Mon stage à l’école des sourds de Louho touche à sa fin. Les cinq mois que j’ai passés au centre ont été riches et intenses. Le studio photo de l’école a ouvert ses portes et se développe doucement, des élèves se sont initiés à la pratique de la photographie, les participants de l’atelier de réalisation ont écrit un conte africain sur l’intégration des personnes sourdes, la chaîne YouTube du CAEIS,
« Ecoute mes mains », a vu le jour et un club d’espagnol a été créé.
Pour autant, il n’est pas encore l’heure de dresser le bilan de mon séjour, car mon travail ici n’est pas terminé. Le studio doit se dynamiser davantage, le tournage du conte débute prochainement, les premiers cours de langue des signes n’ont pas encore fait leur apparition sur YouTube, des négociations avec une école espagnole sont en cours pour trouver des correspondants aux membres du Cervantes Club, les repérages pour mon projet de documentaire sur le vodou ne sont pas encore aboutis…
Mon séjour au Bénin ne se terminera donc probablement pas de sitôt, et je ne m’en plains pas, loin de là ! Car si la besogne est grande et parfois ingrate, des résultats concrets se font peu à peu sentir. Je sais que mes efforts auront aidé ne serait-ce qu’un peu l’école à se développer davantage. Je sais que, modestement, j’aurai apporté ma pierre à l’édifice et que mon implication a un sens. Je devais bien ça, je crois, à toutes ces personnes qui ont vu naître et grandir l’école et qui y ont consacré tout leur temps et toute leur énergie depuis tant d’années.
Il serait d’ailleurs bien réducteur de considérer mon séjour au Bénin comme un simple « stage professionnel », car ce que j’ai trouvé à l’école – pardonnez-moi, j’ose le cliché – c’est une seconde famille. Mais est-ce vraiment un cliché ? Il n’est pas rare qu’un Béninois désigne ses amis proches comme étant ses frères et sœurs. Et inutile de préciser qu’il ne s’agit pas là d’une basse flagornerie, mais plutôt d’une preuve de l’hospitalité et de la fraternité légendaire des Béninois. Eh bien oui, je peux le dire : mes parents n’ont eu qu’un seul enfant, et pourtant j’ai de nombreux frères et sœurs !
Souvent, à l’école, on m’affirme que je suis déjà devenu Béninois, ce à quoi je réponds avec malice que je serai Béninois le jour où je parlerai couramment le Fon (et entre nous, il y a encore du boulot !). Mais peut-être le suis-je déjà un peu, finalement… Un hispano-franco-béninois… Tout est dans les traits d’union.
Bref, mon séjour n’est pas terminé, j’ai encore beaucoup de projets à achever avant de rentrer. Et j’en ai déjà tant d’autres en tête ! Tant pis, ils attendront un prochain voyage. Il faudra bien que je retourne voir mes frères et sœurs de temps en temps !
Eyi zandé !
Loïck Gutierrez
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