Tu es dans la région depuis longtemps ?
Je suis née en Franche-Comté, à Gennes plus précisément, et je suis partie à 19 ans à Paris puis à Bruxelles pour développer mes activités artistiques. Je suis revenue ici pour préparer un projet, m'éloigner de la ville, me rapprocher de la nature et trouver d'autres sources d'inspiration dans cette belle région.
Quels sont les prochaines étapes de ton activité ?
J'ai commencé mon activité professionnelle par le tatouage. Même si j'ai surtout été illustratrice. L'enjeu des prochaines années sera de créer une œuvre personnelle dans la voie du stylisme. Je me laisse donc un an pour découvrir un métier que je ne connais pas encore.
Certaines pièces de tes vêtements sont déjà sorties ?
J'ai créé du merch pour fidéliser ma communauté qui aimait mon univers sans pour autant être intéressée par le tatouage. Mais je ne me sens pas vraiment être une tatoueuse professionnelle même si c'est mon métier depuis quelques années. On apprend toute sa vie et on est amené à évoluer, surtout dans le milieu artistique.
Quels sont les événements les plus marquants que tu as vécus en tant que tatoueuse ?
J'ai pu participer à des événements à travers l'Europe même si mon expérience préférée a été de travailler en collaboration dans des studios à l'étranger. C'était à la fois dépaysant et enrichissant. J'installe bientôt mon atelier à Ornans pour avoir un pied-à-terre dans la région pour pouvoir mener ce projet de mode dans une atmosphère plus calme.
Que penses-tu des nouvelles règles de restriction des tatouages en couleur (1) ? Peux-tu nous rappeler les règles d'hygiène concernant le tatouage ?
Même si elles m'ont suprise, il faut savoir que les tatoueurs investissaient beaucoup dans de nouvelles encres, parfois par souci de budget. C'est une bonne chose de pouvoir avoir le recul sur les conséquences que certains produits peuvent avoir sur la santé. Le tatouage aujourd'hui est plus accessible qu'avant car il y a de plus en plus de tatoueurs mais les prix ont largement augmenté au fil des années. Rappelons qu'il faut être majeur pour être tatoué sinon il faut une autorisation des parents. La règle d'hygiène de base en tatouage et de stériliser tous les instruments. Les autres règles sanitaires dépendent des salons et des tatoueurs.
Comment définirais-tu ton identité visuelle autant dans les tatouages que le design ?
Je dirais qu'elle est figurative et qu'elle s'inspire du surréalisme. Je n'ai pas peur que ça n'ait pas de sens (des fleurs avec des bouches, des humains à la peau bleu). Le style est coloré et estival, je trouve ça intéressant d’exagérer les choses et les couleurs pour les rendre moins fades. Cela rejoint mon désir de revenir à la campagne. Car même si la ville est très stimulante avec toutes les personnes que l'on peut y rencontrer, ce que j'aime ici, c'est que je peux me reconnecter à moi-même. Par exemple cela me donne envie de me relancer dans la peinture que j'avais mise de côté par manque de temps.
Quelles conseils donnerais-tu aux jeunes en matière de création ?
Le plus important c'est de croire en ta vision et en ton objectif. Surtout il faut sortir de sa zone de confort pour ensuite y revenir : c'est très important de partager son art avec différentes personnes, différentes cultures. Ça peut être décourageant de trop rester au même endroit car les gens que l'on côtoie depuis longtemps n'ont pas un regard neuf sur notre art et peuvent ne pas lui accorder assez de valeur. Il ne faut pas hésiter à voyager pour développer son activité artistique.
Est-ce que le fait d'être autoentrepreneuse te pousse à voir ton activité comme une entreprise ou est-ce que c'est toujours la passion qui prend le dessus ?
En 2022, un artiste qui développe son activité et qui peut en vivre est souvent dépendant d'une structure et est entouré d'une équipe compétente à qui il délégue tout ce qui n'est pas créatif. Ceux qui développent leur activités seuls doivent être leur propre attaché de presse, leur propre manager, leur propre chargé de communication... Car il ne faut pas oublier que l'objectif est d'arriver à vendre son art. Mais pour autant je ne dirais pas que c'est une entreprise, je dirais plutôt que cela demande d'être flexible et d'avoir toujours plusieurs rôles à assumer. C'est difficile, un agenda peut aider à ne pas perdre le rythme. Il faut se créer son propre cadre.
Quel part jouent les réseaux sociaux dans ton travail ?
Ça me permet de collaborer avec du monde, des gens que je n'aurais jamais pu rencontrer en dehors de ça. Ça ouvre un tas de porte. Mais ça n'est pas que positif, a? l’heure actuelle les visiteurs de ta page, te jugent sur ton contenu , c’est un terme pas très flatteur d’être comparer à du contenu. Le contenu c’est pour de?crire un caddie de supermarche?, quelque chose qui fait tout de suite écho à la consommation. Avant les artistes ne se posaient pas la question, de quand publier, à quelle fréquence. Ils prenaient tous simplement le temps de peindre, de partager leurs œuvres, de les vendre. Aujourd'hui on a une pression sur le dos de la part des clients, il faut être le plus rapide, le plus productif, ça perd de son authenticité.
Ta marque de vêtement est en train de se développer, peux-tu en dire plus ?
Avec cette marque, j'ai vraiment envie de m'exprimer à fond, de retranscrire mes expériences dans une collection. Mon but c'est de te faire très peu de pièces afin de rendre cette collection unique mais aussi par souci écologique.
Recueilli par Nasser Ferchichi
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