Elle a la chance de conjuguer un métier et un sport passion. De marier haut niveau et convivialité, sans prise de tête.
« Et je fais tout pour que cela reste comme ça, afin de garder un équilibre de vie ! » explique Manon Bohard, 31 ans, traileuse de haut-niveau. Son métier, c’est nutritionniste. Elle est diététicienne coordinatrice au Réseau de prévention et prise en charge de l'obésité pédiatrique (REPPOP), à Besançon, et anime en parallèle sa propre structure.
Une jeunesse très « nature »
Son enfance et sa scolarité, Manon les vit sur les hauteurs de Morteau, au Chauffaud, à quelques foulées de la frontière suisse.
« Montagne, nature, sport, c’est un environnement dans lequel je me suis beaucoup épanouie. J’ai fait du ski de fond, du vélo, de la course à pied, et aussi du judo à très bon niveau. Puis je me suis intéressée très tôt à la nutrition et à la santé. »
Etudiante en comportement alimentaire et santé publique, à Lyon et Strasbourg, elle se met à courir, peut-être un peu pour imiter son papa, membre du « gratin » du trail français au début des années 2000, peut-être parce qu’une paire de chaussures et un sac à dos suffisent à se lancer, en plus de bonnes jambes et d’un bon cœur... Sans doute aussi parce que sa profession et son mode de vie collent avec le trail, un sport en connexion avec la nature. Comme elle est dotée d’un tempérament de compétitrice, la Haut-Doubienne accroche un dossard assez rapidement. Les résultats suivent et la carrière est lancée. Elle intègre la communauté des traileurs en arrivant à Besançon (
« le trail, c’est plus qu’une discipline sportive, c’est un état d’esprit ! »), se licencie au
Grand Besançon trail académie tout en courant sous les couleurs de la team Hoka Europe. Pour l’entraînement, elle dispose d’un super terrain de jeu.
« Les parcours sont variés, autour de Besançon, dans la vallée de la Loue du côté de Liesle, ou vers chez mes parents à Morteau. »
Avec le maillot de l’Equipe de France, elle a décroché il y a quatre mois la 20e place aux Mondiaux disputés en Thaïlande. Avant cette perf majuscule, elle avait pris le départ du mythique Ultra trail du Mont-Blanc (UTMB) à Chamonix mais s’est résolue à abandonner à Courmayeur, après seulement 9 heures de course, submergée par la pression d’une telle épreuve, tellement médiatisée.
« Je n’étais pas prête mentalement et j’ai rencontré des problèmes nutritionnels ». Les cordonniers seraient-ils les plus mal chaussés ?
L’équilibre est trouvé
Manon Bohard a trouvé son équilibre et n’envisage surtout pas de mettre de côté son travail pour se consacrer pleinement au trail.
« Je pourrais mais je ne le fais pas. Si le volet sportif va moins bien, cela arrive, je continue à m’épanouir dans mon métier. »
La suite, elle l’envisage avec un ou plusieurs enfants, mais plus tard.
« Mon corps formaté actuellement pour le sport ne pourrait pas ! Chaque chose en son temps, cela arrivera, c’est certain. Pour l’instant, je donne le maximum pour être performante sportivement et vivre de belles courses. J’espère disputer les mondiaux à Innsbruck (Autriche) début juin avec l’Equipe de France. Sinon, le programme changera, je participerai sans doute à trois ultratrails, à Madère, à l’Ile Maurice et à Chamonix (UTMB). Et j’irai peut-être en Afrique du Sud en fin d’année, en fonction de mon état de forme. » Ensuite il sera temps de « couper » trois semaines, le moment de se payer un bon film ou un bon restaurant avec les copains. Car elle reste très « musique », très « concert », très « festival », très « lecture », très « bonne bouffe », Manon.
Christophe Bidal
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