Dans la douceur d'un soir de campagne printanier, un groupe d'adolescents se rend à pied vers le centre du village de Byans-sur-Doubs. Destination le foyer cinéma où les attend la projection de "Blood diamond”, film d'Edward Zwick avec Leonardo Di Caprio sorti il y a quelques semaines. ll ne s'agit pas d'une scene de jadis, loin de là. Depuis 1989, Ecran mobile, service cinéma de l‘union régionale de la fédération des oeuvres laïques (qui fait partie de la ligue de l'enseignement) a mis en place un réseau de cinéma itinérant en milieu rural dans toute la région. Un autre
réseau, Cinévasion, fait de même en Haute-Saône depuis 1985, si bien qu'il existe en Franche-Comté une réelle possibilité de cinéma de proximité pour les personnes éloignées des grands centres.
30 000 spectateurs
I’an dernier
Ce soir-là, à Byans, une cinquantaine de spectateurs se retrouve dans une salle qui garde tout le charme du cinéma à l'ancienne. Pas de sons enveloppants, de numérique ou autres technologies dernier cri aux superlatifs ronflants.
En compensation, convivialité, proximité, échanges. Le tarif est très abordable : 4,60 euros et 3,80 en réduit. La projection par bobines génère une entracte durant laquelle le public peut boire un verre.
"La vente de boissons nous permet de payer le chauffage" précise Gérard Girardet, l'un des bénévoles de l'association Espérance, qui entretient le foyer cinéma."C'est un bâtiment prêté par l'archevêché. Il a été construit pendant la guerre avec un curé qui s'en est occupé jusqu'en 78. Les sièges sont d'origine mais on en a trouvé d'autres plus confortables que I’on installera cet été."
L'association a relancé le cinéma en 1992. "On organise des séances un vendredi sur deux mais comme dans de nombreux autres domaines, il n'y a plus beaucoup de volontaires pour assurer I 'entretien, Ie ménage, les entrées”.
Ils sont quand même une trentaine à permettre de poursuivre ces soirées "qui donnent aussi l'occasion aux gens de se retrouver”.
Les projections sont assurées par Ecran mobile, à raison d'une soixantaine par mois (en matinées et soirées). L'an dernier près de 30 000 spectateurs ont pu profiter des séances itinérantes dans 30 communes de la région auxquelles il faut ajouter les maisons d'arrêt de Montbéliard et Belfort, le CHS de Novillars et l'hôpital de Besancon où Ecran mobile intervient également.
Un aspect social
"La salle des Byans es! l’une des plus sympas note Cédrie Humbert, I'un des 3 projectionnistes d'Ecran mobile. Dans 70 % des cas les projections se font dans des salles des fêtes où il faut s’adapter à la configuration". A l'instar d'Espérance à Byans, dans chaque commune, un association relaie le travail d'Ecran mobile. Elles font leurs souhaits de films puis les organisateurs choisissent les 3 ou 4 plus demandés pour les faire tourner pendant un mois. En essayant devproposer à chaque fois du cinéma jeune public, des films à succès et de l'art et essai. Les oeuvre projetées sont relativement récentes puisque le réseau est autorisà à les difiiiser 6 semaines après leur sortie nationale.
"Dernièrement, on a cartonné avec "la Môme” mais on essaie de varier les catégories en proposant en plus des films engagés que Ia ligue de I'enseignement a envie de défendre, comme "Une vérité qui dérange", Ie documentaire sur le réchaufement de la planéte" ajoute Cédric Humbert. Transportant les bobines, installant le matériel, remballant l‘ensemble, il est aussi plus qu'un projectionniste, assumant parfois les entrées, rencontrant le public. ”Il y a un côté social au cinéma. Des gens viennent pour voir un film mais aussi pour passer une soirée ensemble, avec les gens du village, avec Ieurs amis".
Ce soir, Thomas, un spectateur régulier est venu avec Benjamin et François. "Avec ma femme, on vient souvent mais comme on a un enfant en bas âge,on alterne. La proximité est pratique. On n'a pas toujours le temps ou I’envie d'aller jusqu'à Besançon". Moins habitués, ses deux amis acquiescent quand il dit que l'ambiance est plutôt sympa. "C 'est typique à voir, rigolo”.
S.P.
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