Née en Macédoine du Nord il y a 27 ans, arrivée en France du côté de Baume-les-Dames à l’âge de 7 ans, Barbara Nikolova vit depuis 2 ans à Pistoia, en Toscane. Deux expériences de déplacement radicalement différentes.
« J’ai déjà laissé un pays, j’ai déjà vécu ce déchirement. Devoir le faire à nouveau était un peu compliqué, mais là c’était un choix. Partir est aussi un enrichissement ».
Avant d’arriver à Pistoia, elle avait déjà effectué une année d’Erasmus à Turin. Ce parcours est corrélé à des études l’ayant menée en master langues, littératures et civilisations étrangères en italien à la fac de Besançon.
« Je suis passionnée par la culture et les langues, pour lesquelles j’ai des facilités. Au lycée, j’avais un bon niveau en italien » confesse-t-elle. C’est au Crij qu’elle a entendu parler de Stages Monde.
« J’ai fait un service civique auprès des publics migrants et dans ce cadre, on nous a présenté le Crij. J’ai découvert les possibilités d’accompagnement à l’étranger et ça m’a beaucoup aidée. Si on ne se sent pas épaulé, partir est compliqué. Alors que là, tout a été facile, notamment sur le plan administratif ».
C’est le dispositif Stages Monde (1) qui lui a permis de se retrouver à Pistoia.
« Je cherchais du côté des musées et bibliothèques et par une connaissance j’ai entendu parler de l’Archivio Roberto Marini « Oltre il secolo breve » ("Par-delà le siècle bref"). Il s’agit d’un fonds privé qui fonctionne comme une bibliothèque, avec des animations ». Son dossier accepté, Barbara y a effectué un stage d’archiviste qui s’est si bien passé que les deux parties ont souhaité poursuivre.
« Il y avait un besoin et de mon côté, je voulais continuer cette expérience professionnelle. Grâce au Crij encore, j’ai pu prolonger le stage par un Erasmus + jusqu’en octobre 2021. Ensuite, on m’a proposé un « apprendistato », contrat de travail favorisant les premières expériences des jeunes. Je suis en CDD de 3 ans renouvelable ». Il faut dire que le travail paraît considérable. Roberto Marini a commencé à collectionner dans les années 50 et depuis, il a accumulé des journaux, des magazines sur de nombreux thèmes, des livres politiques, historiques, philosophies, littéraires, des tracts, des posters, des vinyls, des K7, des vidéos, des DVD… Au total, plus de 30 000 éléments.
Migrations
« Dans l’association, on est 2, le directeur Roberto Niccolai et moi. Le travail principal est de trier, numéroter, cataloguer, ranger tout ce matériel, sachant que de nombreuses thématiques sont concernées, de l’art au sport, avec des documents en italien mais aussi en anglais, en espagnol, en français, en allemand ! Cela me plaît énormément car j’apprends beaucoup avec ces livres et ces journaux dans toutes les langues. C’est magique. » L’activité n’est pas uniquement privée. Tous les mois, dans la galerie où se trouve l’Archivio, Barbara et Roberto créent des vitrines en fonction de l’actualité (le 14 juillet, le décès d’un artiste…), organisent des événements et des soirées.
« Nous répondons également à des appels à projets, ce qui nous a par exemple permis d’organiser Sliding doors avec 9 partenaires européens dont l’Université de Franche-Comté, l’association bisontine Miroirs de femmes – Reflets du monde, dont fait partie ma mère, et des organismes italiens, belge, bosnien, espagnol, hongrois, portugais, roumain, néerlandais. Ce projet s’intéressait aux migrations : comment sont accueillis, intégrés les migrants dans les différents pays et que peut-on améliorer ? A partir de réponses de natifs et de migrants, on veut soumettre des propositions à l’Union européenne ».
Le sujet des déplacements lui tient à cœur. Pour sa part, Barbara se sent à son aise dans une ville italienne de 100 000 habitants où elle a trouvé facile de s’intégrer, même si elle fait des connaissances
« plutôt par le travail ». « Les loyers sont plutôt élevés. Aujourd’hui, je vis dans un studio, mais quand j’étais en stage, j’étais en colocation. Cela dit, une bourse de 763 euros (1), c’est raisonnable pour vivre en Italie ». Comment envisage-t-elle la suite ?
« Je me sens épanouie sur le plan professionnel alors peut-être que je prolongerai l’expérience. Mais je ne pense pas m’installer en Italie. Je préfèrerais revenir continuer ma vie en France où j’ai ma famille et mes amis ».
S.P.
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