juin 2022

« Un stage très utile pour mon travail »

Thaïs Leng vient de passer 3 mois au Sénégal grâce au dispositif Stages Monde. Pour faire de l’accompagnement scolaire et connaître la vie locale.
Photo Yves Petit

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Avant ce "Stages Monde", Thaïs n’était jamais partie, n’avait jamais pris l’avion. A peine de retour, elle disait : « Je repartirai, c’est sûr. J’ai plus de mal à me réacclimater en rentrant qu’à m’acclimater lorsque je suis arrivée au Sénégal ! » Pour la jeune femme de Champagnole, tous les objectifs qu’elle s’était fixés ont été atteints. « Je côtoie beaucoup d’Africains dans mon métier d’éducatrice spécialisée et à force d’en entendre parler j’avais envie de connaître leur environnement. Mais je ne prends pas l’avion pour des raisons écologiques alors je me suis dit que si je faisais une exception, ce ne serait pas pour faire du tourisme et rester sur un canapé ! » Thaïs Leng est passée par l’IRTS à Besançon où elle a obtenu son diplôme en 2021. « Le travail social était une évidence pour moi. J’adore mon métier. Ça a toujours été prépondérant pour moi de donner du temps pour les autres, d’accueillir. Peut-être parce que je suis d’une famille qui a migré d’Italie ».
Elle a commencé à travailler il y a 2 ans et demi dans l’accueil de mineurs étrangers non accompagnés, d’abord comme stagiaire puis en CDD. « J’ai profité de la fin de mon contrat pour aller au Sénégal. Un ami m’a parlé de Stages Monde, j’ai postulé en trouvant un stage à l’association Espoirs Enfants à Diofior par l’intermédiaire de l’espace volontariats de Dakar. Les démarches avec le Crij ont été très simples et rapides. Stages Monde est une belle opportunité. Sans ce dispositif, je ne serais jamais partie, je n’aurais pas pris l’initiative de le faire seule. Il y a un côté rassurant et avoir une bourse pour vivre un stage à l’étranger est une chance immense. Maintenant, j’en parle partout autour de moi ! Cela dit, la bourse était largement suffisante ; je dépensais très peu d’argent. » 
Thaïs est partie du 10 janvier au 7 avril pour faire de l’accompagnement scolaire et des activités avec des enfants de 3 à 5 ans, mission qu’elle a grandement appréciée.

La toubab qui danse

Mais c’est aussi à titre personnel qu’elle revient satisfaite de son séjour. « Je ne voulais pas être avec d’autres Européens. Je ne voulais surtout pas faire de tourisme mais vivre avec les gens. Je me suis fait des amis, une « famille sénégalaise » chez qui j’allais tous les jours et qui me considéraient vraiment comme leur fille ! Mon stage commençait tôt et finissait à 14 h. Ensuite, j’allais aux champs, j’aidais à cuisiner, à laver le linge. La nuit, on pêchait à la lampe. » Elle retient aussi l’ambiance festive dans la rue liée aux mariages. « Il y en avait plusieurs par semaine et comme j’y dansais, tik tok m’a valu la célébrité locale. On m’appelait la toubab qui danse ! » Son immersion dans la vie locale lui a rapidement valu un nom sénégalais, Djinnfé. « C’est une fée dans la culture musulmane. Ils m’ont donné ce nom la première fois qu’ils m’ont vue danser ! »
Toutes choses qui, elle l’espère, serviront à améliorer son approche professionnelle alors qu’elle vient, au retour, de signer un CDI dans son domaine de prédilection. « J’ai hâte de voir ce que le stage va apporter à mon travail. Ceux que j’accueille vont se rendre compte que je suis allée en Afrique. Préparer un mafé, danser sur leur musique peut créer du lien, mettre du baume au cœur. J’ai aussi appris un peu le sérère, une langue locale. Je suis l’une des premières personnes qu’ils rencontrent en arrivant, c’est primordial de pouvoir les aider psychologiquement. Ce n’est pas évident car on doit un peu se débrouiller sans interprète pour l’accompagnement, l’hébergement, les papiers… » Car si son rôle est d’accueillir au mieux les arrivants, elle sait que la migration est loin d’être un idéal.  « Quand j’étais là-bas, j’ai essayé de faire de la prévention car les jeunes rêvent tous de venir ici. Les familles veulent les envoyer mais ils ne savent pas vraiment où ils vont. Je leur disais qu’ici ils ne seraient rien, que traverser est une souffrance, que migrer est difficile, qu’une fois partis, ils ne seront plus Sénégalais et jamais Français. Pendant 3 mois, j’ai essayé de déconstruire ce mythe ».
Mais il y a un revers. « Je ne me suis pas du tout entendue avec la personne qui me logeait et qui était aussi le fondateur de l’association. Mon envie de m’intégrer et de faire partie de la vie du village ne lui plaisaient pas. Il n’appréciait pas ma liberté et cela a induit une relation désagréable. Là-bas, les femmes sont au service de la famille. Leur vie ne me conviendrait pas ».

S.P.
Stages Monde
Dispositif piloté et financé par la Région Bourgogne-Franche-Comté qui permet aux jeunes diplômés et jeunes demandeurs d’emploi de 18 à 30 ans de réaliser un stage professionnel rémunéré, de 3 à 5 mois, dans le monde entier. Il prévoit notamment une convention de stage, une aide financière, des assurances rapatriement et responsabilité civile, un accompagnement et un suivi. Infos et candidatures : bourgognefranchecomte.fr, 0381616285 ou agitateursdemobilite.fr, 0381211606.

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