Vous arrivez à la fin de cette tournée. Comment se passe-t-elle ?
Très bien. C’était très exotique. On a commencé en Inde, on a fait la Suisse, la Hongrie, Israël, la Turquie, les Baléares, tout cela entrecoupé de dates en France. Une cinquantaine de concerts, c’est une belle tournée.
Hilight Tribe est un groupe qui voyage beaucoup, qui aime utiliser des instruments du monde entier. Ces voyages vous nourrissent musicalement ?
Oui, les voyages nous permettent de découvrir de nouvelles cultures. Nous n’utilisons pas seulement les instruments mais aussi des chants, des mantras, des prières qui peuvent aller avec notre instrumentation. Mais oui, nous utilisons des sitars et tablas indiens, des djembés et koras africains, le didgeridoo australien. On a toujours été attirés par la culture de certains pays, même sans y être allé. On profite du peu de temps qu’on passe avec les peuples du monde ou du premier monde. Des peuples encore connectés avec la nature, «excentriques». Ou plutôt excentrés, car je considère que ce sont eux qui sont normaux et le reste du monde pas normal. Je préfère leur façon de vivre plus en harmonie avec la nature, même si je ne crois pas au « bon sauvage ». Ou qu’il soit, l’homme reste limité par l’effet «bonobo» : quand on observe les singes bonobos, il y a du combat, de la domination. Cela se retrouve dans l’humanité : que l’on prenne une armée ou une bande de loubards, on retrouve les mêmes schémas… Pour revenir à la musique, nous utilisons les sonorités ancestrales pour les adapter à notre projet. De manière générale, on essaie de trouver un schéma et à partir de là, on pète les plombs !
Depuis vos débuts, votre genre de prédilection est la goa. Comment le définiriez-vous pour ceux qui ne connaissent pas ?
C’est plus que de la goa. De la psychédélique trance et aujourd’hui de la natural trance. Notre dynamique part toujours de la batterie et de la basse, sur laquelle se superposent les autres instruments. Cela peut-être une guitare, des percussions, du didgeridoo, des chants… Il y a également énormément d’effets sur la plupart de nos instruments afin d’équilibrer les aspects acoustiques et l’electro, qui nous donne des sonorités contemporaines.
Vous êtes également estampillés groupe de scène…
C’est vrai que l’on a cette étiquette alors que je passe la plupart de mes journées en studio ! Mais on a envie de contrebalancer cette idée. En ce moment, nous finissons notre prochain album et pour nous c’est aussi important de s’exprimer sur disque que sur scène. Alors si on est perçu comme un groupe plutôt live, on aimerait équilibrer. Même si de nos jours, c’est le live qui rapporte.
Qu’en est-il de ce prochain album ?
On a repoussé la sortie à la mi-mars 2016 car on a un arrangeur magique qui est très méticuleux et qui veut donner un produit parfait. Alors le monde entier attend ! Il s’appelle «Temple of light». C’est un voyage initiatique autour de la planète, aux quatre coins des cultures qui nous ont influencés. On part de l’Australie puis on va en Inde, en Andalousie avec du flamenco, en Amérique du Sud (sous l’influence de Greg, notre guitariste, revenu d’un voyage là-bas influencé par le monde des Incas) pour finir aux portes d’un temple mystérieux au cœur de la forêt amazonienne. Là, tous les éléments se connectent pour ne faire qu’un. Bon, vous devez vous demander dans quelle secte nous sommes (rires) ! Nous jouons déjà certains morceaux sur scène, comme ce sera le cas à Champagnole.
Vous avez commencé en 1998, au moment où commençaient à se développer internet et le numérique. Quel est votre point de vue sur cette évolution ?
C’est une révolution indéniable de l’industrie du disque. Les majors ont été chamboulées, les directeurs de maisons disques ont été chamboulés. Maintenant, il y a Facebook, Youtube, les réseaux sociaux et de nouvelles applications tous les jours. Le pouvoir de décision est revenu aux auditeurs et c’est à nous artistes, à nous Hilight Tribe, de prendre cette vague car on a beaucoup de monde sur nos réseaux sociaux. De notre point de vue, nous n’avons jamais été autant privilégiés. Avant on s’intéressait moins à nous. Aujourd’hui, le public décide et cela déborde la philosophie des majors. L’underground n’est pas synonyme de non commercial. Mas ce n’est pas nouveau : les Sex Pistols ont vendu des millions de disques. Aujourd’hui, c’est une nouvelle donne mais je crois qu’il suffit de se donner les moyens de s’y adapter. Quant aux «downloads» gratuits, c’est pour nous une forme de promotion. Ceux qui téléchargent s’approprient notre musique, la font écouter, l’envoient à leurs amis. Elle ne nous appartient plus. Mais ils nous font connaître.
Recueilli par Stéphane Paris
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