Margaux, avec un peu de recul, quel bilan tirez-vous des Jeux olympiques de cet été ?
C’est une expérience en demi-teinte. Je suis globalement plus déçue qu’heureuse. Je n’ai pas fait ce que je voulais en individuel. J’ai fait des mauvais choix tactiques face à une adversaire qui m’avait déjà posé des difficultés. Et puis l’arbitrage a été très strict. La fin de la compétition est arrivée très vite pour moi. Pourtant, ces Jeux, je les ai préparés, j’ai travaillé. Mon objectif, c’était le podium minimum, mais cela ne s’est pas passé comme je le souhaitais. La déception domine.
Vous avez pourtant ramené un point important en quart de finale de la compétition par équipe...
Oui, après mon élimination, il a fallu me remobiliser tout de suite, avec un gros combat d’entrée. J’ai marqué le point qu’il fallait. Ce n’était pas évident, j’ai vécu une journée assez dingue. Pour les tours d’après, le staff a décidé d’aligner Clarisse (NDLR : Agbégnénou)…
Ressentez-vous une envie de revanche ?
Oui, je vais essayer de concrétiser durant la saison à venir.
Et dans trois ans, c’est Paris.
Les JO 2024 à Paris, j’y pense bien sûr, mais avant, il y a beaucoup de compét’ à aller chercher, un championnat du monde. La concurrence française est rude et il n’y a qu’un billet par catégorie. Il y a plein d’étapes à franchir.
De manière générale, quel souvenir gardez-vous de Tokyo ?
On a été très bien accueillis par les Japonais, même si les contacts étaient rares. L’organisation était très bonne. On arrivait à se réunir dans la salle de kiné et à rencontrer les sportifs d’autres disciplines. C’était le moment cool de la journée. En revanche, Ils renvoyaient tout le monde à la maison dès la fin de chaque compétition !
La présence de Teddy Riner dans son équipe, c’est appréciable…
C’est un atout, c’est sûr ! Je le connaissais, je l’ai côtoyé, plus jeune, en club. C’est quelqu’un d'assez simple, qui sait trouver les mots pour motiver. Et il avait aussi une médaille d’or à aller chercher !
Revenons en arrière. Pouvez-vous nous raconter vos débuts dans le judo ?
J’ai commencé à Port-sur-Saône (70). J’ai ensuite intégré une classe départementale à Pontarlier, puis j’ai suivi le cursus classique : pôle espoirs, pôle France à Strasbourg, puis Insep (1). Ce n’était pas facile au début mais je savais déjà ce que je voulais. La passion était là.
Pourquoi le judo ?
J’ai fait un peu de gymnastique, du kayak et du parapente avec mon frère, qui a continué dans cette voie. Le judo, j’ai eu envie de m’y inscrire en regardant les JO de 2000, à Sydney, où David Douillet gagne. C’est un grand champion.
Vous avez pu faire un break de deux mois après les Jeux, c’était un besoin ?
Oui. J’ai repris le 4 octobre après avoir coupé complètement ! J’avais besoin de voir autre chose, d’évacuer la pression de plusieurs années, de me reposer et de faire d’autres choses inhabituelles. La compétition revient fin octobre avec les « Monde » militaires. Puis il y a des grosses échéances mi-2022.
Quel est votre statut ?
Je suis salariée de mon club, l’Etoile sportive Blanc-Mesnil. Je m’entraîne au club le matin et à l’Insep l’après-midi, du lundi au vendredi. En période de compétition, on allège les séances.
Quel conseil donneriez-vous à une jeune fille qui vous a regardée à Tokyo comme vous avez regardé David Douillet en 2000 et qui voudrait faire du judo ?
Il faut la motivation, croire dur comme fer en soi et travailler.
Comment envisagez-vous l’après-carrière ?
J’ai encore trois ou quatre belles années devant moi. On verra. J’ai passé des diplômes d’entraîneur. Je souhaiterais rester dans le sport.
Vous êtes parisienne d’adoption, après six ou sept saisons à Levallois et à Blanc-Mesnil. Retrouvez- vous vos attaches haut-saônoises ?
Oui. Je reviens chez mes parents une fois par mois environ à Aboncourt-Gesincourt (70).
Recueilli par Christophe Bidal
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