Le compostage ? Un acte citoyen et responsable. Selon Jean Touyard et Ludovic Sixdenier, utiliser cette méthode de tri, de recyclage et de valorisation des déchets permet de diminuer d’au moins 30 % le contenu de nos poubelles. A l’échelle d’un particulier c’est beaucoup. Collectivement, c’est énorme. “Passer aux poubelles payantes au poids sera peut-être incitatif” espère Jean. “C’est un geste que tout le monde peut faire facilement complète Ludovic. Même en vivant en appartement, même si l’on n’a pas de plante chez soi. On peut même fabriquer son bac à compost soi-même pour un coût minime.Et une fois le compost constitué, il suffit de le jeter quelque part dans la nature. Cela ne peut faire que du bien, ça ramène de la vie dans les sols. Le compost n’est pas autre chose que ce qui se passe en permanence dans la nature, mais de manière accélérée.”
Tous deux sont intarissables sur le sujet. Pour finir de convaincre, ils évoquent la pollution : “un compost bien fait stérilise tout et casse 90 % des mauvaises molécules. Certes, il va toujours rester des traces de polluants, mais on en trouve plus n’importe où que dans le compost. Lorsqu’on ne composte pas les déchets, ils partent à l’incinérateur et ça finit par repartir dans l’air”.
Ces deux bisontins de 27 et 26 ans ont créé cette année l’association Trivial’compost. Le but, promouvoir le compostage comme acte de citoyenneté et de développement durable. Le mot trivial a été choisi pour montrer que cela peut devenir un acte banal, répandu.
“Au départ, on n’était pas forcément orientés sur ce sujet. On est arrivés en fin d’études avec l’envie de chercher du boulot mais pas à n’importe quelles conditions de travail. Il est apparu assez vite qu’il fallait plutôt monter notre activité. On tournait autour de l’économie solidaire, l’environnement, l’événementiel et des amis nous ont parlé d’une association qu’ils ont montée à Lyon autour du compostage. L’idée nous intéressait car elle aborde à la fois le social et l’économique. Quand on s’est renseignés, on nous a encouragés en disant que c’était trop tôt il y a 5 ans et peut-être trop tard dans 5 ans”.
Armés d’un bagage d’études qui leur a permis d’aborder la biologie, l’environnement, l’aménagement du territoire pour Ludovic, la sociologie et le développement local pour Jean, ils ont suivi une formation de 4 jour en Belgique, avec le comité Jean Pain. Créé par des ingénieurs agronomes, ce dernier est depuis longtemps spécialisé dans le compostage, qu’il diffuse jusqu’en Afrique.
Agir local,
penser global
L’association lyonnaise compte déjà deux emplois. Les Bisontins, eux, vivent pour l’instant du RSA. “Il faudra un peu de temps pour avoir des revenus. Tout le monde dit vouloir faire du compost mais les projets ont du mal à se concrétiser. On dépend des prestations de service que l’on pourrait faire auprès des collectivités locales, mais celles-ci doivent respecter des règles de marché public. Il y a aussi d’éventuelles subventions mais pour l’instant seule la Fondation de France nous a suivis”.
Auprès des collectivités, ils peuvent apporter du conseil, de l’expertise, être force de propositions. Ils font également de l’accompagnement, de l’éducation et de la pédagogie auprès d’un immeuble, d’une copropriété, d’un quartier ou d’une association. Ils ont commencé à gérer le compostage des Jardins partagés du quartier Battant à Besançon et ils ont des projets en milieu scolaire, avec le FJT la Cassotte ou encore le Crous.
“On a fait une proposition pour installer des bacs sur le campus et si cela se concrétise, ce sera exemplaire, pédagogique et très bon marché par rapport à l’enlèvement traditionnel des déchets ou au tri mécanique. Il y a un gros travail de sensibilisation à faire. Notre volonté n’est pas de faire à la place des gens mais avec. Lancer une dynamique pour installer des habitudes de tri et de compost. Et par ce biais stimuler des petites initiatives de lien social : sur un lieu de vie, pas seulement jeter ses déchets mais aussi boire un coup, échanger. Le compostage peut être accompagné d’un côté humain, écocitoyen”.
Ce n’est pas anodin : “il faut réfléchir à la façon dont on traite la terre, notamment par l’agriculture intensive qui la stérilise avec les nitrates et les pesticides. Il s’agit de faire prendre conscience aux citoyens que la terre est vivante et qu’il faut en prendre soin. On est vraiment dans le slogan, agir local, penser global”.
S.P.
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