Deux Franc-Comtoises championnes du monde de parachute. Deux jeunes femmes dans un monde d’hommes.
«On a terminé devant des militaires russes et américains. On peut vous dire qu’ils n’ont pas aimé. Au début, ils nous ont pris de haut. Mais notre premier saut les a calmés direct». Leurs concurrents attendent déjà leur revanche : ce sera à Chicago en 2016. Charline Delay et Cindy Collot savent qu’ils vont se préparer intensément. Pour défendre leur titre de voile contact acquis en août dernier en Bosnie, elles mettent les bouchées doubles. Dès qu’elles le peuvent, elles font des week-ends à une vingtaine de sauts à La Vèze. A leur désavantage, elles doivent jongler avec leur emploi du temps : Cindy est infirmière en maison de retraite, Charline interne en chirurgie.
Elles pensent faire de la compétition au moins jusqu’à Chicago. Auparavant, il y aura Dubai et les Jeux mondiaux de l’air (sorte de jeux olympiques aériens) du 1er au 12 décembre cette année. Là où elles ont gagné la Gulf cup en décembre dernier.
Elles se concentrent sur l’international car en France, elles sont désormais hors catégorie.
Adrénaline
«Elles ont une volonté incroyable» disent les membres de l’Ecole de parachutisme de Besançon Franche-Comté, où elles ont effectué leur premier saut il y a une dizaine d’années. Une date qui ne s’oublie pas : 5 juin 2005 pour Charline, 30 juillet 2006 pour Cindy. Depuis, elles en ont fait 2500.
«Dès le premier, j’ai su que j’allais continuer dit Charline, venue essayer pour suivre l’exemple de son père.
Question d’adrénaline. Mais il y a aussi l’ambiance ici, avec une équipe super sympa». Elle a rencontré Cindy Collot au club, où cette dernière a découvert le parachute grâce à sa tante.
«Un cadeau d’anniversaire pour mes 18 ans, avec deux copines. J’ai eu immédiatement envie de continuer. On se dit qu’on reviendra de temps en temps puis on vient tous les week-ends par goût, par envie de s’améliorer. Mais pour vraiment comprendre, il faut sauter».
Les capacités des jeunes femmes ont rapidement été perçues par Jean-Michel Poulet, entraîneur national et DTN, un Franc-Comtois lui-même ancien champion du monde. C’est lui qui les a orientées vers le voile contact, les a associées et les a sélectionnées en équipe de France espoirs. Leur entente, leur cohésion en vol et leur morphologie similaire ont rapidement fait leurs preuves. Première compétition en 2008, premier titre de championnes de France en 2011.
Compétitions
mixtes
La discipline, qui se pratique à 2 ou à 4, est l’une des plus spectaculaires du parachute. Elle consiste à effectuer des figures imposées parachute ouvert. Le binôme a 30 secondes pour s’accrocher puis 1 mn pour faire le maximum de points. Lors d’une compétition, il y a 8 sauts à effectuer et 8 figures à réaliser un maximum de fois. Le saut est suivi par un vidéaste à l’importance capitale : il remet le film au jury pour lui permettre de juger la performance dès l’atterrissage. Cindy et Charline ont fait le championnat du monde avec David Huet et c’est désormais Kévin Techer qui les suit en vol. Les compétitions sont mixtes. Dans leur catégorie, le voile contact 2, elles sont quasiment les seules filles. Parmi leurs concurrents réguliers, une Australienne est en binôme avec un homme. Tous les autres duos sont exclusivement masculins.
«C’est l’évolution du matériel qui nous permet de lutter à égalité pensent-elles.
Il demande beaucoup moins de force physique qu’avant. Avant, il fallait être baraqué. Maintenant, c’est plus dynamique, plus rapide, il faut de la souplesse.
Plus ça va vite, plus les figures vont vite, plus on gagne. Il faut surtout trouver un équilibre dans la vitesse. Alors on essaie souvent du nouveau matériel, on diminue la taille de la voile. C’est notre atout. Et on se connaît par cœur, on sait exactement comment voler l’une par rapport à l’autre».
Stéphane Paris
En vidéo lors des championnats du monde en Bosnie
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