Alexandre Lehmann a 28 ans. Originaire de Morteau, il a suivi un parcours le menant en classe préparatoire scientifique à Besançon, à l'école des Mines à Paris, à un DEA en sciences cognitives et à une thèse au collège de France. Il a ensuite travaillé à l'organisation d'un colloque scientifique international et devait obtenir un poste aux Etats-Unis, avant que les fonds le validant ne soient supprimés.
«Lorsque c'est tombé à l'eau, j'ai pris contact avec un laboratoire prestigieux à Montréal et avec le Crij car j'avais entendu parlé des bourses de la Région Franche-Comté. Comme le labo était intéressé, les démarches ont été assez rapides. Je les ai entamées en janvier et en mai j'étais sur place pour un stage. Il s'est terminé récemment mais comme il s'est bien passé, il est possible que je retourne travailler avec eux à partir du dernier trimestre 2010. En attendant, j'ai en vue un poste dans une Université au Mexique…
Le laboratoire s'appelle Brams, il fait de la recherche sur le cerveau, la musique et le son. Pour résumer, mon travail a porté sur les réponses du tronc cérébral auditif humain à des sons artificiels simples et à des syllabes. J'ai étudié la modulation de ces réponses par l'attention et la perception visuelle en les mesurant par éléctroencéphalographie. C'est un domaine de recherche assez récent, en pleine explosion. Beaucoup de choses ont été faites sur la vision, mais peu sur la perception auditive.
Dans l'ensemble, je suis vraiment enchanté de mon séjour. D'abord parce que c'est un labo prestigieux, avec des équipements de pointe. J'ai trouvé des gens accueillants, serviables, souriants. Déjà, le tutoiement est de rigueur, ce qui modifie les relations, les rend tout de suite plus humaines. Dans mon domaine de recherche, plus de la moitié des experts mondiaux se trouvent à Montréal : c'était assez stimulant mais j'ai été aussi frappé par leur accessibilité. On ne sent pas la hiérarchie ou le prestige qui peut s'instaurer en France. Là-bas tout le monde mange autour de la même table, parle sur un pied d'égalité. C'est assez nord-américain. Du coup on a du plaisir à aller travailler, à discuter, à rester tard car il y a une bonne ambiance, beaucoup d'échanges.
Je me suis senti très vite intégré, notamment parce que je vivais en colocation avec des Québécois. Ce mode de logement me permettait d'avoir suffisamment pour vivre avec la bourse de stage. Le coût de la vie est moins chère qu'en France et la parité euros/dollars favorable.
J'aurais du mal à trouver un point négatif à ce stage, mais c'est vrai que je l'ai fait en été ! Chaque fois que j'ai eu un problème, j'ai trouvé quelqu'un pour m'aider. Il y a une amabilité, une serviabilité ambiantes qui incitent à faire pareil et beaucoup de petites choses dans la vie de tous les jours qui fluidifient les relations. Sur ce plan, c'est très différent de la vie à Paris. Pour le contact humain, le dépaysement et le nouveau regard que ça donne, je conseille à n'importe quel jeune de tenter cette expérience, à condition de vouloir sortir de ses préjugés, d'avoir l'esprit ouvert. Pour ma part, je suis très reconnaissant à ceux qui m'ont permis de faire ce stage. J'ai appris de nouvelles choses, je peux ajouter une expérience dans mon CV et cela m'a vraiment boosté dans ma carrière».
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