Agathe et Elias ont un projet, monter un lieu d’agroécologie. Mais ils ne se précipitent pas, se donnent « une marge de 5 ans » et procèdent par étapes afin d’appréhender au mieux tous les aspects d’une telle démarche.
« J’ai vu des gens en difficulté parce qu’ils n’avaient pas tout prévu et sont laissés surprendre » signifie Elias. Dans leur réflexion, Stages Monde est une étape venue à point nommé. Le dispositif de la Région BFC leur a permis de passer plusieurs mois dans la ferme
AuroOrchard à
Auroville, en Inde (1). Ils y sont arrivés en mars 2024, prolongent l’expérience jusqu’en février
« afin de vivre un cycle agricole complet » et espèrent découvrir un peu le pays avant un retour en France en mai.
« J’ai une gratitude infinie pour Stages Monde car avant ça, je n’avais pas d’expérience agricole développée confie Agathe.
J’ai pu voir que je suis capable de m’en sortir alors que les métiers de l’agriculture sont difficiles et j’ai trouvé des idées à peaufiner ». Elias est tout aussi satisfait.
« J’ai appris beaucoup notamment sur le quotidien des volontaires, leur intégration, la façon dont ils dynamisent la ferme. La transmission est vraiment un aspect important. » Un plus à ne pas négliger :
« On parle en anglais et c’est un point très positif. On a fait des présentations de la ferme en anglais, ce qui était un vrai défi. J’aime transmettre et pouvoir le faire en anglais est un atout ».
Dans leur idée, sensibiliser et faire passer des valeurs agroécologiques fait partie du projet, mais ce dernier
« est encore flou ». Que produire ? Où ? Comment ? Proposer des formations ? Autant de questions qui restent en suspens.
« C’est pour ça qu’on veut explorer le monde, expérimenter à l’étranger avant de s’installer résume Elias.
L’expérience en Inde était vraiment un laboratoire pour notre future ferme. C’était bienvenu et parfait, d’autant qu’on nous a fait confiance rapidement et qu’on a pu prendre des responsabilités. Sans Stages Monde et sans la bourse, on n’aurait pas pu faire cette expérience ». Au cours du stage, Agathe travaillait plutôt à la pépinière, notamment à la collecte de semences tandis qu’Elias était dans les champs pour gérer les volontaires et la production de légumes.
Un autre rapport à la vie
Cette expérience leur a permis à la fois de conforter et de faire évoluer leur projet qui poursuit un cheminement devenu commun après leur rencontre en 2017, lorsqu’ils étaient animateurs au même endroit, et la découverte de similitudes dans leurs évolutions et réflexions personnelles, autour de notions comme l’écologie, l’autosuffisance, la consommation responsable.
Agathe Marmorat est née à Chalon-sur-Saône il y a 29 ans. Après des études de commerce, elle a pris une année de césure, fait plusieurs petits boulots dans l’agriculture ou auprès d’enfants avant de devenir conseillère en naturopathie après 3 ans d’études en distanciel.
Elias Krouk, 28 ans, est quant à lui lyonnais. Après des études en langues et en psycho, lui aussi a multiplié les expériences : volontariat au Canada et en Colombie, notamment dans une ferme agroécologique, service civique dans un jardin pédagogique en Ardèche, formation d’animation à l’agroécologie avec
Terre & Humanisme et 3 années à exercer la profession de maraîcher.
« C’est surtout pendant mon volontariat en Colombie avec un plaisir à être dans la nature que je n’avais pas connu auparavant, que j’ai vraiment pris la mesure de certaines choses liées à la société de consommation dont j’avais moins conscience en tant que jeune lyonnais. » Pour être souvent allée à Madagascar,
« pays à la culture tellement différente », Agathe connaît ce sentiment depuis l’enfance.
« Quand on voit le contraste, quand on voit des choses changer rapidement à l’échelle de notre petite vie, par exemple les petits récifs coraliens en danger, la conscience est accrue ».
« Il y a urgence à arrêter de dévorer tout ce qui nous entoure » estime Elias. Conscients d’avoir découvert l’Inde de manière biaisée, Arouville étant une enclave peuplée d’occidentaux, dans une zone moins touchée par les dérèglements climatiques, ils ont cependant constaté une ultrapollution qui
« montre à quel point on produit des déchets ». « Mais le côté spirituel d’Arouville avec un autre rapport au temps, à la vie, aux biens matériels nous a fait beaucoup de bien ». Sans parler de l’accueil :
« Il y a une simplicité, un naturel à aider auquel je ferai plus attention » pense Agathe.
Dans l’ensemble, ils ont plus de visibilité sur leur projet, sachant notamment qu’il demandera une grosse charge de travail.
« Une fois rentrés, on cherchera peut-être d’autres endroits inspirants. Le jour où on sera installé, ce sera beaucoup plus dur de voyager, alors on le fait maintenant. »
S.P.
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