septembre 2011

Boums le magicien ose

Originaire du Pays de Montbéliard, Boumédienne Hambli s'est lancé dans la magie par passion. Avec une réussite étonnante.
Photo Laurent Cheviet

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Imparable. En deux tours de pase-passe, Boums le magicien captive l'attention de toutes les personnes à proximité. A peine un tour fini, l'étonnement pas encore retombé, il enchaîne sans laisser de répit : fait passer une cigarette à travers une carte, dédouble une balle en mousse dans la main d'un spectateur, fait apparaître un poisson rouge dans un verre. L'audience est en haleine Les tours se succèdent. Jamais deux fois le même, tant pis pour ceux qui ont raté celui qui a étonné les autres. C'est la première règle intangible.
La seconde : ne jamais expliquer le truc. «Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois» se contente d'expliquer Boumédienne Hambli, tout sourire. Même si le public se doute qu'il y a un truc, la magie opère toujours. La fascination tient à plusieurs fils : originalité et difficulté des tours, surprise, dexterité de l'artiste. Et l'interrogation sans réponse comment fait-il ?
Encore faut.il que les tours soient réussis et spectaculaires Avec Boumédiennc Hambli, c'est le cas. Comme il y ajoute bonne humeur et humour, le succès suit. Autre ingrédient, une apparente facilité. Mais elle est le fruit d’un long travail, d’un vrai sacerdoce. «Quand je fais des séances, beaucoup de jeunes viennent me voir pour faire pareil. Très souvent la motivation est d’épater les gens, notamment la gent féminine. Quand je leur explique ce qu’il faut faire, la quantité de travail à fournir, ils laissent tomber».
De son côté, c’est un film qui a tout déclenché. «Je suis allé voir l’Illusionniste et ça m’a donné envie de me lancer du jour au lendemain. J’ai pris un livre de magie, j’ai regardé des tours sur Internet et je me suis exercé. Enormément. Pendant un an, j’y ai passé des heures, sans rien montrer à personne. A l’époque je n’avais pas de travail, mais au lieu de sortir, de voir les amis et la famille, je suis resté chez moi à m’entraîner». Un jour, en vacances dans le sud, il rencontre un magicien sur un marché et lui montre un tour que ce dernier ne comprend pas. Il est lancé.

   « Aujourd'hui, j'invente des tours »

Il compare la magie au rap, l’émulation étant une source de motivation supplémentaire : «Honnêtement, c’est le même principe, on a envie de prouver qu’on est le meilleur. Dès que je rencontre un autre magicien, j’ai envie de le défier».
Il a rarement été bluffé par un «collègue». «Le seul qui m’impressionne, c’est Olmac, un Marocain, puissant. Jean-Pierre Vallarino aussi un peu. Et David Copperfield : en close-up c’est un champion du monde. Malheureusement, il fait surtout de la grande prestidigitation, j’aime moins. J’aime beaucoup la magie moderne, pas trop celle avec costards et paillettes».
Après son apprentissage autodidacte – qu’il conseille plutôt que de passer par une école –, il décide de passer au spectacle. Pour la scène, il se fait appeler Boums. «J’ai commencé directement à la Zup d’Audincourt, avec un public qui ne pardonne pas, avec du stress. Maintenant, je sais gérer». Un premier passage réussi qui le renforce dans sa passion. «J’ai continué à bosser, bosser, bosser. De toute façon, il ne faut jamais lâcher. Ma spécialité, c’est les cartes mais il y a aussi les anneaux, les cordes, les foulards, les balles en mousse. Et aujourd’hui, j’invente des tours»

   Discrimination à l'embauche

A 28 ans, il est jeune dans la pratique, ce qui est plutôt rare. «C’est vrai que ce n’est pas à la mode rigole-t-il. Ce n’est  pas le foot ou le basket. Mais pour moi c’est une passion. En public, je kiffe : c’est convivial, on rigole, il y a des échanges. Et puis même les jeunes qui disent que c’est dépassé sont souvent assez vite intéressés quand je fais des tours».
Aujourd’hui, auto-entrepreneur depuis 2 ans, il propose ses services aux particuliers, collectivités, structures d’animation, associations. Il exerce surtout dans la région même s’il lui est arrivé d’aller jusqu’à Strasbourg, dans une maison pour enfants en difficulté. Ses tarifs varient en fonction des prestations et des clients.
Entre-temps, il a trouvé du travail, chez Covercom. Trois ans après avoir obtenu un BTS commerce international. «Devinez pourquoi. Ce n’est pas faute d’avoir cherché. De la discrimination à l’emploi, il y en a, même quand on fait des études. Avec mon nom, je ne recevais pas de réponse. Un jour j’ai envoyé mon CV en prenant un nom à consonance française et c’est la première fois que j’ai eu un message sur mon répondeur pour me proposer du travail. A un employeur, j’ai même proposé de travailler un mois gratuitement pour prouver mes compétences. Il n’a pas voulu. Pendant cette période, j’ai eu la chance d’avoir la magie pour m’occuper».
Aujourd’hui, elle occupe tout son temps libre.

S.P.


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Contact, 06 17 56 63 35

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