Aurèle Daubargues n’a pas choisi un chemin facile. Les obstacles étaient nombreux sur la voie qui l’a menée à ouvrir la boutique Skate ‘n’ roll à Besançon. Le simple fait de lancer un commerce. Le faire pendant les travaux du tram bisontin, dans une période de crise. Sans expérience. Et dans un domaine traditionnellement masculin. Mais transformer une passion en profession lui a donné l’envie nécessaire pour passer outre. Son magasin est ouvert depuis décembre 2013. Et la passion lui permet justement d’ajouter une réelle plus-value à la vente. A deux adolescents venus acquérir une planche en cette fin décembre, elle prend le temps d’expliquer, de détailler les différences d’utilisation selon le matériel et la pratique, de donner de multiples conseils précis sur la manière d’utiliser et d’entretenir un skate.
«Cela fait 12 ans que je pratique. Et 7 ans que j’ai envie de faire ce magasin précise la jeune femme de 27 ans. Depuis que je suis entrée, à Nice, dans une boutique spécialisée qui était un repaire de passionnés. J’ai tellement apprécié l’ambiance que je me suis dit que c’est ce que je voulais faire, que c’était vraiment un rêve. A l’époque, j’étais en hypokhâgne» (1).
Du rêve à la réalité : 3 ans en LEA, un master management à Strasbourg puis un an à Barcelone en spécialisation administration des entreprises. Elle a également suivi une formation de 2 mois à Initiative Doubs pour se familiariser à la création d’entreprise, vérifier la viabilité du projet et obtenir un prêt d’honneur, son «seul appui financier avec celui de ses proches».
«J’avais tellement envie que je me suis lancée tête baissée. L’aspect financier a été difficile. J’ai eu aussi du mal à trouver un emplacement. Mais le plus dur, c’est tenir, le temps que le magasin acquière une clientèle. Le lancement na pas été évident».
Créer de l'animation
Au bout d’un an, elle est plutôt satisfaite du résultat. «Ca marche plus que j’espérais, il y a même une vie autour du magasin à laquelle je ne m’attendais pas - d’ailleurs, je tiens à dire merci à tous ceux qui me soutiennent. Du coup ça fait naître des projets cool».
Par exemple, la création d’un t-shirt, fruit de la collaboration avec une marque de vêtements et l’un de ses amis tatoueur qui a créé le dessin. Depuis l’ouverture du magasin, elle ne manque pas d’idées. Elle a commencé par ouvrir un rayon disques vinyl rock, punk, rap, pour aider les associations locales, elle-même faisant partie de Mighty Worm. «Je ne fais que du neuf et ça amène des gens de 7 à 77 ans !».
Prochainement, elle envisage de mettre en place avec l’Asep des cours de skate, voire des stages découverte. Elle apprécie visiblement ces coopérations qui lui permettent de ne pas travailler uniquement dans son coin. Après tout, le skate est un sport individuel qui se pratique en collectif. «Et ce n'est pas que pour les jeunes. J'ai des clients qui s'y mettent à 40 ans».
Commercialement, elle a su trouver sa place en ville où il n’y a qu’un seul concurrent, Slide box. «Mais on s’entend bien, on travaille même ensemble, on a les mêmes fournisseurs, on se répartit les produits. La différence est que je ne fais que du skate et je travaille avec plus de marques françaises».
Bref, elle a su se faire accepter comme lorsqu’elle a commencé le skate.
«A l’époque, il devait y avoir 3 skateuses à Besançon raconte celle qui fait aujourd’hui partie Sirocco skate club. Mais les mentalités évoluent. Aujourd’hui c’est moins "macho"».
Stéphane Paris
(1) Ou lettres supérieures, classe préparatoire littéraire.
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