C’est une belle jeune fille de son temps, tout juste majeure, souriante et plutôt bavarde, qui court, nage et pédale vite, et qui arbore un vrai caractère de battante. Malgré un gros mental, sa voix se teinte de tristesse à l’heure d’évoquer la période compliquée qu’elle traverse : Agathe ne s’entraîne plus depuis fin 2016, affaiblie par un mal mystérieux à l’abdomen.
«Les médecins cherchent mais ne parviennent pas à trouver ce que j’ai. On m’a parlé de problème cardiaque, de choc émotionnel, d’allergie, de sténose… ». Pour traverser ce long tunnel, elle peut compter sur le soutien sans faille de la cellule familiale qui fonctionne à plein régime, comme en temps normal, quand papa planifie et anime les séances d’entraînement alors que maman s’occupe de la logistique. Avec une limite intangible : on ne parle pas de triathlon à la maison ! Les copains de l’équipe de France sont au soutien aussi. «J’ai encore pleuré l’autre jour en découvrant la super carte postale qu’ils m’ont envoyée.»
Lorsque la forme reviendra, les envies d’Iron Man et les rêves olympiques retrouveront naturellement leur place puisqu’Agathe aura 25 ans lors des JO de Paris 2024. D’ici là, il faut penser à se construire un avenir professionnel. Staps, la filière tendance ? «Je n’en ai pas envie. J’ai choisi de m’orienter vers un bac pro esthétique, avec l’ambition d’ouvrir plus tard mon propre commerce.» On peut être sportive et coquette, s’intéresser à la mode et à l’art. L’image de la nageuse aux épaules type "Allemande de l’Est" en prend un sérieux coup. Les autres "kiffs" d’Agathe, c’est le chant, la danse, le hip-hop, la guitare. «J’aimerais entrer un jour dans un chorale gospel».
Toute petite, déjà…
Retour aux sources. Fille de sportifs, Agathe accompagne très tôt son père Fréderic au bord des terrains de rugby et sur les triathlons. Ses prédispositions pour la course à pied sautent aux yeux lors de sa première "compèt", qu’elle achève sur le podium, tout en pratiquant également le judo. A l’heure du choix, vers 12 ans, elle opte sans hésiter pour le triathlon, comme papa, et se licencie au Tri Val de Gray (Haute-Saône) bien que domiciliée à Saône (Doubs).
Juin 2015, premier coup d’éclat international. Agathe s’offre deux titres de championne du monde UNSS, en individuel et par équipe, à Versailles. Des sélections en Equipe de France de montagne et une 4e place au championnat du monde suivront, grâce à un travail acharné, au rythme de 5 séances hebdomadaires de natation, 3 à 4 séances de course à pied et 2 à 3 séances de cyclisme, respect ! «L’entraînement est très varié. Le but, c’est de garder ses points forts et améliorer ses points faibles. Pour ma part, je suis partie de très loin en natation. Mais avec des perfectionnements techniques, c’est fou le temps qu’on peut gagner !» Poser sa nage, bien utiliser le prolongateur du vélo, améliorer la «qualité de pied», la tâche est immense et Agathe n’a pas peur de bosser. Fan du triathlète vésulien Vincent Luis, et, plus loin de nous, des monstres Teddy Riner et Usain Bolt, «qui savent gagner en souriant», elle repartira de plus belle une fois rétablie. Dernière question : on pense à quoi, Agathe, quand on regarde le fond de la piscine pendant 2 heures ? «A rien, on reste concentré sur ce qu’on a à faire.» Un gros mental, on vous dit.
Christophe Bidal
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