Se sentir mieux grâce au cheval. On connaissait l’équithérapie et l’équitation adaptée, voici l’équicie, qui n’est ni l’une, ni l’autre. Une profession nouvelle reconnue en 2014. Cloé Bernard est l’une des premières diplômées du seul centre de formation, situé à Lixières (Lorraine). Elle situe : «En équicie, les séances sont menées dans le cadre de projets qui peuvent être à visée thérapeutique, mais aussi éducative ou de loisir».
Cloé Bernard a lancé son activité il y a bientôt 2 ans à Houtaud, du côté de Pontarlier. Elle fait donc partie des premiers diplômés et des premiers à exercer. «Je suis originaire de Dijon. J’ai passé un bac agricole à Quetigny et un BTS gestion et protection de la nature à Montmorot. Je me suis orientée vers l’animation notamment pour les classes en camp vert puis pour le public en situation de handicap. Quand mon père m’a parlé de ce nouveau métier alliant chevaux et champ médico-social, je me sus lancée dans la formation. Je suis passionnée de cheval depuis toute petite, pouvoir l’associer à une activité en rapport avec l’animation m’a motivée».
Elle est installée en libéral aux Ecuries de la Plaine, une structure qui l’accueille avec ses 4 chevaux. «Je cherchais un lieu qui se rapproche le plus possible de l’environnement naturel des chevaux, nés pour être dehors, avec des locaux permettant d’accueillir le public en situation de handicap. Ici, personne ne faisait cette activité, c’est proche de la Suisse où je pourrais éventuellement prospecter.»
Tout passe par la relation avec le cheval
En tant qu’équicienne, elle s’inscrit en médiatrice qui peut apporter un complément à des thérapeutes, des éducateurs ou des familles. L’équicie ne s’adresse pas seulement aux personnes en situation de handicap. Elle peut aider à se sortir d’une situation de mal-être, de dépression, d’addiction, de fragilité passagère, de difficultés relationnelles et sociales. «Quelqu’un qui arrête le tabac peut trouver un appui avec l’équicie donne Cloé en exemple. On peut aussi être utile à quelqu’un qui a besoin de reprendre confiance en lui. On peut travailler la motricité, la prise de conscience de son corps, la gestion des émotions».
Elle est également médiatrice dans une relation triangulaire avec le client et le cheval. «On travaille pour l’humain en fonction de ses besoins et ses objectifs. Monter à cheval n’est pas obligatoire. L’animal n’est pas un outil mais un partenaire. C’est la relation qui est importante».
Elle décrit cette dernière de manière étonnante, dès les premiers instants. «J’ai noté que lorsque le client a une préférence pour un cheval, le cheval le choisit aussi. C’est réciproque et en général, ça colle». En pratique : «J’ai vu une personne âgée pouvoir refaire le geste d’enfiler un t-shirt, quelqu’un réussir à monter des escaliers, un jeune garçon qui passait son temps à crier ne plus le faire. Les moments passés avec le cheval se répercutent dans la vie quotidienne. Par exemple quand on monte à cheval, on retrouve les sensations de la marche».
Elle cite aussi l’exemple d’un jeune autiste qui refusait de sortir : «finalement il a accepté de venir. Pendant 3 séances, il est resté dans la voiture à regarder le cheval. Un jour, de lui-même, il a demandé à li donner un morceau de pain. Aujourd’hui, il le voit une fois tous les 15 jours, le mène au manège, le brosse, lui raconte sa vie…»
Les établissements avec qui elle travaille tirent des bilans largement positifs. Mais ce n’est pas une question de miracle : «Le cheval est un animal fort en termes de mythologie, de symbole, c’est celui qui nous porte. C’est surtout un miroir de l’homme, qui communique en envoyant des microsignes. En tant qu’équicienne, je suis là pour les détecter. Mon travail, c’est d’abord de l’observation. Le plus compliqué pour moi, c’est de rester neutre, de ne pas être touchée émotionnellement. Il faut surtout savoir être patient et rester dans l’instant présent».
Stéphane Paris
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