C’est simple, gagner la Transjurassienne à 22 ans, personne ne l’avait fait (1). Même Johann Mühlegg (24 ans en 1995) fait figure d’exception dans un palmarès où la majorité des vainqueurs avaient dépassé la trentaine. On peut supposer que l’expérience compte beaucoup dans cette course longue distance, toujours est-il que cela situe l’exploit accompli par Emilien Louvrier le 13 février. Le jeune homme de La Cluse-et-Mijoux ne pouvait cacher son émotion dès la ligne d’arrivée franchie, au sprint devant 4 concurrents. Le lendemain, même s’il avait fait de cette course son objectif de l’année, il en était encore étonné. « Je m’étais bien préparé, mais je ne m’attendais pas à la victoire ! C’est inattendu car je suis relativement jeune et qu’il y avait beaucoup de beau monde au départ, avec des médaillés olympiques. C’est une épreuve que tout le monde rêve de gagner. C’est vraiment un grand moment d’émotion ». Inattendu également parce que c’était la première fois qu’Emilien testait une longue distance en compétition. Il faut avoir les jambes, être solide dans la tête. « C’est une course longue distance, mais c’est à la fin qu’elle se joue ! Durant la course, j’essayais surtout de tenir. A des moments, on décroche, puis on revient, puis on décroche à nouveau. Mais dans les derniers km, mentalement, j’étais prêt à me battre, à tout donner. C’est là qu’il faut être fort mentalement ». Emilien restait aussi sur une dynamique de victoires avec le 42 km des Belles Combes et les 30 km de la Traversée de la Haute-Joux.
Sa performance ne vient pas de nulle part. Avant sa préparation de cette saison, fortement axée sur son autre sport de prédilection, le trail, il a déjà fréquenté le haut niveau dans d’autres disciplines. « J’ai commencé vers 7 – 8 ans. J’ai fait du saut à skis puis du combiné nordique mais comme j’étais moyen en saut, je me suis réorienté sur le ski de fond. J’ai intégré l’équipe de France et il y a eu un déclic lors du festival olympique de la jeunesse européenne (NDLR : compétition pour les 14 – 18 ans) de 2017 en Turquie où j’ai obtenu la médaille de bronze. Je suis resté en équipe de France jusqu’en 2019 et ensuite j’ai eu 2 années compliquées, en raison de la Covid mais aussi, je pense, de surentraînement ».
Licencié au SC Verrières/La Cluse, il ne fait pas partie d’un team. « C’est surtout mon père qui m’entraîne et ça me va bien comme ça, car cela me permet d’aborder les choses à ma manière. J’ai fait beaucoup de trails l’été, puis du ski sur roue l’automne et là je suis physiquement bien et surtout beaucoup mieux dans la tête. Mais je pense que je peux encore progresser en endurance ». Sa victoire sur la Trasnjurassienne amplifie son envie de longues distances. « Jusqu’à présent, j’étais habitué à des efforts relativement courts. Une course comme ça a un côté plus monotone, mais elle laisse des moments gravés à jamais parce qu’il y a le public, les encouragements, l’animation. On ne vit pas ça tous les jours ! » Cet objectif atteint encore mieux que prévu rend sa saison d’ores et déjà réussie. Il prévoit de la poursuivre jusqu’en mars, avec notamment le championnat de France des clubs, la Mara en Suisse « et quelques courses populaires ».
S.P.
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