Clément Jacquet est céiste (1), parfois associé à un voire trois coéquipiers, et court sur 100, 500 ou 1 000 m. Une préférence ? «Je suis plutôt polyvalent.» Son coach Andreï Frusinoiu en dit du bien, alors que rien ne l’y oblige. «Clément a commencé assez tard, à 16 ans. Il a débuté par le kayak puis est passé au canoé. Il y avait tout à faire, même s’il avait déjà un bon équilibre. On a développé la force et il a progressé rapidement : au bout d’un an et demi, il était en équipe de France junior ! Il a un bon état d’esprit et vise un objectif : être aux JO 2024. Il aura 25 ans, l’âge idéal.»
En face de lui, Clément Jacquet, 20 ans et des poussières, semble apprécier le profil dressé mais n’en rajoute pas. Il confirme simplement qu’il se sent bien, que l’ambiance du club lui plaît, précisant même qu’il le considère comme «sa deuxième famille». Le jeune homme originaire de Rancenay, à une dizaine de kilomètres de Besançon, est issu d’une famille de sportifs. «Mon père a fait du VTT à très bon niveau. Moi, j’ai débuté par le judo et je courais un petit peu. En revanche, les sports co ne m’attiraient pas trop. Un jour, ma maman m’a inscrit à un stage d’été organisé par le SNB et j’ai tout de suite accroché !». Pendant un an, Clément cumule judo et canoé-kayak, avant d’abandonner le kimono et de s’investir pleinement sur l’eau.
Son quotidien, aujourd’hui, se répartit entre le sport et la fac ou il termine une première année de Staps avant sans doute de bifurquer vers un DUT informatique. Ce choix l’obligera peut-être à quitter Besançon, mais cela n’émeut pas notre homme. «J’ai fait pas mal de demandes, on verra. Si je dois partir, je trouverai une ville qui abrite un pôle France, il y a quelques-unes.»
«Bouffer de la borne»
Revenons dans le détail sur l’entraînement, hors période de compétition, exigé à ce niveau. Insensé pour le commun des mortels, mais essentiel quand on vise une médaille olympique. Le lundi : 2 séances, une longue et technique le matin, entre 12 et 15 km, et une en vitesse l’après-midi. Le mardi : même programme, avec un peu de musculation en plus. Le mercredi : séance commune avec les jeunes du club. Jeudi et vendredi : à nouveau double ration, avant un samedi plus cool (une séance) et un dimanche off. Ouf…
Ça ne serait pas un peu lourd ? «On est obligé de ‘bouffer de la borne’, afin que la gestuelle devienne un automatisme, explique Clément. Il faut de la force, mais ce sport est beaucoup plus technique que l’on pense.» Lorsqu’il nous explique la position tchèque, l’olive ou le col de cygne, on le croit sur paroles.
Clément est passionné par son sport et accepte volontiers les contraintes. «On sacrifie une partie de notre vie sociale. Moi, si je sors avec mes copains étudiants le jeudi soir, mes séances du vendredi sont foutues, je le sais alors je ne le fais pas. Il faut savoir ce que l’on veut…» explique lucidement le jeune homme, avant d’élargir le débat et de s’indigner que certains sportifs de haut niveau, dans les sports dit confidentiels, dépensent plus qu’ils ne gagnent pour vivre leur passion. «Savez-vous que la moitié des athlètes olympiques vivent en dessous du seuil de pauvreté ?»
Lui, on sait ce qu’il veut : participer, voire gagner, aux Jeux olympiques. Si tout va bien, deux chances se présentent à lui : Paris 2024 et Los Angeles 2028. «Je vais bosser pour ça !».
Christophe Bidal
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