mars 2017

«Il n’y a que des bonnes raisons pour partir»

A 18 ans, après son bac S option arts plastiques, François Compagnon a décidé de faire un stage à l’étranger. Le jeune franc-comtois originaire de Belfort est actuellement à Cork, en Irlande, histoire d’acquérir des compétences, notamment linguistiques. Un stage de 4 mois grâce au programme Erasmus+de la fédération régionale des Maison familiales rurales.

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Pourquoi as-tu souhaité partir ?
Pourquoi partir ? Parce que pourquoi rester ? La raison majeure était surtout l'indépendance ! En fait ce n'était pas trop prévu… J'avais postulé à trois Manaa (1) sur admission postbac et je n’ai pas été reçu. Je me suis retrouvé avec douze mois d'attente devant moi ! Lors des portes ouvertes d’une Manaa, j’ai assisté à conférence disant que toute expérience était bonne à marquer sur un CV, en particulier s’il s’agit de partir à l'étranger durant une année de transition.
Le choix était vite fait : entre le vœu d'indépendance, le bon point pour une prochaine candidature en Manaa et le fait d'améliorer mon anglais, il fallait que je parte. Rien ne nous oblige à vivre là où on est né. Après avoir travaillé en intérim dans différentes entreprises, mon besoin de voir encore plus de nouvelles choses, de découvrir d'autres métiers et personnes, de diversité était encore plus grand. Je pense aussi que cela m'aidera plus tard à voyager, rencontrer, échanger avec d'autres personnes. Il n'y avait pas de raisons de rester, mais plutôt des raisons de partir.

Comment as-tu entendu parler d’Erasmus+ ?
Ma mère m’a conseillé d’aller au Crij pour avoir des informations pour partir à l'étranger. Et là, j’ai eu un super accompagnement que ce soit pour le CV, la lettre de motivation, pour me guider dans les recherches, pour remplir le dossier, etc. Ce programme Erasmus+ était ce qu'il y avait de mieux par rapport à ce que je voulais. C'est à nous de trouver le stage, même si, pour mon cas, j’ai répondu à une offre dont disposait le Crij. C'est aussi  à nous de trouver le logement, ce qui permet de choisir un peu l'ambiance dans laquelle on va vivre : ce n’est pas la même chose d’être en famille d'acceuil, en colocation, en auberge de jeunesse ou dans un logement uniquement pour soi. Mais surtout, c’est un programme qui donne les moyens de partir car je suis actuellement rémunéré par Erasmus+ !
Je n'ai qu'une remarque à faire : pourquoi n’en ai-je pas entendu parler plus tôt ? C'est décevant que durant les heures de classe au collège et au lycée, personne ne nous parle de ce programme. Cela permettrait notamment aux élèves sans admission postbac de mettre a profit ces 12 mois d’attente.

A-t-il été facile de franchir le pas ?
Comme je l'ai dit avant, il était plutôt difficile de rester ! Quand on a décidé de partir, on est déjà prêt à franchir le pas. Ce qui n'est pas facile c'est de se retrouver face à ses compétences. Car même si la famille, les amis sont là pour vous encourager, vous vous retrouvez face à votre niveau de langue, à votre compréhension, à votre sens de la débrouille, à votre capacité à vous bouger. Le plus dur n'est pas de faire le pas, mais de voir de quoi on est capable et qui on est. Le pas c’est peut-être d’apprendre à dire oui et d'avoir une ou deux personnes derrière soit qui nous disent «allez on va au Crij aujourd'hui !».

En quoi consiste votre stage ?
J'effectue mon stage dans une association caritative qui s'appelle the Greater Chernobyl Cause, qui se situe dans le sud de Cork. C'est une association à but non lucratif qui vient en aide aux victimes de Tchernobyl en ex-URSS. Elle a déjà construit des centres afin d'accueillir et de soigner les malades issus de l’ accident nucléaire. Elle envoie beaucoup de biens tels que des vêtements, du matériel pour handicapés ou des jouets pour les enfants. On ne peut pas dire que j'ai une tâche précise, mais mon travail consiste à faire du management, de l'administratif, de la recherche de contacts, participer à des levées de fond ou même du secrétariat, participer au collectes réalisées par des étudiants volontaire qui font ça dans le cadre d'une "work experience". Mon rôle principal est de manager les volontaires qui sont là en général pour 1 à 2 semaines.

Et cela se passe bien ?
Ca va faire 6 semaines que je suis en Irlande et franchement ça a pris un bon mois pour que je n'aies plus de véritable effort de concentration à faire pour comprendre l'anglais. Mais j'avoue que lorsque que c'est un Irlandais local qui parle avec son débit habituel, ce n'est pas évident, d’autant que je ne sors pas d'une classe "Europe", que j'ai toujours été un élève moyen en anglais et que je n'ai jamais regardé de film ou de série en anglais.
En ce qui concerne le travail, j'avoue que c'est la première fois que j'ai eu autant de mal à m'adapter. Encore aujourd'hui, mon travail n'est pas parfait en raison de petites erreurs de compréhension. Mais dans l’ensemble je pense qu'on peut dire que ça se passe bien.

Comment se passe la vie en Irlande ?
La vie à Cork, c'est principalement du vent et des averses ! En ce qui concerne les loyers, pour une colocation il faut compter au minimum 500 euros. La nourriture à emporter est en général moins chère qu’en France, mais le prix d'un caddy moyen est similaire. Comme vous pouvez vous y attendre leur gastronomie n’est pas leur point fort, mais comment être objectif quand on vient de France ? On peut s’essayer à leurs habitudes culinaires, le porc, le porridge et les nombreux produits locaux, et il y a d'avantage de produit "vegan friendly" que chez nous, du moins en supermarché.   
Pour les sorties vous n'aurez aucun problème pour trouver des pubs et des clubs ! Seul bémol, tous les clubs et certains bars interdisent l'entrée aux moins de 21 ans et parfois aux moins de 23 ans. En ce qui concerne le tourisme, vous trouvez plein de magnifiques villages au bord de la mer. Il est d'ailleurs assez facile de se balader dans les environs grâce au réseau de bus ou en trouvant un voyageur qui propose de faire du covoiturage sur la page facebook des "Français à Cork".
L'ambiance est agréable, c'est une ville cosmopolite grâce aux entreprises telles qu’Apple et Amazon qui attirent des gens du monde entier. Il est facile d'entendre parler espagnol, italien, français, portugais (une grosse population vient du Brésil) et pas mal d'accents anglais différents (Indiens ou autres expatriés).

Ce séjour t’apporte-t-il quelques chose à titres
professionnel et personnel ?

Bien sûr ! D'un point de vue professionnel c'est énorme, cela me permet d'avoir une expérience de management alors que je n'ai fait aucune étude pour ça.
D'un point de vue personnel aussi : comme m'avait dit mon père «tu ne vas pas changer, tu vas juste découvrir qui tu es». Quand on va quelque part on se découvre avant tout soi-même. On découvre ses capacités à se bouger, à sortir, à se sociabiliser dans un environnement sans repère familier, à se débrouiller pas soi-même, pour la première fois. Et franchement, j'ai galéré avant de trouver cet équilibre où "tout va bien". Il faut apprendre à s’organiser, à être rigoureux et à se prendre en charge. Il faut sortir du cocon familial. Enfin personnellement, j'ai eu tout ce que je voulais car ce que je cherchais, c'était l'indépendance.

Donc tu conseillerais à d’autres jeunes de faire un stage à l'étranger ?
Evidemment ! Erasmus+ est un super programme alors je ne vois pas pourquoi il faudrait s'en priver, surtout si vous avez un stage en adéquation avec un projet professionnel. Autant faire ça l’étranger ! Autant que votre stage vous offre quelques chose de nouveau, la maîtrise d'une langue par exemple ou ne serait-ce que de nouveaux paysages. Autant que le stage soit mémorable et je pense qu'il le sera d'autant plus si vous essayez de créer de nouveaux repères. Autant passer un peu de temps de l'étranger loin de chez soi ! Avec Erasmus+, on est sûr d’être gagnant.

Recueilli par Stéphane Paris


(1)
Mise à niveau en art appliqué

En savoir plus
Fédération des MFR de Franche-Comté
12 rue de la Famille
BP 98927
25021 Besançon Cedex
0381803372
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