur donnent même très régulièrement leur chance. D’autres suscitent l’émulation, comme le fait chaque année le théâtre Edwige Feuillère à Vesoul avec un concours jeunes talents dans le cadre du festival Jacques Brel. Les lauréats sont nationaux mais le festival a pu susciter des vocations comme avait pu le faire le concours bisontin Utopia, il y a quelques années.
De la chanson au rock
Dans ce domaine de la chanson de qualité, les noms sont nombreux et, loin d’être exhaustif, on rappelle
Damien Saez, Yves Jamait, Alfred Massaï, Célestin, Clotilde Moulin, Clio, Marion Roch qui travaille ces derniers temps avec Renaud, ou encore
Gérald Genty, le Belfortain aux textes humoristiques (sans compter ceux qui ont marqué la télé réalité, tels
Lilian Renaud,
Tom Rochet ou
Corentin Grevost). Et
Pascal Mathieu, le Bisontin venu du punk, qui montre que les genres ne sont pas toujours cloisonnés. Sur son album
Sans motif apparent, il a travaillé avec
Claude Mairet, compositeur et musicien de plusieurs albums de Thiéfaine, accordant chanson et rock. L’occasion de citer
Tony Carbonare, Angel Carriqui et
Machin, groupe historique proche de Thiéfaine, dont les traces sonores sont rares, et... de passer au rock.
De ce côté, si la notoriété peut paraître moindre, la qualité est aussi présente, aujourd’hui soulignée par les excellents
Johnny Mafia (de Sens, là où quelques décennies plus tôt, les
Matador’s ont eu une petite réputation) et
Gliz. Avec notamment une bonne présence à Dijon (
Snipers, Betty Boop, Sophia s’en Mêle), dans le nord franc-comtois (
58 Shots, the Rebel Assholes, the Fre3 Bastards, Hellbats) et dans le Jura (
Catfish, Bigger, the Washing Machine Cie). Il faudrait également citer
Shredded Ermine’s (Nevers) dans les années 80,
The Vietnam Veterans de Chalon-sur-Saône activistes d'un revival garage sixties par intermittence depuis 1983 ou encore
Maat et
Wayward Gentlewomen plus récemment à Besançon. Un peu plus « hard » surgissent les noms de
Cadillac Corrida et surtout, deux groupes éphémères, les Marnaysiens de
5 Sexless Years et leur excellent
Tattoo, et
the Tiger Theory dont le non moins excellent
Evangelius est
toujours disponible sur bandcamp. Un peu plus pop, un peu plus « américain », on a
Yules et dans la même veine l’unique album un peu oublié du Belfortain
Brezovar. Un peu plus blues, on a le Pontissalien
Rod Barthet ; un peu plus new wave les Dijonnais de
Résistance, actifs à la fin des années 80. Moins classables, les Mâconnais de
JMPZ qui associaient basses, batterie, didgeridoo, dub et rock.
Sons d'aujourd'hui
En 2008, la compilation
l’Index avait mis en avant une scène hip-hop locale vivace, notamment à Besançon et Belfort, avec
La Cédille en tête de file. Depuis, des noms comme
Primate,
Pihpoh, Grand Singe et, associant hip-hop et electro, le duo franco-américain
Sorg & Napoleon Maddox, ont fait parler d’eux.
Même remarque pour l’electro avec des collectifs qui ont dynamisé la scène (
Citron vert et
Thé chaud à Besançon, soirées
Noizegate à Montbéliard…) et certains noms qui ont eu, à un moment, une portée nationale, voire plus :
Carbon Airways, Cotton Claw,
Guillaume Alric, originaire de Clamecy et moitié du duo
The Blaze auteur du mémorable
Territory ; aujourd’hui
Pascal Letoublon ou
Poltergeist, chapeauté par Vitalic.
A la croisée des genres et des pays, on trouve
Félix Petit, exilé au Québec où il collabore avec Hubert Lenoir et Les Louanges en gardant un pied dans la scène d’ici avec des participations à
Oblique ou Grand Singe. Là-bas, il a à son actif plusieurs "Félix", les équivalents des Victoires de la musique. Ouverture internationale également pour
Coralie Vuillemin, devenue la nouvelle chanteuse de Cock Robin ou
Célia Serrao, adoptée par le Suisse Kadebostany.
La scène est d'ailleurs ouverte aux sons d’ailleurs, avec au fil du temps de bons apports reggae (
Mystical Faya, Mystically…) ou africains (
Henri Dikongué, Manuel Wandji, Joyce Tape).
Moralité : la musique burgo-comtoise n’existe pas, mais elle a du talent. Impossible de citer tout le monde : il y en a beaucoup plus à écouter sur notre
playlist.
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