Une salle dédiée au rock à Besançon ? La dernière date d'un temps que les moins de 15 ans ne peuvent pas connaître. C'était le Montjoye, un peu mythique, un peu insalubre, un peu laid et vraiment (trop ?) rock'n'roll. Un endroit où ont pu défiler quelques groupes en phase avec le concept : Noir Désir, House of Love, Pogues, Motörhead, the Saints et quelques légendes comme Suicide ou Certain General. Depuis, les étudiants et autres amateurs de binaire devaient sortir de la ville pour trouver affiches de ce calibre, même si quelques bars comme les Passagers du Zinc ont su entretenir la flamme.
Mais le vrai successeur du Montjoye s'appelle la Rodia. Un nom référant au patrimoine bisontin et au site de l'ancienne usine des Prés-de-Vaux sur lequel est érigée cette salle flambant neuve. Une salle digne de ce nom pour une ville étudiante et une capitale régionale qui a un jour accueilli Bob Dylan dans un palais des sports… Une double salle même puisque la Rodia compte deux scènes pouvant accueillir 320 et 900 spectateurs.
Entre le Montjoye et la Rodia, beaucoup d'eau a donc coulé sous les ponts du Doubs : on ne fume plus dans les salles, on boit dans des gobelets écologiques, le rock se dénomme désormais musiques actuelles et ses lieux de défoulement des Smac (1). «A une époque, le mot rock servait de nom général, mais il est lui-même devenu restrictif par rapport au phénomène de globalisation de la musique, pense Manou Comby, directeur de la Rodia. Aujourd'hui, la nouvelle création musicale se passe sur tout le globe. Nous sommes en plein dedans car nous accueillerons toutes les musiques actuelles, avec des choses que l'on avait du mal à faire rentrer dans le rock pour des considérations esthétiques : ce qu'on appelle world music mais aussi hip-hop, electro, chanson française, voire jazz. Des genres qui ont longtemps manqué à Besançon et que l'on a vu arriver ces dernières années par l'intermédiaire de gens bien impliqués : Attila dans les musiques urbaines, le Citron vert dans l'electro».
Manou Comby sait de quoi il parle. Durant la parenthèse entre Montjoye et Rodia, lui et son équipe ont maintenu l'animation locale, même si c'était à Larnod, au Cylindre. C'est aujourd'hui à eux qu'il revient de ramener les musiques actuelles à Besançon intra muros.
«Pour nous, c'est la suite logique de ce que l'on faisait, avec des infrastructures qui permettront d'élargir l'offre musicale de la ville, où il y a un vrai potentiel. Quand on voit que le Bastion accueille 215 groupes… On se doit de répondre au besoin de développement du secteur. Notre rôle est aussi de défendre la création artistique locale». A ce titre, la premier trimestre de programmation pose les bases : une dizaine de groupes locaux programmés, une soirée en coproduction avec le Bastion, une autre avec le Citron vert.
Là encore, le travail de réseau entamé avec le Cylindre va être amplifié : très fonctionnelle, la Rodia est plus qu'une salle. Elle abrite aussi un centre-ressource et deux studios de création. «Nous avons un savoir-faire, une relation avec le milieu professionnel et les acteurs culturels locaux explique Manou Comby. Cela nous permet de savoir orienter les groupes vers les structures adéquates à leurs besoins, que ce soit Découvert autorisé, le Bastion, Culture action ou les bars qui programment des concerts. Nous avons deux studios avec l'équipement de base pour travailler un répertoire, une préparation d'album ou de tournée ou faire de la recherche musicale.»
Stéphane Paris
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