Ne lui dites pas que la jeunesse ne s’intéresse pas à l’actualité ou la société. A 18 ans, le Bisontin Colin Champion est depuis quelques années engagé pour de nombreuses causes et préside depuis février 2021 le syndicat La Voix lycéenne. Passé par le collège Proudhon et le lycée Pergaud de Besançon, Colin a été sensibilisé très jeune. « Mon père est professeur des écoles et syndicaliste, ma mère est éducatrice spécialisée et depuis peu représentante du personnel ». Mais c’est pour la préservation du climat que le jeune militant a manifesté pour la première fois. « Dès le collège, je participais aux marches pour le climat à Besançon. Ensuite au lycée je me suis naturellement tourné vers l’UNL, le principal syndicat lycéen, qui est devenu La Voix lycéenne (VL). C’était naturel parce que j’ai compris que la question du climat touchait à la justice sociale, et donc aux luttes syndicales ».
La VL compte plusieurs milliers d’adhérents répartis dans tout le pays. « On sert principalement à défendre les droits et les intérêts des lycéens à l’intérieur des lycées. On mène des campagnes de mobilisation sur différents sujets, notamment en ce moment la réforme des retraites et la sélection postbac ». Colin Champion et son syndicat doivent également représenter les lycéens au sein des différentes instances. Cette année, VL est l’organisation lycéenne majoritaire au CAVL (conseil académique de la vie lycéenne). « On attend avec impatience les élections du CSE, le conseil supérieur de l’éducation, où nous avons une liste commune avec d’autres organisations. C’est une instance importante parce que c’est celle que regarde le ministre de l’Education nationale pour voir qui est représentatif ».
Des jeunes concernés par la réforme des retraites
Entre les réunions et les différentes mobilisations, fatalement, l’emploi du temps lycéen n’est pas toujours compatible avec celui d’un leader syndicaliste. « C’est sûr que je ne suis pas autant en classe qu’un élève classique » assume Colin. « L’idée c’est de toujours gérer, d’assurer le plus de cours possible afin de ne pas être déconnectés de la réalité. L’engagement se fait aussi beaucoup le soir, c’est fatigant, mais quand on est président de VL, la priorité c’est le syndicat ». L’engagement en tant que lycéen est d’autant plus difficile que le syndicalisme lycéen n’est toujours pas reconnu (La Voix lycéenne est une association loi 1901). « Il ne faut pas oublier également que la grande majorité des lycéens sont mineurs, donc encore sous l’autorité des parents qui peuvent avoir peur de cet engagement, même si la plupart sont fiers ».
Depuis plusieurs semaines, la réforme des retraites est le sujet phare de l’actualité. Tous les syndicats se sont emparés de la question, ce qui est également le cas de La Voix lycéenne. « Pour nous cette réforme est la goutte de trop après la réforme du bac et de Parcoursup. On manque de moyens et nos conditions d’études ne sont plus bonnes ». A Besançon par exemple, des cortèges de lycéens étaient bien visibles lors des diverses manifestations depuis le 19 janvier. La jeunesse, lycéens comme étudiants, est perçue comme pouvant faire basculer ce mouvement social qui demande le retrait de la réforme. Colin en est bien conscient. Régulièrement invité sur les plus grandes chaînes de radio et TV nationales, le président de la VL y voit une opportunité « On se doit de convaincre, de prouver qu’on est légitime à s’emparer de ces sujets-là. Bien-sûr que nous sommes concernés, c’est notre avenir qui se joue. Avec les médias on essaie de réfléchir à la meilleure façon de porter le message. On est la première génération à être aussi consciente de ces enjeux. La jeunesse est une force importante, le fait qu'on se mobilise ou pas, ça peut être déterminant ».
Benjamin Cornuez
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