Pour lancer une startup (1), il faut dégotter une idée forte, trouver un concept novateur, jamais développé ailleurs. Alors, quand Geoffrey a été parfois obligé de poser des jours de RTT pour réceptionner un colis, ou quand il a loupé la réception à quelques minutes près, le contraignant à le récupérer quelques jours plus tard, il s’est dit que faire livrer un colis chez ses voisins pouvait être LA bonne idée.
«J’ai regardé sur internet s’il y avait des sites à ce sujet, et il n’en existait pas mis à part sur Paris», explique-t-il. Alors, le jeune haut-saônois, informaticien dans l’âme, décide de se lancer. En 2011, il créé sa société «Colis du Voisin» et met en ligne
«un site communautaire qui met en relation des réceptionautes (les voisins disponibles) et des déposinautes (les personnes qui attendent un colis)».
Développé à l’échelle nationale,
colisduvoisin.fr a rassemblé en deux ans, un millier de membres.
«Le service a bien fonctionné dans les très grandes villes, mais pour améliorer sa qualité, j’avais besoin de plus d’argent», confie le jeune entrepreneur. Aujourd’hui, fort de plusieurs évolutions, le procédé se fait de cette manière :
«Quand la personne est absente, les transporteurs localisent les voisins disponibles grâce à une application. Ces derniers se seront inscrits auparavant comme réceptionnautes en indiquant leurs disponibilités. L’inscription est professionnelle, claire et rassurante, et l’identité est vérifiée. Quant au destinataire, il est prévenu en temps réel de la remise du colis à son voisin par SMS, mail ou par le suivi en ligne. Notre solution est souple, et fonctionne tous les jours de l’année».
Au-delà d’un service rendu à ses voisins, elle permet aussi de créer un peu de lien social. Le fondateur de la société encourage les inscriptions en proposant un système de points (40 points par colis ; 800 points équivaut à 8 euros) qui permet d’effectuer des achats sous forme de chèque cadeau sur un grand site de commerce en ligne.
Trouver des investisseurs :
le parcours du combattant
Plongé jours et nuits dans ce projet depuis quatre ans, l’entrepreneur haut-saônois s’est fait remarqué à plusieurs reprises pour la création de cette startup : prix national de la création d’entreprises en 2012, trophée économie et diversité Franche-Comté 2014… Ces récompenses, au-delà de l’encourager lui ont permis de rendre viable le projet et de le mener jusqu’à une étape importante et difficile : la levée de fonds.
«Seulement une dizaine de projets par an sont retenus, glisse-t-il.
Trouver des fonds, c’est le parcours du combattant, surtout en Franche-Comté. Pour en arriver là, j’ai étudié longuement la gestion d’entreprise financière et boursière, et ainsi su montrer qu’il était solide».
Par effet domino, il a pu décrocher des prêts dans les banques. Le fondateur et gérant a pu ainsi réaliser une étude de marché complète et développer son outil au mieux :
«Tout est automatisé : les cas de figures, les problématiques, les situations possibles ont été anticipés».
Depuis le mois de septembre 2014, sa société s’est agrandie et ils sont désormais deux, avec la cofondatrice Liliane Corsi, à travailler à temps plein sur ce produit. Un développeur pourrait même être embauché. Sa réussite passe par l’adhésion de transporteurs que Geoffrey Besançon était en train de démarcher lorsque nous l’avons rencontré :
«Il y a un vrai intérêt auprès des transporteurs, car le coût d’un second passage est très cher pour eux». Testé, réfléchi, rodé, le service est conçu pour traiter un volume de colis important et peut s’étendre à plus grande échelle. Pourquoi pas en Europe ?
«L’outil peut être développé partout», répond-il sans s’avancer. Partout ? Enfin, pas vraiment. Ironie du sort, le «Colis du voisin» aura très peu de chance d’être déployé en Franche-Comté. Besançon par exemple, est
«trop petite».
«Chaque ville est différente, mais le service fonctionne de manière optimum dans de grandes agglomérations, où le nombre d’habitants et donc de réceptionnautes sont importants», explique-t-il. Mais l’équipe a pensé à tout. Elle sait que le succès passe par la constitution d’une communauté importante de "voisins" dans tout le pays et recrute aussi en ce sens, en ligne, sur des sites spécialisés.
Simon Daval
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