“Je me considère comme un débutant” dit Fayçal Salhi. A l’écoute de ses 8 compositions personnelles de “Timgad”, on se dit que le “débutant” a d’ores et déjà fait ses preuves. Car c’est un très bel album qu’il vient d’enregistrer avec le Fayçal Salhi quintet ; un album tourné vers l’orient (hommage au grand compositeur libanais Rabih Abou Khalil ou à la musique populaire égyptienne) avec des clins d’oeil à l’occident ou au jazz. Un album dans lequel le oud apporte ses inévitables tonalités d’exotisme fascinant, mystérieux. Un album qui voyage entre allégresse (“Ah ! Ya Rabih”) et mélancolie (“Entre deux mondes”).
La modestie de Fayçal Salhi est sans doute liée à son approche récente de la musique. Né en Algérie il y a 26 ans, arrivé à Besançon en 1990, il a commencé à jouer il y a 7 ou 8 ans. “Un jour, un oncle m’a offert une vieille guitare, qui n’avait plus qu’une corde. Même si je suis d’une famille de musiciens, plutôt rock et blues, je m’y suis mis en autodidacte. Puis j’ai pris des cours à la MJC Palente, avec Denis Naegely, un excellent pédagogue qui a vite compris que j’étais réfractaire à tout ce qui est partitions. Je m’intéressais au hard rock, à la guitare électrique, il m’a fait découvrir d’autres musiques, du jazz, des musiques du monde. Et je suis tombé amoureux de la chaleur du son du oud. J’ai enlevé des frettes de ma guitare pour avoir un son proche puis j’ai fini par m’en procurer un vrai en Algérie”. La composition ? “Un grand mystère, une affaire d’introspection, de choses qui ressurgissent, d’émotions fortes qui ont besoin de s’écouler d’une manière ou d’une autre. La musique est un très bon moyen de les extérioriser. Dans les grosses périodes, je peux être toute la journée sur l’instrument”. Il a passé plus d’un an sur le disque, avec des musiciens rencontrés à Palente, devenus des amis : Christophe Panzani (saxophones, flûte), Anaïs Bodart (violoncelle), Vladimir Torres (contrebasse) et Etienne Demange (batterie, percussions), ainsi qu’une chanteuse, Yasmina, sur un morceau. “Ils sont pleins de talent et avec eux se sont créées des affinités très fortes, aussi bien musicales qu’humaines. Pour moi, le disque n’est pas une fin en soi, mais le début de quelque chose”.
S.P.
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