Entre l’occident et l’Inde, ce jeune bisontin a suivi une trajectoire idéale : bac mention TB, intégration à Sciences-Po sur dossier, avant de choisir de passer sa 3e année à l’étranger à Bombay (ou plutôt, désormais, Mumbai). À partir d’un intérêt pour les problématiques de développement et d’urbanisme des grandes villes du «sud» et d’une envie de découvrir la culture indienne, les raisons de ce choix sont d’ordre pratique : un pays au régime plus libre que d’autres, l’anglophonie et la présence d’une université donnant accès à un master en travail social.
Malgré ces éléments, son arrivée en juin dernier «a été un choc culturel total». Certainement amplifié quand on a 20 ans et que l’on quitte l’Europe pour la première fois.
«J’ai mis deux mois à m’adapter à la ville, prendre du recul et apprécier. La taille, la population, la pollution, le bruit, la pauvreté de masse ne sont pas évidents à appréhender. 60 % de la population vit dans un bidonville. Je me suis posé beaucoup de questions par rapport à la société indienne qui tolère des inégalités importantes, des fortunes qui cohabitent avec la pauvreté et ce, sans la violence que l’on peut trouver au Brésil par exemple. Il y a très peu d’insécurité ici». Anecdotique mais représentatif : le pot de Nutella est plus cher que le salaire d’une personne employée à domicile.
Se rendre compte par soi-même est l’un des intérêts du voyage.
«Ce que l’on peut savoir de l’Inde est très différent de l’expérience de terrain. Il y a des clichés sur l’Inde en voie de développement qui donnent une image fausse. Ce développement bénéficie à peu de personnes, les inégalités croissent».
Placé dans une ONG, il travaille avec des enfants sourds et aveugles. Il fait de l’anglais, des maths, de l’ordinateur et les aide à fabriquer des objets qui leur permettront de gagner un peu d’argent (bijoux, cuisine, bougies…). Une expérience qui, de toute façon, aura changé ses perspectives.
«En arrivant à Sciences-Po, tout le monde veut être diplomate, ministre ou travailler dans l’humanitaire. Au bout de deux ans, plus personne ne sait vraiment ce qu’il veut faire. La 3e année permet d’affirmer sa voie. Ce que je fais aujourd’hui me plaît et j’aimerais ensuite m’orienter vers le développement, même si c’est difficile : il faut des bases économiques solides et les places sont limitées».
Il relativise également, au-delà de son cas personnel : «beaucoup de gens se plaignent en France de payer trop d’impôts sans voir à quel point cela sert à une certaine solidarité de société. Par rapport à la précarité de masse qui existe en Inde, je suis devenu plus conscient de certains côtés positifs de la société française».
S.P.
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