Si vous êtes de passage ou installé à Édimbourg, vous croiserez peut-être Jonathan Billot en train d’acheter son pain ou de prendre le bus vêtu d’un kilt. Lui et sa compagne Mathilde Goubet ont fondé en mai 2021 Auld Alliance Kiltmakers, leur entreprise de fabrication de kilts. Avant de confectionner ce vêtement emblématique de l’Écosse, ces Bourguignons de 30 ans ont beaucoup voyagé et exercé dans différents secteurs.
Originaires de Marsannay-la-Côte, commune de Côte-d'Or d'un peu plus de 5000 habitants, ils se rencontrent au collège. Ils se mettent en couple lors de leurs années lycée à Dijon, puis partent à Lyon, où ils font tous les deux une licence et un master en japonais. Faute de débouchés dans leur secteur de prédilection, la médiation culturelle, ils travaillent dans le web marketing. Un domaine qui ne les fait pas vibrer. En 2017, ils lâchent leur emploi pour voyager pendant un an. Ils font du wwoofing : ils donnent un coup de main dans des fermes en étant nourris et logés. « On voulait rencontrer des gens de divers horizons, en espérant trouver notre voie », raconte Mathilde. Leurs pérégrinations les mènent en Irlande, en Écosse, en Norvège, en Nouvelle-Zélande et au Japon. A la fin de leur périple, ils n’ont qu’une idée en tête : s’établir en Ecosse, territoire pour lequel ils ont eu un coup de cœur. Ce qui les a séduits ? « L'accueil chaleureux des Écossais, les paysages entre montagnes, îles et lacs, la météo changeante, l'architecture néo-gothique d'Edimbourg, les pierres sombres, les rues pavées… » énumèrent-ils.
Ils décrochent un contrat au château d’Édimbourg. Elle dans une boutique de souvenirs, lui à la sécurité et au contrôle des tickets. Puis, Jonathan est recruté dans une entreprise qui développe des logiciels de recrutement, où il officie au service support. Mathilde, elle, lance Atelier Escapades, son entreprise de vente en ligne d’accessoires et de vêtements conçus à partir de textiles typiques. En parallèle, elle organise des visites touristiques. Une activité stoppée net avec le Covid-19.
La jeune femme, qui a alors du temps, décide de suivre une formation d’un jour par semaine pendant neuf mois pour apprendre à confectionner le kilt de manière traditionnelle. « Des Ecossais nous avaient dit qu’il y avait de moins en moins d’artisans qui en fabriquaient et que lorsqu’ils en trouvaient un, il y avait des mois d’attente », explique-t-elle. Jonathan embarque aussi dans l’aventure, en réduisant son rythme de travail à quatre jours par semaine.
Démocratiser le kilt
La couture, ces fans d’activités manuelles connaissent. Ils ont commencé à manier la machine à coudre à 15 ans, en faisant des costumes de cosplay représentant des personnages de jeux vidéos, d’animés, de films ou de séries qu’ils appréciaient. Mais pour le kilt, tout se fait à la main. Comptez une trentaine d'heures de travail pour un seul vêtement. Si cela prend autant de temps, c'est aussi parce que les pièces sont faites sur mesure - le client doit donc être sur place pour les mesures. Côté prix, ces kilts en tartan ou en Harris Tweed, deux tissus typiques, sont vendus entre 600 et 1200 euros. Qui en porte aujourd’hui ? « Les joueurs de cornemuse, les militaires, les guides touristiques, le personnel d’accueil dans les hôtels de luxe, des civils lors de mariages, de bals traditionnels ou encore des supporters pendant des matches de foot ou de rugby », égrène Jonathan. Mais le couple aimerait bien démocratiser ce vêtement, chez les hommes comme chez les femmes. « Ce qui intimide parfois, c'est tout l'attirail qui va avec : les grandes chaussettes, la chemise, le veston, la pochette en cuir... On veut montrer qu'on peut le porter de manière plus relax. Je fais par exemple mes courses avec, en l'associant avec un pull et des Dr. Martens », sourit Mathilde.
En parallèle à cette activité, elle continue à créer d’autres pièces mises en vente sur son site Atelier Escapades : colliers, porte-clés, écharpes, jupes, housses de coussin, plaids… Jonathan, lui, a repris son emploi à temps complet et fabrique le vêtement iconique sur son temps libre. A terme, le couple aimerait faire de la confection de kilt son activité principale et en tirer la majeure partie de ses revenus. « On a longtemps été en quête d’une activité qui ait du sens pour nous, raconte le duo. Aujourd’hui, on a enfin l’impression d’avoir trouvé notre place, d’avoir trouvé quelque chose qu’on se voit bien faire toute notre vie. »
Commentaires
Afin de poster un commentaire, identifiez-vous.