Armés de masses et de burins, les mains protégées par leurs gants, Adam, Joris et Yacine frappent sur des pierres. Ils les taillent légèrement avant de les poser sur le mur qu’ils sont en train de construire. Perchés sur la Citadelle, à Besançon, ils font partie des 12 bénévoles du camp-chantier organisé par l’association le Club du Vieux Manoir. Cet été, pour la 4e année consécutive, des jeunes de 14 à 18 ans aident à restaurer certains édifices du monument classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Pas besoin de savoir couler du béton, manier le marteau ou jointer des murs pour faire partie de l’aventure : « On ne demande aucune compétence technique, assure Paloma, l’une des animatrices. Mais ensemble, nous arrivons à réaliser des choses qui dureront des dizaines, voire des centaines d’années ! » se réjouit-elle. Répartis sur les trois chantiers au programme de l’été, les jeunes volontaires alternent les travaux : nettoyage d’un mur au vinaigre blanc pour y ôter le calcaire, rejointoiement, construction d’un mur en pierres sèches… Assise par terre, Élisa, 17 ans, tasse du sable entre les joints du dallage, près du puits restauré par les équipes du Club du Vieux Manoir. Originaire des Yvelines, cette passionnée d’histoire « aime en savoir plus sur l’évolution de l’architecture et des techniques de chantier ». Même si aucun cours théorique n’est dispensé durant le camp, les apprentis maçons parlent effectivement avec aisance des travaux qu’ils réalisent : « Maintenant, je sais ce qu’est une taloche, un maillet, la face de parement d’une pierre... », liste Adam, balai en main.
« Ce projet correspond parfaitement aux valeurs de l’Unesco d’appropriation du patrimoine par le public, souligne Gaëlle Cavalli, responsable du service Valorisation. Et quel meilleur moyen pour cela que de participer à la sauvegarde de ce patrimoine ? » En invitant des jeunes sur ces chantiers, la Citadelle capte un public moins présent lors des visites : « Mais en les rendant acteurs, ça les touche davantage », note Gaëlle Cavalli.
Apprendre à travailler et à vivre ensemble
À 14 ans, Adam, cadet de la bande, n’a pas uniquement engrangé du vocabulaire : « Je vois ce que c’est de travailler ; il faut être patient et endurant ! Mais j’ai aussi appris à couper des tomates, et à vivre en communauté, moi qui suis fils unique. »
« Le camp est géré par le groupe », précise en effet Martin Ruchou, directeur du chantier. Les bénévoles s’occupent de la préparation des repas et des tâches ménagères. Une ambiance qui plaît particulièrement à Mathis, Bisontin de 18 ans, qui vient depuis la première édition. Outre l’aspect technique, vie en collectivité et mixité caractérisent le camp. Cette année, Lille, Mâcon, et même Barcelone sont « représentés » parmi les volontaires. Et en plus des cinq heures sur le chantier, d’autres activités sont propices à mieux se connaître : visites de la ville, des musées de la Citadelle, escape games, veillées… Sans compter la piscine du camping de Chalezeule, où les apprentis maçons ont planté leur tente. « Ca reste des vacances », se réjouit Romain. Et lorsqu’ils voient leur mur s’élever, les joints propres ou les dalles mieux fixées, la fierté apparaît sur leurs visages : « On entre un peu dans l’histoire », affirme Élisa.
Camille Jourdan
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