février 2017

Charlie Gay, jeune femme de conviction

En 2013, cette Dijonnaise a créé un jeu autour de l’égalité hommes-femmes. Aujourd’hui étudiante à l’IRTS, elle voit son futur métier comme un engagement.
Photo Yves Petit

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Charlie Gay a des convictions et des idées. En 2013, cette jeune dijonnaise s’est engagée en service civique au Point information jeunesse de Chenôve. Mission : travailler à la sensibilisation des 13 – 18 ans aux stéréotypes de genre. «Je me suis revue à l’école, avec des interventions pleines de chiffres et de tableaux qui me saoûlaient. Je ne voulais pas non plus faire de leçon de morale, mais plutôt trouver un moyen d’ouvrir des portes pour que les jeunes se posent des questions et réfléchissent à certains aspects de la vie quotidienne. Je me suis dit, avec ce public, quoi de mieux que de jouer ?» Cette question l’a amenée à concevoir entièrement un jeu de société autour de 6 thématiques (le look, le travail, le sport..). «Pas un jeu où il faut gagner, précise-t-elle. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses».
Le sujet reste sensible. «Proposer des interventions a été compliqué car on est tombé en pleine polémique sur la question des genres. C’était tendu, pas mal d’établissements nous ont fermé la porte. Mais le collège de Chenôve a accepté de nous recevoir. Ensuite d’autres en ont entendu parler et cette fois nous étions sollicités pour intervenir, d’autant que ça passait très bien auprès des jeunes. Quand j’ai créé le jeu, je ne m’y attendais pas. Etre reconnue pour ça est très satisfaisant».

 
 «On nous conditionne
   à trouver certains codes normaux»


Elle a mené les interventions avec l’aide d’un autre jeune en service civique, Théo Dessey. L’expérience l’a marquée. «C’est un sujet qui me tenait à cœur et travailler dessus m’a fait réfléchir, m’a donné encore plus envie de creuser. Je me rends mieux compte de la façon dont on nous met dans des cases et on nous conditionne dès le plus jeune âge. Quand on fait attention, on se rend compte de quelle façon on nous fait passer et on alimente certains codes. Mais on y est tellement habitué depuis qu’on est jeune que l’on trouve cela normal. J’ai envie de me battre contre ça et pour améliorer la place de la femme dans la société. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui je fais mon dernier stage d’études à Solidarité femmes».
A 23 ans, Charlie termine ses études à l’IRTS de Franche-Comté après un parcours qui a évolué avec ses convictions. Elle a commencé par un BEP carrières sanitaires et sociales dans l’idée de s’orienter plutôt  vers la santé. «J’ai fait des stages d’aide-soignante mais j’ai trouvé qu’il y avait un côté maltraitant lié au manque de temps et de moyens. On fait des soins sans vraiment s’occuper des gens. Il n’y a pas assez de possibilités d’accompagnement, notamment en gériatrie, et j’étais frustrée. J’ai encore fait des remplacements l’été dernier mais c’est la dernière fois. C’est trop «violent» par rapport à mes convictions». Elle avait commencé à se réorienter avec un bac pro services de proximité et vie locale au lycée les Arcades (Dijon), «plus axé sur le social», incluant des stages à Handisport et à l’IME des Ecayennes. «J’ai compris que c’était ce que je voulais faire». Ses études et ses stages à l’IRTS n’ont fait qu’entériner ce choix. Le premier à l’Espace des expressions Bachelard, centre d’accueil psychiatrique dijonnais basé sur l’art-thérapie. Le second aux Amis de Marulaz, à Besançon, un groupe d’entraide avec qui elle a participé à des ateliers d’écriture et de photographies, donnant lieu à une expo et un magazine. Et le troisième à Solidarité femmes donc, association d’aide aux femmes victimes de violence. «Je comprends ce que j’ai envie de faire de mon futur métier et ce pour quoi j’ai envie de me battre». Mais ce ne sera peut-être pas dans l’immédiat. «Je ne sais pas encore ce que je veux faire tout de suite. J’ai envie de voyages, de séjours de rupture, d’humanitaire».

Stéphane Paris
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