« Mon prénom vient du nom de la capitale du Groenland ». Nuuku a toujours vécu dans cette ville de près de 20 000 habitants. Mais c’est une tradition dans sa famille d’aller étudier un an à l’étranger. Dans son pays, Nuuku a terminé le lycée. Pour cet échange, il a choisi la France, où il était déjà venu deux fois. « J’avais envie d’en découvrir davantage ! » justifie-t-il.
Hébergé à Sennecey-le-Grand, Nuuku a trouvé là-bas « une nouvelle famille », chez Jean-Marc et Caroline, et leurs trois enfants, qui l’accueillent. Le club de foot du village l’a aussi adopté, tout comme ses camarades du lycée. À Ponthus de Thiard, il a intégré une classe de terminale, avec les spécialités sciences économiques et sociales et anglais monde contemporain. « Au début de l’année, c’était très difficile de suivre les cours en français » confie le jeune homme. Déjà bilingue en danois et groenlandais, et très à l’aise en anglais, il n’avait en revanche jamais appris notre langue à l’école. « Des amis m’ont traduit les leçons durant les deux premiers mois », rapporte-t-il, reconnaissant. Et son français progresse peu à peu… !
« Je suis impressionné par la diversité des paysages »
En plus d’arpenter les routes de Saône-et-Loire à vélo, Nuuku profite de ce séjour en France pour découvrir le pays : Dijon, mais aussi Lyon, Blois, Toulouse… « Je suis impressionné par la diversité des paysages : entre Besançon et Perpignan, j’avais l’impression d’être dans deux pays différents », observe-t-il. Il a également passé quelques jours à Paris, où il va retourner avant de partir : « J’en rêvais, c’était vraiment superbe ! » Le Groenlandais se met aussi à la culture française, et notamment au fromage : « J’adore le comté », sourit-il.
Habitué à vivre près de la mer, il se languit un peu de ses balades en bateau et de la nature qui l’entoure chez lui. Un peu moins des températures glaciales, hiver – de -10°C à-20°C – comme été – +10°C au maximum… « Cet hiver, j’ai quand même eu un peu froid, car je n’étais pas habillé aussi chaudement que chez moi », confie Nuuku. Là-bas, le changement climatique est cependant encore plus marqué que chez nous : « Je suis trop jeune pour m’en rendre compte, mais mes parents et mes grands-parents me racontent par exemple que la banquise a fondu. Avant, une rivière près de chez moi gelait régulièrement et permettait de relier deux villages en hiver. C’est très rarement le cas maintenant. » Bien sûr, Nuuku est inquiet : « C’est effrayant, surtout qu’on ne sait pas exactement ce qu’il va se passer. » Le fait d’être en France lui a fait réaliser « à quel point c’est unique d’être Groenlandais », remarque le jeune homme. Un sentiment renforcé par les récents propos de Donald Trump, qui souhaiterait annexer le Groenland, territoire qui appartient aujourd’hui au Danemark ? « Être danois, c’est une partie de mon identité, je ne veux pas être américain » répond Nuuku. Il espère que les velléités du Président des États-Unis ne se concrétiseront pas. « Mais je ne suis pas si inquiet, ça semble complètement fou », se rassure-t-il.
En juillet, Nuuku rentrera chez lui. Il envisage d’étudier trois ans à l’université, la physique et l’économie. Mais dès l’année prochaine, il prévoit de rendre visite à sa famille d’accueil avec sa propre famille. « Et j’aimerais aussi revenir me former à l’horlogerie » annonce le jeune homme, qui s’est passionné pour ce secteur. Prochaine étape : Besançon ou la Suisse.
Camille Jourdan
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