On peut être à Vesoul, et même plus précisément à Echenoz-la-Méline, et proposer un studio d’enregistrement, arrangement, mixage et mastering professionnel de qualité. C’est même aussi avantageux que de se trouver dans une grande ville selon Esteban Blaison qui, à 24 ans, vient de lancer Esiaprod. « Ce n’est pas plus compliqué que dans une ville où le marché est sursaturé et où il n’y a pas grand-chose qu’on ne peut pas faire ailleurs. Je peux travailler avec des gens de Lyon, Strasbourg, Paris, sans forcément les rencontrer ».
En termes de production musicale, il le prouve. A son actif, Esiaprod a déjà quelques références : deux singles avec la chanteuse angevine Séri, un autre avec la chanteuse pop belge Nel, les prises de son pour le téléfilm de Philippe Claudel Le Bruit des trousseaux. « Je ne m’attendais pas à autant de contacts et de projets aussi vite » dit-il alors que le studio a véritablement démarré ses activités en début d'année.
Esteban travaille aussi bien avec des groupes locaux comme Duod’A ou les Nancéiens de LeGrandBleu qu'avec des artistes internationaux. Ses critères : « Il faut que le projet soit déjà suffisamment abouti, sinon ce ne sera satisfaisant ni pour l’artiste, ni pour moi. Il faut pouvoir s’appuyer sur une certaine base. Cela étant, j’écoute suffisamment de choses pour m’aventurer dans beaucoup de styles différents Et j’aime découvrir : j’ai travaillé avec Geneviève Morissette, une Québecoise qui fait de la chanson presque humoristique. Ce n’était pas du tout ma zone de confort, mais j’ai appris énormément ».
Autre raison de son installation à côté de Vesoul, l’affectif. « J’avais envie de revenir là où j’ai grandi musicalement, de retrouver des contacts et des relations comme l’association Aim’rock, l’Echo system, Théo Vitte, le premier à m’avoir enregistré ».
Passé par la MAI de Nancy
Le studio est agréable et fonctionnel. On y trouve beaucoup de matériel analogique et des instruments dont des synthés des années 80. Esteban l'a construit durant l’année 2021 avec son père, dans la maison familiale, aidé par l’acousticien Dominique Heymès. « C’était un de mes profs à la Music academy international. Il nous a filé un coup de main pour réaliser sur mesure un studio esthétique et efficace avec les contraintes du lieu ».
Esteban a passé 2 ans et demi dans la prestigieuse école nancéienne où il a notamment obtenu un diplôme de technicien du son et de production musicale et suivi une session d’accompagnement au projet. Son passage à Nancy a aussi été l’occasion de mettre le pied dans le monde professionnel, de constituer un réseau, condition importante dans la réussite de ce qu’il entreprend. « J’ai acquis de l’expérience en côtoyant des artistes comme Tryo, Trust, Tagada Jones, des gens de The Voice. Avant la fac, j’avais des compositions et un ami m’a conseillé d’acheter du matériel d’enregistrement. J’y ai tout de suite pris goût. A Nancy, j’ai appris à produire, composer, travailler avec des musiciens, en équipe. C’était intense, 90 h de musique par semaine, mais ça valait la peine ». Cet apprentissage l’a déterminé à lancer son projet. « Enregistrer, ce n'est pas seulement appuyer sur des boutons. Pour moi, le job, c’est mettre en lumière la musique des artistes, c’est aussi être coach. J’aime beaucoup l’aspect artistique, proposer des choses, essayer, voir comment un morceau conçu en guitare/voix fonctionne au piano… »
A la MAI, il a également peaufiné une pratique musicale commencée à l’âge de 13 ans. « Je me suis intéressé au piano, à la basse, au chant, à la batterie, j’ai pris quelques cours et avec des amis on a créé le groupe Adamanthium. Après le bac, j’ai fait 3 années de licence en physique chimie. Mais à un moment, il fallait faire un choix alors j’ai tenté la musique ». Le choix de la passion. Parallèlement à son projet de studio, Esteban poursuit la création musicale en solo, sous le nom Esia, dans un style plus orienté electro. Il a déjà eu l’occasion de partager la scène de l’Olympia avec quatre autres artistes. « J’aime la scène, il y a des sensations uniques. J’espère pouvoir sortir un EP et tourner prochainement ».
Entre la console et le micro, il avoue ne pas choisir. « J’aime les deux et faire les deux me correspond car je me lasse vite. J’ai vu des amis travailler 12 h par jour sur leur instrument ; moi, je n’ai pas cette patience. Je vis la musique plusieurs heures par jour mais quand je n’enregistre pas, j’aime diversifier : jouer un peu, composer, puis aller sur you tube, puis lire un ou deux articles, puis écouter des albums. »
S.P.
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