Titre national en catégorie junior, premières sélections en équipe de France, la saison dernière s’est plutôt bien passée, n’est-ce pas ?
Oui. Avec Matthieu Nadal, mon entraîneur, nous avions fixé des objectifs et ils ont été atteints. Cette saison 2017-2018 est très importante, avec un maillot bleu-blanc-rouge sur les épaules. Je ne veux pas et je ne peux pas me louper.
De quand datent vos premiers tours de roues ?
Je pratique le cyclisme depuis maintenant 12 ans. C’est grâce à ma nounou, qui m’a emmenée à l’entraînement du mercredi, que j’ai plus découvrir ce magnifique sport. J’ai d’abord commencé à faire des tours de piste (avec un vélo de route) dans mon premier club, le Vélo club Saint-Antoine la Gavotte (Bouches-du-Rhône). Je me suis essayée au cyclo-cross vers 6 ans et j’ai de suite accroché. La boue et le froid ne me faisaient pas peur.
Donc, votre truc c’est le cyclo-cross…
Pour moi, le cyclo-cross est synonyme de la période hivernale. C’est une discipline indispensable. Je pense que cela contribue à une bonne saison sur route. Maintenant que je suis à Besançon, depuis deux ans, j’accorde une plus grande importance au cyclo-cross car il y a beaucoup plus de terrains de jeux qu’à Mimet (Bouches-du-Rhône), chez mes parents. Quant à la route, ça commence en février et ça se termine plus tard, en septembre, si j’ai la chance de participer aux championnats du Monde. La route, cela reste ma discipline favorite : pour gagner une course, il ne suffit pas d’être forte physiquement. Le mental et l’intelligence jouent une grande place tandis qu’en cyclo-cross c’est 90 % de physique.
Vous roulez ou vous grimpez ?
Je le considère plutôt comme une puncheuse. Mais à mon âge, il ne faut pas se spécialiser, rester polyvalente. Je passe plutôt bien les bosses, surtout les plus raides, et j’ai une pointe de vitesse correcte qui me permet de rivaliser lors des sprints. Je dois progresser en contre-la-montre et je dois apprendre à savoir affronter le vent. Cela me permettra de m’illustrer sur des parcours plats et venteux, en Belgique et en Hollande.
Comment s’organise la vie au pôle espoirs ?
Tout se passe à merveille au pôle. J’y suis depuis deux ans. Le responsable a changé cette année puisque c’est Claire Hassenfratz qui s’en occupe maintenant. Moi, j’ai préféré garder Matthieu Nadal, l’entraîneur avec qui je travaille depuis trois ans. J’avais eu des échos du pôle de Besançon par Floriane Barberio, une fille du peloton. De plus, j’avais pu être suivie toute l’année précédente par Matthieu qui m’avait présenté son projet et j’avais pu visiter les locaux. Le lycée, les aménagements scolaires, le cadre, le fait que ce soit un pôle filles, j’ai tout adoré. Certes, j’appréhendais la séparation avec mes parents mais finalement tout s’est fait naturellement.
Les températures de Bourgogne-Franche-Comté tranchent avec le climat provençal…
Je dois avouer que je n’aime pas trop les grosses chaleurs. Le climat de Besançon ne me dérange pas trop, hormis la pluie qui perturbe parfois les entraînements. Surtout que je ne suis pas fan de home-trainer. En été, quand je suis chez mes parents, à Mimet, je ne reste pas souvent au soleil, je préfère être au frais dans la maison ou à la piscine, je ne suis pas trop plage…
Décrivez-nous une semaine-type d’une coureuse de haut niveau…
Le lundi, c’est en général une heure de vélo tranquille, en récup’. Le mardi matin : 1 h 15 de vélo de route ou du travail en salle sur la force et la vélocité. L’après-midi : 30 à 45 minutes de gainage ou de musculation. Le mercredi est consacré à une sortie longue sur route le plus souvent. Le jeudi, on fait de l’intensité, du gainage et de la musculation encore. Le vendredi est consacré au sport scolaire. Cette année : 3 x 500 mètres, musculation et volley-ball. Enfin, le week-end est consacré en général à la compétition. S’il y a une course le lendemain, on fait une heure de déblocage le samedi ou une sortie improvisée. S’il n’y a pas de course, on fait une deuxième sortie longue.
Un ou une idole dans le vélo ?
Je n’ai pas spécialement de coureur ou coureuse préférée mais j’aime bien les cyclistes "originaux", qui ne font pas que rouler mais nous amusent, comme Peter Sagan. J’aime ceux qui osent, qui attaquent, comme les Français Alaphilippe ou Barguil. Chez les filles, jj’aime bien Élise Delzenne, qui a mis fin à sa carrière. Elle a donné une bonne image de son sport. En championnat ou en coupe de monde, j’ai aussi pu échanger avec des grands noms comme Audrey Cordon-Ragot, Caroline Mani et Pauline Ferrand-Prévot, qui sont des exemples et qui nous poussent à continuer nos efforts pour arriver à leur niveau, voire encore plus haut.
Quel est votre meilleur souvenir de 2017 ?
Mon plus beau souvenir, c’est la victoire au Prix de la Ville du Mont Pujols (Lot-et-Garonne), lors de la 2e Coupe de France. Gagner devant les élites, c’était magique ! C’est une course difficile, j’ai réussi à faire la différence dans la dernière montée et c’était fabuleux ! En 2018, la course aura lieu le jour de mon anniversaire (NDLR : Jade aura 18 ans le 2 avril), alors j’espère que ça me portera chance.
Racontez-nous l’accident malheureux lors de la Classique des Pyrénées…
On a eu un petit souci. Après avoir effectué la reconnaissance du circuit, nous avions accroché les vélos sur le toit mais le chauffeur, je ne citerai pas son nom, les a oubliés et est allé se garer sur un parking limité à 2 mètres de haut. Crac... Mon vélo s’est retrouvé en cinq morceaux et j’ai dû courir le lendemain avec mon vélo de cyclo-cross. Dans les cols, ça ne pardonne pas. Du coup, j’ai fait 4e mais il y a pire.
Pratiquez-vous d’autres sports ?
Pas beaucoup, à part la musculation en complément du vélo et la course à pied pendant la saison de cyclo-cross. Pendant l’hiver ou dès que je peux, j’essaie aussi d’aller à la piscine avec ma famille ou jouer au badminton ou au tennis avec mon papa. J’aime écouter de la musique, faire des gâteaux et faire les magasins. Je suis une grande dépensière… Mais ma grande passion c’est faire du sport.
Comment voyez-vous l’avenir ?
Je ne veux pas m’en cacher, je veux percer dans le monde professionnel, me faire une place au haut niveau mais je ne compte pas louper d’étapes. Il faut faire les choses bien et c’est ce que nous faisons jusqu’à maintenant avec mon entraîneur. J’aimerais dans un second temps ou en parallèle être professeur des écoles. Sinon, j’aimerais que le cyclisme féminin se fasse enfin une vraie place dans le monde du sport et qu’il soit mis au même plan que le cyclisme masculin.
Recueilli par Christophe Bidal
Commentaires
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.