Le 6b à St-Denis, au nord de Paris, est un ancien bâtiment industriel de 7000 m2. Alstom est parti, le bâtiment est resté. Les couloirs gardent les stigmates d’un passé révolu : gravats, trous dans les plafonds, murs défraîchis contrastent avec les activités développées à tous les étages. De friche industrielle, le 6b est devenu espace associatif ; lieu de travail, de culture et d’échanges autogéré, « où chacun développe son projet individuel dans une dynamique collective ». Modèle innovant dans un site de naguère où près de 170 résidents, associations, artisans ou artistes, occupent des ateliers privatifs avec accès à des espaces mutualisés de création, de diffusion et de convivialité. Parmi eux, au rez-de-chaussée, le Cibo. Un restaurant où chaque matin s’activent en cuisine et au service Alan, Léo, Clément, Luca. Quatre copains dont 3 Bisontins. Et dont seul Alan, Val d’Oisien, est cuisinier. Mais les autres apprennent vite à ses côtés.
Italie
« Cibo, c’est nourriture en italien traduit Alan. L'Italie, c’est aussi quelque chose qui nous lie ». Lui, il y a travaillé. Léo et Luca l’ont parcourue en stop, la copine de Clément est Sarde, le père de Luca tient une pizzeria...
Luca est arrivé le premier en tant que commis du chef précédent qui a jeté l’éponge du jour au lendemain. « C’était début 2019. Les résidents m’ont demandé de prendre la suite. Seul, ce n’était pas évident. J’ai appelé Alan avec qui j’avais déjà travaillé en cuisine. On s’est dit, on tente pendant une semaine et ça s’est super bien passé. On a continué et Léo et Clément nous ont rejoints ».
Agés de 26 à 28 ans, ils ont déjà eu le temps d’avoir une autre vie professionnelle. « Rien à voir avec la cuisine : un éducateur spécialisé, un urbaniste, un ingénieur d’affaires » rigole Luca. Clément se souvient qu’ils avaient vaguement évoqué l’idée. « C’était une blague et finalement ce n’est plus une blague ! Je n’ai pas vu passer ces premiers mois. Je suis content d’aller travailler avec mes potes, le lieu est génial, c’est convivial, des liens se créent entre résidents. Comme c’est notre projet, c’est prenant, on est toujours en train de réfléchir à ce qu’on peut améliorer ».
Léo dresse la table sourire aux lèvres. « Je gagne moins que quand j’étais ingénieur mais c’est plus sympa ! On se sent bien dans ce lieu, ça nous ressemble ». Dans le contrat qui les lie au 6b, ils doivent organiser une soirée musicale chaque jeudi. « On fait venir des groupes, on organise des jams, des karaokés. Sinon, on n’est ouvert que le midi. On a toujours une cinquantaine de couverts. Et l’été c’est encore plus sympa, il y a la terrasse avec des animations ». Peut-on être amis et mener un tel projet en commun ? « On est très proches, on s'entend bien, on est assez complémentaires. Comme c'est notre projet, s'il y a un raté, ce n'est pas la fin du monde » répond Luca.
Alan et Luca se chargent des menus, avec le défi d’en créer un différent chaque jour de l’année. « On voulait travailler avec de bons produits, mais c’est un budget alors on a décidé de rester végétarien. Mais c’est aussi un choix qui plaît ici ». Une cliente le confirme : « on est heureux qu’ils aient repris l’activité car ça change la vie d’avoir un lieu où l’on peut se retrouver. D’autant plus que la cuisine est très bonne ! ».
Un détail : la table est ouverte à tous, pas seulement au adhérents. Si vous êtes de passage à Paris, c’est 15 euros le menu.
S.P.
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