Alain Richard poursuit un rêve : devenir créateur de mode. Actuellement en terminale au lycée Jean Michel à Lons-le-Saunier, il espère intégrer l’Ecole de la chambre syndicale de la couture parisienne, l’une des plus prestigieuses du genre. Un rêve, «depuis l’âge de 5 ans». Presque une réalité : admis pour la rentrée prochaine, il ne lui reste plus qu'à obtenir le bac. «C’est une école compliquée à atteindre, il y a énormément de demandes et une forte sélection. Ils ne prennent qu’une quinzaine d’élèves». Le jeune lédonien a mis tous les atouts de son côté. Il a notamment organisé récemment deux gros défilés. Le premier, soutenu par IJ Jura et la Caf, le 23 avril dernier au Bœuf sur le toit : 52 demoiselles dans 52 tenues de prêt à porter et un défilé monté avec l’aide de deux couturières et de jeunes compositeur (Silvano) et décoratrice (Maeva Loersch).
Le deuxième s’est déroulé le 7 janvier au Carcom devant 300 personnes, avec cette fois 52 tenues femmes mais aussi 30 tenues hommes. «Ca donne un peu le trac confient Lise Maître et Manon Mazué, deux amies lycéennes qui ont participé. Mais ça nous a plu, on le referait bien». Alain Richard possède l’enthousiasme et la passion qui incitent les gens à vouloir l’aider. Mais cela n’a pas toujours été le cas. «En seconde, j’étais dans un autre lycée et ça se passait plutôt mal ; on ne m’acceptait pas. Mais j’ai évolué, j’ai grandi, je me suis fixé des objectifs, j’ai affirmé mes opinions et mes points de vue et finalement ça se passe mieux. Beaucoup de gens m’accompagnent dans mes démarches».
Démocratiser
la mode
Sans vouloir mentionner leur nom, il rend un hommage appuyé aux deux couturières qui ont apporté leur contribution à son premier défilé. Il relie également sa passion à sa grand-mère : «petit, je l’ai toujours vu, ainsi que d’autres personnes de sa génération se débrouiller seule pour faire linges, draps, couettes. C’est elle qui m’adonné les rudiments. Ensuite j’ai essayé tout seul : toucher le tissu, épingler, faire des confections. J’étais parfois honteux, parce que la norme de la société, ce n’est pas qu’un homme s’intéresse à la mode, surtout dans le Jura. Mais mes parents m’ont toujours encouragé. Moi, j’aime la matière drapée, j’aime le flou, j’aime voir les femmes dans la rue heureuses de porter un vêtement et se pavaner».
Le jeune homme sait ce qu’il veut. Il est déterminé à intégrer une école dont les frais s’élèvent à 11 000 euros par an «et il faut se nourrir et se loger à Paris». Le milieu où il s’engage exige une certaine forme d’ambition. «La sélection d’entrée à l’école comprend une présentation de travaux mais aussi un entretien de culture générale et des explications sur la façon dont on voit les choses. Personnellement, je n’aimerais pas contribuer à l’image de porte de prison qu’a ce monde très sélectif et très fermé de la mode. En France, il est symbole de luxe. Il faudrait pouvoir le démocratiser un peu». S’être formé et avoir fait toutes ses démarches par lui-même ne l’empêche pas d’admirer les grands noms : «Dior, St-Laurent, Chanel, Lagerfeld, Gaultier… Mais je ne veux pas faire de plagiat». Alors il travaille même si cette passion coûte («il faut investir dans la matière alors je paye de ma poche, je vends quand je peux, je redécoupe et réutilise») : «je m’instruis à l’école et à l’internat. Dès que je n’y suis plus, je suis dans la mode. Je dessine et je couds. J’y passe ma vie».
Stéphane Paris
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