Les gendarmes sont arrivés en milieu d’après-midi. Un peu tôt au goût des organisateurs, mais ces derniers savent qu’il est impossible de garder un lieu secret quand on attend 2000 personnes et que l’on utilise les réseaux sociaux. Dans la région, les relations entre teufeurs et autorités se passent en général mieux qu’ailleurs. Les gendarmes étaient d’ailleurs plutôt rassurés après avoir fait le tour des installations, observé que les organisateurs avaient sollicité la présence de deux infirmières et le collectif Ensemble limitons les risques, prévu une tente pour les premiers secours, loué des extincteurs.
«Nous avons vérifié le site, la configuration, les chemins d’accès pour les secours éventuels». Une attitude de discussion et de responsabilisation souhaitée par les autorités dans le Doubs (
voir ici). Prévoyant une surveillance toute la nuit, ils ont annoncé aux organisateurs compréhensifs qu’ils contrôleraient tout le monde le lendemain. Réponse de l’un des Z’1fâmes, le collectif qui organise la rave :
«vous savez, nous sommes comme vous. Nous n’avons pas envie de retrouver une voiture dans le ravin».
Un sens des responsabilités confirmé par l’organisation assurée par les 14 membres actifs, chacun ayant une tâche précise.
«Avec les bénévoles et les prestataires, on est environ 75 pour encadrer l’événement. On prépare ça depuis 6 mois» rassure K-Nouch, qui fait office de président d’honneur de l’assoce.
Ca, s’est "Back to the woods", l’une des 2 raves les plus attendues de la région avec "Strass & paillettes". La 3e édition s’est tenue les 28 et 29 mai derniers, à une quinzaine de km de Besançon, dans des conditions climatiques épouvantables. Dans la région, l’obstacle majeur aux raves, c’est sans doute la météo. Les teufeurs du 28 mai ont dû essuyer deux orages et des quantités d’eau impressionnantes.
«On a hésité jusque 2 jours avant mais une fois qu’on a décidé de maintenir, plus question de s'arrêter» explique K-Nouch. L’an dernier, ils avaient dû annuler. Cette année, "Back to the woods" a donc bien eu lieu, regroupant 1600 teufeurs.
«S’il avait fait beau, on aurait pu être 1000 de plus». Mais tout ce qui était prévu s’est tenu, des DJs se succédant sur 2 scènes de 20 h 30 à 16 h 30 le lendemain, dans un champ prêté par un agriculteur.
«Entre notre arrivée et notre départ après avoir tout nettoyé pour restituer le lieu propre, il se sera passé une semaine». Cet épisode épique a-t-il atténué leur enthousiasme ?
«Au contraire, on parlait déjà de ce qu’il fallait modifier. Nous n’avons eu que des retours positifs, ça nous motive». Avec une "paf" fixée à 5 euros, ils ont pu rentrer dans leurs frais.
«Pour nous, une free party représente quelque chose de plus basique, un mur de son et de la musique. Nous préférons le terme rave, qui implique d’autres éléments : lumières, mapping, spectacles et une sono réglée par des pros» explique Kuluk, l’un des membres actifs. Les Z’1fâmes se définissent comme
«un groupe d’amis qui aiment cette culture». Ils sont actifs depuis une douzaine d’années et ont acquis une réputation qui explique le succès de "Back to the woods" auquel participent des membres d’autres collectifs comme le Citron vert ou Nushy soup.
«Nous n’avons jamais organisé un soirée plus petite que la précédente. A chaque fois, on apprend et on améliore». Cette année, ils ont même eu droit à la présence de Dubmatix, Canadien réputé dont c’était la première rave.
«Mais nous n’avons jamais payé quelqu’un pour venir. L’argent n’est pas prioritaire dans la techno. C’est plutôt un idéal de partage» rappelle Greg-David. Durant la soirée, les organisateurs sont eux aussi passés derrière les platines.
«Pour nous, c’est une façon de partager et de se faire plaisir. Notre objectif est seulement festif, en proposant quelque chose de propre. On n’engraisse personne, on ne fait rien de politique, on demande juste le droit à la fête libre accessible à peu de frais».
Stéphane Paris
Commentaires
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.