Son nom convoque quelques souvenirs heureux aux amateurs de football, quand le FC Sochaux Montbéliard rivalisait avec les meilleurs clubs français. Jade Maraval est la fille de Bernard, ancien joueur pro aux 189 matchs en jaune et bleue. Elle a choisi l’athlétisme. « Je n’ai pas vu jouer mon papa car il a arrêté sa carrière l’année ou je suis née. Mais j’ai vu des vidéos ! »
En optant pour l’athlétisme plutôt que pour le foot, un sport individuel plutôt qu’un sport d’équipe, Jade a évité les comparaisons qui n’auraient pas manqué de fleurir autour de ses performances. « Gamine, j’aimais tous les sports. Je me suis tout de suite vue travailler dans le domaine sportif. Mon papa m’a toujours accompagnée et soutenue sans mettre la pression, mais en m’expliquant que la vie d’athlète de haut niveau est difficile. »
Pour sa première sélection en Equipe de France, lors de la coupe d’Europe de lancers hivernaux, à Nicosie (Chypre), Jade Maraval a signé le 15 mars la deuxième meilleure performance de sa carrière. La preuve qu’elle a sans doute franchi un cap, quelques semaines après sa victoire lors du concours d’Offenbourg (Allemagne), et surtout après son jet record à 58,97 m, record personnel et septième performance française de tous les temps, lors des « France » à Salon-de-Provence.
Objectif LA
Son entraîneur de toujours Sylvain Brachotte « ne voit pas de limite » à sa protégée, conscient que son explosivité exceptionnelle peut la mener très loin. « Il me suit depuis que je suis en ‘éveil athlé’, précise Jade, ça fait plus de 16 ans ! Il accompagne aussi d’autres athlètes sur les lancers, l’heptathlon ou les haies. Ça fonctionne, alors je ne vois pas pourquoi on changerait. On a créé un noyau autour de moi, il y a un vrai équilibre. Et j’évolue chaque année donc ça veut dire que ça marche. »
Jeune, Jade aimait tout, ne s’ennuyait jamais sur le stade : haies, sprint, longueur, hauteur, poids… Le coach, conscient que l’athlé est un sport ingrat, d’où l’intérêt de varier les plaisirs à l’entraînement, s’est rapidement rendu compte que c’est au javelot qu’elle disposait des plus grosses capacités. Il avait vu juste. Déjà internationale à 22 ans, la Montbéliardaise dispose techniquement d’une grosse marge de progression qui pourrait la porter jusqu’à Los Angeles 2028. « Franchement, je compte bien être encore là dans 10 ans ! Regardez Mélina Robert Michon (1), qui performe encore à plus de 40 ans. Quand je la vois, elle m’explique comment elle gère ses entraînements, comment elle apprivoise le stress et insiste sur la notion de plaisir. »
« Ça viendra quand ça viendra »
Après les interclubs en mai puis, si elle gagne sa sélection, et les « Europe » par équipes en juin, Jade enchainera avec les championnats de France élite à Talence en août (objectif titre !) puis avec les meetings de Fontainebleau et de Strasbourg. L’idée est de passer le cap des 58-60 m et d’être régulière à ce niveau. « Je fais du lancer, une discipline à maturité tardive. J’ai besoin de comprendre le mouvement, de valider chaque étape pour aller crescendo. Le travail paiera » explique-t-elle, persuadée que les peines qu’on se donne reçoivent un jour leur juste récompense. « On fait avec nos moyens ici, à Montbéliard, mais j’ai à cœur de montrer qu’on peut réussir sans travailler dans un Creps ou à l’Insep. Je suis assistante marketing à mi-temps et cela me permet de m’entraîner chaque après-midi. J’ai un gymnase à disposition deux fois par semaine, c’est bien. » Jade, visiblement bien dans ses baskets, dispose ainsi de temps pour profiter de ses proches et pour s’adonner à son autre passion, l’équitation.
Christophe Bidal
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