avril 2025

Diplômée en cybersécurité, elle est devenue éleveuse de chèvres

Amony Phily, 30 ans, a grandi en région parisienne. Après son master, elle a fait un virage à 180 degrés pour ouvrir une ferme dans la Nièvre. 
Photo Emma Wagner, Ines Mermat et Eric Hadji

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Regarder ses chèvres brouter, accompagnée de son chien. Amony Phily peut y passer des heures, sourire aux lèvres. Et pourtant, il y a quelques années, la jeune femme passait ses journées dans un tout autre environnement : derrière un ordinateur. Car si elle vit et travaille aujourd’hui en pleine campagne, c’est ailleurs qu’elle a passé la majorité de sa vie. 
Amony grandit dans les Yvelines, en région parisienne. Côté études, ce sera une licence informatique pour cette bonne élève. Puis, un master en cybersécurité à la Sorbonne. Les deux dernières années de son cursus, elle les passe en alternance, au sein de Thales, un groupe du CAC 40 spécialisé dans l'aérospatial, la défense et la sécurité. 
En alternance, Amony œuvre dans un laboratoire de recherche à Palaiseau (Essonne), à une quinzaine de kilomètres de Paris. « Je n’arrivais pas à être à l’heure le matin, faire du 9 h-17 h chaque jour me gonflait, je ne me sentais pas à ma place », se souvient-elle. Avant même de finir son master, elle le sait : sa vie sera ailleurs. Dans la nature plutôt que derrière un bureau. Et en étant son propre patron plutôt que salariée. 

Un projet qui met quatre ans à aboutir

Son diplôme en poche, elle rend aussitôt les clés de son appartement. Direction la campagne, à Donzy, un village dans la Nièvre. C’est là que ses parents ont déménagé. Là que ses grands-parents avaient une maison, où elle se rendait souvent pendant les vacances, plus jeune. Son projet ? Élever des chèvres. Mais pas facile de se lancer quand on n’est pas du sérail. 
Elle commence par suivre deux formations de dix jours en Ardèche. Puis, elle fait des immersions dans des chèvreries grâce à Pôle emploi, et travaille finalement trois mois dans l’une d’entre elles. En parallèle, elle se met en quête de parcelles où construire sa ferme. Elle parvient à acheter 14 hectares à Alligny-Cosne, près de Donzy. Et bonne nouvelle : leur localisation lui permet de bénéficier de la prestigieuse appellation d’origine contrôlée « crottin de Chavignol ». 
Après avoir déboursé 600 000 euros (grâce à des subventions et un prêt bancaire), elle a pu faire sortir de terre trois bâtiments, notamment pour abriter ses chèvres et stocker de quoi les nourrir. Paperasserie et démarches obligent, le projet prend du temps. « Heureusement, j’ai été épaulée tout du long par un conseiller de la chambre d’agriculture, et j’ai pu travailler pendant un temps dans une chèvrerie, où les patrons m’ont aussi soutenue », explique-t-elle. C’est au printemps 2024, quatre ans et demi après avoir terminé son alternance, qu’Amony commercialise ses premiers fromages de chèvre.  

Un rythme soutenu

Aujourd’hui, elle est à la tête d’un élevage de 100 bêtes - chèvres, chevrettes et boucs. Nourrir les animaux, les traire, faire du fromage… voilà de quoi l’occuper du lundi au dimanche, avec des journées qui s’étalent de 8 h à 20 h. « Je suis heureuse au contact de mes chèvres, à passer plus de temps dehors qu’à l’intérieur, à faire un produit que j’espère d’exception, confie-t-elle. Et je me sens libre. » Sa vie parisienne ? Elle n’en regrette rien. 
Mais le rythme est éreintant. « Je ne pourrai pas tenir comme ça très longtemps, admet-elle. Il m’arrive de pleurer devant des clients parce que je suis épuisée, que certains jours les nerfs lâchent… » Alors, elle espère avoir bientôt les moyens d’embaucher quelqu’un à temps plein pour lui prêter main forte. 
En attendant, elle peut compter sur le précieux soutien de sa mère, de sa soeur et son beau-frère. Tous trois l’aident à commercialiser ses produits, sur les marchés ou à la boutique. Et quand Amony rentre chez ses parents - où elle vit, après une journée de travail, elle sait que de bons petits plats l’attendent. Que quelqu’un pourra s’occuper de son linge. « Sans le soutien de ma famille, ça ne marcherait pas », dit-elle, reconnaissante. 
La Bourguignonne d’adoption devrait toutefois bientôt quitter le cocon familial pour s’installer dans une tiny house, qu’elle a construite. Celle-ci est installée sur ses parcelles. L’occasion, pour elle, d’être au plus près de ses chèvres. Et sûrement, de passer encore un peu plus de temps à les observer avec des étoiles dans les yeux.
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