Quel est ton parcours ?
Après un parcours littéraire, une licence nationale d’art. Je travaillais aux Beaux-Arts sur l’idée de texte en tant qu’objet graphique. Puis l’année dernière j’ai été diplômée au lycée de la céramique de Longchamp. J’ai lancé mon atelier d’artisanat d’art en 2021 à Chalon-sur-Saône. J’y fais des pièces d’arts uniques mais qui restent utilitaires. En parallèle, je suis cette année en service civique dans la médiation culturelle, aux ateliers Vortex. Je rends service à d’autres artistes. Ça permet de m’apporter un soutien financier non négligeable qui permettra, cette année, de concentrer mon travail sur des pièces plus artistiques et d’être moins dépendante des diverses commandes qui arrivent à mon atelier.
Comment décris-tu la démarche de ton atelier ?
La démarche de mon atelier favorise le sur-mesure, les pièces en petite série, la collaboration (tatoueur, désigner, peintre…). Mon atelier est un espace d’échange entre diverses pratiques artistiques. J’y propose aussi des cours particuliers individualisés où j’amène mes élèves à créer une pièce. Ces objets uniques ne sont pas reproduits, ils peuvent prendre une valeur affective : c’est ce qui rend cette pratique puissante. Le rapport direct à la matière peut nous apprendre sur nous-même. Le travail de la terre apprend la patience et l’humilité, la compréhension de son corps dans les gestes de fabrication. Étant moi-même maladroite, cela m’a appris la minutie, une meilleure perception de mon corps.
Que dirais-tu aux personnes souhaitant s’initier à ta pratique ? A ceux qui voudraient se professionnaliser ?
Il ne faut jamais s’empêcher de tenter et de faire des erreurs. Une pratique artistique peut permettre d’extérioriser. Dans le cadre d’un atelier, cela permet d’être entouré et encadré dans sa pratique. Pour les personnes qui souhaitent prendre cette voie professionnelle, je dirais qu’il faut avoir un plan B. Je n’étais pas préparée aux difficultés de l’activité artisanale et entrepreneuriale. Il y a de la comptabilité, des factures, des devis… Il faut savoir bien s’entourer ; par exemple mon atelier est parfois tenu en maintenance par des membres de ma famille. Mais si tu es conscient de ça, fonce. Il y aura forcément des personnes autour de toi qui apporteront leur pierre à l’édifice de ton projet. Il faut être ouvert aux rencontres de tout type ; pour ma part bien m’entendre avec mon électricien est un prérequis pour la maintenance de mon four !
Quelle pièce rêves-tu de faire ?
Une pièce accomplie d’un point de vue technique, qui se rapproche de la perfection du geste. Une pièce qui témoigne d’un grand lâcher-prise. Qui incorporerait du langage : en ce moment, je travaille à écrire sur mes vases avec de l’argile pour que le texte devienne une texture. Cela rejoint une approche plus artistique qu’artisanale.
Peux-tu décrire ton processus de travail ?
Je suis dans un état méditatif quand je fais des pièces. Ça n’est pas une activité mentale, à part pour la conception et la concentration, mais une activité sensorielle. Il faut à la fois être dans ta bulle de créateur et admettre que tu ne connais jamais à l’avance comment ton travail sera reçu par les autres. Plusieurs des pièces que je pensais avoir ratées ont eu un franc succès !
Recueilli par Nasser Ferchichi
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