Demander à des personnes de jouer leur propre rôle, de rejouer des moments de leur propre vie, c'est un peu la marque de fabrique du réalisateur Samuel Collardey. Pour son 3e long métrage, "Tempête", il met en scène Dominique, marin pêcheur des Sables d'Olonne confronté à un choix difficile : son métier ou sa famille. «Nous réfléchissions avec Catherine Paille à un sujet pour un nouveau film quand elle m'a parlé de l'histoire de son ami Dominique. Cette histoire nous a touchés, je l'ai alors rencontré et lui ai demandé de jouer son propre rôle» explique Samuel Collardey. Et bien que le marin n'ait jamais été face à une caméra, il a décroché le prix d'interprétation de l'un des plus prestigieux festival, la Mostra de Venise.
Galères
et moments de grâce
Si le tournage s'est passé «idéalement» comme le confie Samuel, faire jouer des acteurs non professionnels requiert un investissement important et sur-mesure de la part du réalisateur. «Quelqu'un qui n'est pas professionnel n'a pas appris de technique, il faut donc sans cesse trouver la recette qui marche, la bonne solution, le moyen de diriger l'acteur pour que cela fonctionne.» C'est en établissant une relation de confiance et en travaillant avec une équipe restreinte pour préserver l'intimité, que le réalisateur obtient un résultat touchant, comme c'était déjà le cas pour son premier film "l'Apprenti" sorti en 2008. «Il y a parfois des moments difficiles sur les tournages, mais c'est souvent après la galère qu'on atteint des moments de grâce, des scènes qui ont une grande intensité.» Preuve que la technique ne fait pas tout.
Se jeter à l'eau
Faut-il en déduire qu'on peut se lancer dans le cinéma sans formation ? Pas tout à fait. «Il existe deux bonnes écoles publiques à Paris, la Fémis et l'école Louis-Lumière, et une à Bruxelles. Il existe aussi des écoles privées mais elle sont très chères et de moins bon niveau. Sur les tournages, il m'arrive encore souvent de rencontrer des personnes qui se sont formées sur le tas, mais le fait d'aller l'école est un accélérateur de particules, c'est certain. De manière générale, je conseille à ceux qui veulent se lancer dans le cinéma de le faire sans hésiter. Il faut suivre sa passion».
Katia Mairey
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