Leur logement à La Boissière, village jurassien de 50 habitants, est une sorte de musée temporaire où rien ne reste, rien ne demeure. Parmi des fossiles de toutes sortes, on découvre des crocodiles de 2 mètres de long, des météorites (dont une de 30 kilos), des plantes inédites et de nombreux éléments permettant de retracer l'histoire de la vie sur terre... Passionnés par tous ce que le sol recèle de traces du passé ou de l'Univers, Carine Bidaut, 21 ans et Bruno Fectay, 27 ans ont lancé en début d'année une SARL, afin de créer leur emploi dans leur domaine de prédilection.
Activité de «la Mémoire de la Terre» : la recherche aux quatre coins du monde de ces témoignages des origines de la vié. Dernièrement, ils ont passé six semaines dans le sud-est du Maroc d'où ils ont ramené quantité de matériel. «Nous cherchons tout ce qui est publiable pour les Universités, tout ce qui touche aux sciences de la terre, de la vie et à l'histoire des sociétés» résume Bruno. Leurs clients : chercheurs et Universités mais aussi musées, collectionneurs voire artisans car «certaines matières ou météorites sont utilisables, par exemple en coutellerie».
Carine et Bruno, tous deux àutodidactes, sont originaires de Dole. Leurs passions communes leur ont permis de concrétiser leurs projets. C'est en sortant de l'Université, à Tours, que Bruno s'est rendu compte d'un potentiel à explorer dans ce domaine. «J'étais sans emploi et le musée de Tours s'est porté acquéreur de ma collection de fossiles de Touraine. Cela fait 2 ans que nous songeons à créer notre emploi, mais nous hésitions devant le peu d'aides accordées aux jeunes créateurs. Mais, grâce à Défi-Jeunes, nous avons pu nous lancer avec beaucoup plus de facilités». Un prêt d'honneur à 0 % du canton d'Arinthod et une exonération de taxe professionnelle pendant 3 ans par la commune de La Boissière constituent deux autres appuis essentiels. Le Défi-Jeunes leur a permis d'acheter un véhicule et un ordinateur. Pour Bruno et Carine, Internet est une nécessité : les déplacements sont réduits, les recherches sur telle ou telle trouvaille plus faciles, les contacts avec les spécialistes plus accessibles et le démarchage des clients potentiels plus simple.
Un tyrannosaure inconnu
«Les premiers pas n'ont pas été faciles, car, en France, il faut un important cursus universitaire pour être reçu par les spécialistes. Mais en 93 nous avons publié en Allemagne les fossiles d'une variété nouvelle de tyrannosaure, ce qui nous a fait connaître». Les premiers à les avoir soutenus ont été l'Université de Münich puis le musée d'Etat de Stuttgart. Aujourd'hui, certains chercheurs font appel à leurs services, comme l'Université d'Ohio qui a financé leur dernier voyage au Maroc. Leur avantage sur des équipes plus importantes de chercheurs, c'est que leurs déplacements n'imposent pas de logistique et de frais aussi lourds. Ce qui leur permet de proposer du matériel scientifique à moindre coût.
Stéphane Paris
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