L'an dernier, Didier Brunet s'est dit agréablement surpris par la prestation d'Aurélien Bello à l'occasion de «Jeunes pousses à l'opéra». Au point de lui demander de revenir cette année dans sa programmation de musique de chambre. De son aveu, le directeur de l'Opéra-théâtre de Besançon n'est pourtant pas un inconditionnel de la harpe mais avait apprécié, comme le public, une prestation «loin de toute mièvrerie et de tout maniérisme». A 22 ans, Aurélien Bello parvient à donner une idée neuve de son instrument. «J'essaye de casser cette image d'Epinal liée à la harpe, celle de jeunes filles jouant de la musique romantique dans un salon. II est possible de montrer qu'elle peut être un instrument moderne».
Réalité indéniable, il fait partie de la petite minorité d'hommes qui jouent de la harpe. Son intérêt pour cet instrument remonte à l'âge de 4 ans. Son père est alors professeur de guitare à Montbéliard. Un jour, il le voit jouer en duo guitare et harpe. L'instrument le fascine d'emblée parce qu'il a plus de cordes. Depuis, cette curiosité .d'enfant s'est muée en passion et en pratique intensive. A l'Ecole de musique de Montbéliard, il a la chance, selon lui, de tomber sur une excellente enseignante, Josette Rives. Lorsqu'elle est nommée au conservatoire de Besançon, il la suit. Puis il entre en 1999 au conservatoire national supérieur de musique de Lyon. Pour un cursus intensif de 4 années.
Au cours de ces études, il n'oublie pas de se pencher sur l'écriture et la direction d'orchestre. «Pour avoir une vision générale de la musique. Parce que c'est vrai que les perspectives de la harpe sont un peu limitées, le répertoire pas très riche».
Un emploi du temps voué à la harpe
II termine ses études cette année, mais d'ores et déjà, donne des concerts. Le mois dernier, il était en Suisse et au Japon avec l'orchestre Gustav Mahler. Il dirige également un petit ensemble à Lyon, «Offrandes». A l'Opéra-théâtre, il sera pré-sent le 13 mai au sein d'une autre formation, le Trio Mallarmé. Créé avec deux jeunes rencontrés au sein d'un orchestre en 2000, il associe harpe, alto et flûte. «Dès qu'on s'est rencontré, on a tout de suite eu envie de jouer ensemble». C'est De-bussy qui a inventé cette formation et leur pièce principale est une sonate de ce dernier. Le nom Mallarmé a été adopté pour la période qu'il représente et parce que le poète plaisait à Debussy. Mais c'est avec «Envols d'écailles pour flûte, alto et harpe», pièce contemporaine d'Alain Louvier, qu'Aurélien Bello montre le mieux un visage neuf de la harpe, jouant no-tanunent avec un archet.
Il dit «se lever et se coucher en musique». «Je ne m'en lasse pas, il y a peu de moments où je m 'arrête». En vrai passionné, il aimerait évidemment voir son instrument mieux reconnu. «Je pense que la harpe se démocratise, de plus en plus de gens en font. C'est un instrument qui fascine les enfants et il faut oser les encourager parce qu'on peut facilement y avoir accès dans les conservatoires. C'est vrai qu'une harpe coûte cher : 20000 euros pour une harpe d'études, 27000 pour un instrument de concert. Mais je n'ai eu ma première harpe qu'à 16 ans et avant j'ai toujours pu exercer au conservatoire».
Stéphane Paris
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