« Le plus incroyable dans cette aventure, c’est la déconnexion complète avec le reste du monde », explique Alexis Veldeman. Il est arrivé en novembre dernier sur les îles Kerguelen, un archipel français dans l’océan Indien à plus de 12 000 km de la métropole. Un sanctuaire de biodiversité qui abrite une station scientifique.
Le jeune homme de 27 ans passe ses journées à observer une dizaine d’espèces d’oiseaux ainsi que des éléphants de mer et des otaries. Il suit leurs déplacements, leur comportement, leur reproduction et pose des bagues aux oiseaux pour les identifier. Objectifs :
« Étudier l'évolution des populations et construire des prédictions sur leur évolution future en fonction des changements climatiques et de l'impact de l'homme », détaille-t-il.
Le Bourguignon d’adoption est là-bas dans le cadre d’un volontariat de service civique de quatorze mois. Il exerce pour le compte de l’
Institut polaire français, sous la tutelle du
Centre d'études biologique de Chizé (Deux-Sèvres). Cette mission, il en rêvait depuis un moment.
Une mission très attendue
Passionné par la nature et les animaux dès l’enfance, ce natif du Pas-de-Calais est arrivé à Dijon à 20 ans pour effectuer une
licence suivie d’un master en biologie des organismes et des populations. Son diplôme en poche, il décroche en 2018 un service civique volontaire au sein de la Ligue de protection des oiseaux de Bourgogne-Franche-Comté.
Puis, il obtient un CDD au sein du CNRS de Chizé.
« Cela faisait deux ans que je postulais pour partir en mission dans les Terres australes et antarctiques françaises, mais je n’avais pas les expériences suffisantes au vu de la concurrence. J'ai donc profité de ce contrat dans un laboratoire pour rencontrer des chercheurs qui travaillaient là-bas », se remémore-t-il. Le jeune homme suit leurs conseils afin d’avoir toutes les compétences requises pour être retenu : avoir plusieurs mois d'expérience en manipulation d'oiseaux de toutes tailles, de bonnes connaissances en écologie, des expériences en randonnée en autonomie, des notions d'escalade… Et cela paye ! En juillet dernier, la nouvelle tombe : il est pris aux îles Kerguelen.
« Ça a été une joie intense de l'apprendre, je ne pouvais plus quitter mon sourire », se souvient-il.
Trois mois plus tard, il s’envole pour La Réunion, où il passe deux semaines en quarantaine. Puis, le 29 octobre, il embarque à bord du Marion Dufresne, le navire qui fait la liaison entre l’île et Kerguelen, à plus de 3000 km de là. Il débarque finalement sur l’archipel plus de deux semaines plus tard.
« Une expérience de vie extraordinaire »
Quand il est en mission sur le terrain, Alexis réside dans des cabanes en pleine nature, avec deux ou trois collègues. Il passe le reste du temps à Port-aux-Français, la base militaire et scientifique de cette collectivité d’outre-mer ravitaillée seulement quatre fois par an par bateau. Pour lui, le dépaysement est total. «
Les paysages sont incroyables. C'est très sauvage et en même temps, on voit bien que l'homme est présent depuis des dizaines d'années : la base est confortable, les cabanes bien adaptées aux conditions climatiques ». Ce passionné de randonnée, qui aime courir dans de grands espaces, est ravi de pouvoir étudier
« des espèces qu'on ne voit quasiment que sur les îles subantarctiques et antarctiques ».
L'ornithologue ne verra pas ses proches avant la fin de sa mission, en décembre, mais il s'y était préparé. Outre l'aspect scientifique, il profite de l'aventure humaine qu'il vit sur place.
« Militaires, scientifiques, personnel de cuisine... Nous sommes moins d'une centaine à se côtoyer sur l'archipel, c'est une expérience de vie extraordinaire ». Quant à savoir ce qu’il fera à son retour dans l’Hexagone, il l’ignore. Une chose est sûre : il continuera à œuvrer pour préserver la biodiversité.
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