Du Cambodge, et surtout de la vie artistique khmer, elle parle avec l'affinité de ceux qui se sont vraiment immergés dans une culture étrangère. Elle a vécu deux ans à Pnomh Penh, suffisamment pour parler couramment le khmer, «une langue facile à apprendre» et créer la section française de l'association cambodgienne Sovanna Phum, «pour soutenir et déve-lopper les arts populaires khmers en impulsant des échanges avec la France». Première réalisation, un projet artistique associant 15 Cambodgiens et 6 Français dont 3 artistes de la compagnie de cirque Trotolla, à la renommée grandissante, et le jongleur Julien Clément. Directrice du projet, elle a reçu une bourse Défi-jeunes et le soutien de plusieurs associations, dont Passe-Muraille, école de cirque bisontine où elle est coresponsable pédagogique.
Le cirque est son fil rouge. A 28 ans, cette jeune femme originaire de la Somme, a déjà suivi des études de psychomotricité puis une formation pédagogique à l'école du cirque de Bruxelles, travaillé avec celle de Yole à Besançon avant de participer à la création de Passe-Muraille. Elle a également été bénvole pour Handicap international et pour l'ONG française Énfants réfugiés du monde. Au Cambodge, elle a fait... du cirque et de la psychomotricité à l'école nationale du cirque de Phnom Penh, fondé une autre école de cirque à Battambang avant de monter des petits ateliers cirque avec l'association Sovanna Phum, créée par une Française et regroupant une vingtaine d'artistes. Son projet actuel doit aboutir à la création de «Bambou-ferraille» qui devrait être présenté en Asie en 2003 et en France l'année suivante. Les Français se rendent en résidence à Phnom Penh le mois prochain pour travailler sur le spectacle avec leurs homologues cambodgiens.
«L'artistique a des côtés sacrés et féériques»
«C'est bien d'échange qu'il s'agit, avec des apports communs et non d'une aide qu'on leur apporterait». Si le spectacle intègre des apports occidentaux, il est essentiellement basé sur les pratiques artistiques et des personnages traditionnels khmers. A peine renaissantes après le génocide vécu par le peuple cambodgien dans les années 70, dont l'éradication des traditions culturelles fut un corollaire. Et à laquelle succéda une influence soviétique traduite dans le cirque par la prédominance de l'école moscovite. Les jeunes artistes cambodgiens ont mis longtemps pour revenir aux sources : «C'est un pays bouleversé et il y a très peu de temps que les artistes sont en mesure de créer quelque chose. Il y a un poids qui reste, les gens ont une notion de confiance en eux particulière. Et en même temps, tout change à une vitesse incroyable. Quand j'y suis retournée en février dernier, ça m'a vraiment frappée. Sur le plan artistique, ce qui est privilégié là-bas c'est du petit théâtre d'ombres avec des pantins utilisés en ombres chinoises, associé à des musiques et danses traditionnelles et du cirque. Et l'artistique a là-bas des côtés sacrés et féériques».
Enthousiaste pour la culture cambodgienne, elle espère pouvoir la faire découvrir en France. Elle espérait monter un échange pédagogique parallèlement au projet «Bambou-ferraille» mais l'importance du budget nécessaire l'a contrainte à différer ce souhait. Partie remise sans doute, tant elle semble tenir à tisser des liens franco-cambodgiens.
Stéphane Paris
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