Caroline Guignard suit la voie de ses parents venus du Maine-et-Loire pour reprendre une exploitation de lait AOP comté bio (130 ha, 50 vaches, 10 génisses) à Grange-de-Vaivre dans le Jura. Après un bac sciences et technologies de l'agronomie et du vivant, elle a obtenu cette année son BTS analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole au lycée Lassalle, à Levier. Agée de 20 ans, elle s’est posée la question de poursuivre en licence. Mais sans vraiment trouver de voie qui lui convenait, elle a finalement décidé d’arrêter ses études pour travailler. Elle reprend la place de sa mère dans le Gaec (groupement agricole d’exploitation en commun).
Depuis quand souhaites-tu devenir agricultrice ?
Depuis longtemps ! Cela a toujours été ce que je voulais faire. Je ne me suis jamais posé la question d’autre chose.
Qu’est ce qui te plaît dans ce métier ?
Tout. Etre chef d’exploitation, donc indépendante. Travailler avec des animaux. J’aime la zootechnie, j’aime cultiver et ici, nous faisons nos propres céréales. Même le machinisme me plaît. En plus, cette diversité de tâches évite la monotonie.
Pas d’inconvénient ?
Peut-être l’administratif. C’est beaucoup de boulot, surtout pendant la transmission. Mais heureusement, on est aidé et conseillé en tant que jeune agriculteur. C’est concret, on sait qui contacter. Et en cours, on a eu des simulations. Sans le BTS, je mettrais plus de temps.
Tes études agricoles t’aident-elles également du point de vue du métier ?
Elles ajoutent un plus. Il y a des choses nouvelles que mes parents n’ont pas appris, que ce soit dans l’alimentation, les techniques de culture, la récolte de lait. C’est un apport sur de nombreux petits détails.
Que faut-il comme qualité ? Que dirais-tu à d’autres jeunes qui veulent se lancer ?
C’est très prenant, alors il faut vraiment être passionné. Par exemple on a des congés, il existe des organismes qui nous permettent d’en prendre mais on ne peut pas les prendre quand on veut. L’été, on ne peut pas, c’est une période cruciale pour les récoltes.
Et pour les jeunes femmes ?
Je conseillerais de faire un stage agricole avec une femme, ça peut être encourageant. Mais je crois que dans ce métier, pour une femme plus qu’un homme, il faut être déterminée, savoir ce qu’on veut, ne pas se laisser faire, être tenace. Mais c’est un métier qui endurcit. Au niveau du caractère, on s’affirme !
Le bio donne-t-il des contraintes ?
C’est plus de travail. On produit nous-mêmes nos céréales, sinon ça coûte trop cher. On n’a pas droit au phytosanitaire alors il faut des alternatives qui demandent plus de temps.
Souhaitez-vous faire évoluer l’exploitation ?
On est là depuis peu de temps alors on essaie déjà d’entretenir et d’améliorer ce qui existe. Après, pourquoi pas vendre du lait cru à la ferme ? C’est du lait bio, à parti d’herbe, ça peut intéresser les gens.
Y a-t-il des différences par rapport au Maine-et-Loire ?
Il y a la spécificité de l’AOP avec un changement au niveau de l’optimisation des pâturages. Ici, c’est moins poussé, moins intensif. Dans le Maine-et-Loire, c’est plus industriel, sous influence américaine. Ici, on est à taille humaine, plus proche du territoire. C’est ce que recherchaient mes parents. En plus la région est plaisante !
Comment ressens-tu l’image que donne l’agriculture ?
Elle est de plus en plus controversée. Le véganisme, on sent vraiment que ça s’amplifie. Ils sont de plus en plus présents, surtout sur les réseaux sociaux. Certains font la part des choses, mais d’autres non. Certains écologistes aussi… Parfois ça fait peur. Beaucoup interprètent des choses qui ne sont pas la réalité. J’aimerais bien qu’ils viennent visiter l’exploitation pour voir comment ça se passe.
Recueilli par Stéphane Paris
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