L'aventure a commencé en 1998. « Un jour un copain m'a dit : il y a dans un bar deux, trois fous qui font ça. Je les ai rencontrés, on a créé une équipe » raconte Bernard Engel, cofondateur des Livreurs. A une époque où cette pratique était peu populaire, lui, Dominique Vannier et Jean-Paul Carminati persévèrent. D'abord dans les bars, puis avec l'aide de la presse et de partenaires financiers, les Livreurs prennent de l'ampleur. En 2010, ils remportent le prix de la Fondation RATP pour la création du prix de lecture à haute voix à destination des collèges.
Mêlée à d'autres disciplines comme la danse ou le chant, la lecture à voix haute a pour objectif de « rassurer les gens. » Rendre abordables des œuvres qui peuvent faire peur. Classique, antique, contemporain, avec une banque d'environ 8000 textes, il y en a pour tous les goûts. « Le choix des livres dépend du contrat : la date, le thème, le public, etc. L'intérêt est d'adapter les textes à la demande. »
Les Livreurs nous emmènent dans cette relation étroite et fusionnelle entre le livre et le lecteur. Il y a un désir, presque un besoin, de redonner aux écrits leur dimension de partage. « J'ai une passion pour la prise en charge de la lecture, explique Bernard Engel. Quand j'étais petit ma mère me lisait des histoires. Je pense que j'ai reproduit inconsciemment cette forme et cette intensité qui me plaisaient. »
L'équipe se produit également à travers le format solo théâtre, un mélange entre stand up et théâtre classique. À Montceaux-le-Comte, dans la Nièvre, le festival les Heures festives, créé par Bernard Engel, est dédié à cette forme de théâtre unique. Un seul comédien jouant tous les personnages d'une pièce. Une prouesse auditive et visuelle quand l'illusion opère et que les personnages prennent vie dans l'imaginaire. « Les interprètes sont d'abord de très bons lecteurs et de très bons comédiens professionnels. Ils travaillent pendant environ un an pour représenter et s'approprier la pièce. » Chaque été, c'est dans un ancien presbytère, transformé en théâtre, que les Heures Festives incarnent Molière, Victor Hugo, Maupassant et tant d'autres, tous les soirs, durant 2 semaines. À l'occasion de l'édition 2024, deux formations seront proposées. Les 20 et 21 juillet prochains, le stage portera sur la lecture à voix haute pour (re)découvrir romans, nouvelles et poèmes « en donnant voix à toutes les nuances de sens et de rythme du texte ». Le week-end suivant c'est le solo théâtre qui sera mis à l'honneur lors d'un stage initiant à l’interprétation multiple.
Originaire de Bourgogne, Bernard Engel projette des rendez-vous plus réguliers dans sa région natale. « J'aimerais organiser un événement par mois en Bourgogne et 2 fois par an sous forme de récitals piano/lecture. On cherche à pouvoir rayonner plus largement, dans les maisons de retraite, en centre d'insertion, etc. »
Lauriane Noel
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