La force des artistes, on le sait, c'est de créer. La force de Marion Roch, c’est d’écrire, composer, interpréter, fédérer. Celles et ceux dont elle croise le chemin sont captivés, au premier regard, à la première note, aux premiers couplets. Captivés par son allure angélique, la sagesse de ses mots, qui touchent en plein cœur. Par sa force, sa rage, de les crier au monde entier. Crise sanitaire oblige, sa force c’est aussi de se réinventer.
Ancienne éducatrice, qu’est-ce qui t’a donné le déclic de devenir musicienne professionnelle ?
Ça s’est fait petit à petit. J’ai toujours fait des concerts depuis l’âge de 15 ans, j’ai commencé à devoir en refuser parce que je travaillais et j’ai rencontré beaucoup d’artistes. J'ai compris que je pouvais l'envisager. Ça n’a pas été simple, j'ai tout abandonné du jour au lendemain. J'ai monté mon statut d’intermittence en une année et j'y suis arrivée avec des ateliers, des petits concerts, parfois personne n'écoutait. Puis de plus en plus de gens écoutent et les salles deviennent un peu plus grandes.
En 5 ans, les moments marquants de ton parcours ?
Quand je suis devenue officiellement intermittente du spectacle, j'étais très heureuse. La première partie de Brigitte à Micropolis, c’est la première fois qu'on jouait devant un public de 2000 personnes. Ensuite lorsque des professionnels se sont intéressés à nous, avec Aurélien Bouveret, Odeva pour l’édition et Frank Broussas, Samedi 14 en production de booking
Sur scène, vous êtes trois (Vladimir Torres à la contrebasse et DJ Menas au Beatbox), comment travaillez-vous ensemble ?
D’abord j'écris les chansons avec la mélodie de chant, les accords de base. Ensuite elles passent par Vladimir, je lui dis comment j'imagine le rythme et il créé une composition. Puis en répétition avec Felipe qui apporte sa touche personnelle et ses rythmes.
Tes textes sont en français, quel lien entretiens-tu avec la chanson française ?
J'ai toujours été fascinée et passionnée. De Jacques Brel à Aznavour en passant par Anne Sylvestre. Puis Aldebert, Ben Mazué. J'aime énormément la chanson française parce que c'est ma langue maternelle, parce que ça raconte des histoires et parce que je ne comprends pas suffisamment les autres langues pour qu'il y ait des émotions aussi fortes.
Dans tes chansons, tu mets en avant des êtres et des causes qui te sont chers, comme "Les 1000 pieuvres" en hommage aux soignants.
Je cherche toujours une bonne manière de parler des gens ou d'incarner un personnage de façon à ce qu'un maximum de gens puisse s'identifier. "Les 1000 pieuvres", elles m'ont touchée quand j'accompagnais ma grand-mère. Je l’ai écrite avant le confinement, avant la crise. J'ai recueilli de nombreux témoignages pour comprendre. J'ai eu des retours comme jamais je n’en ai eus. Des soignants, des infirmiers, des ambulanciers, des médecins ,des pompiers qui se sont sentis écoutés et entendus.
Dernière cause en date, "Essentiel.les".
J’ai voulu parler de 2020 en général, de l'ambiance pourrie, mais à travers mon côté sarcastique et humoristique. On a tellement été foudroyés par de mauvaises nouvelles. Pour autant on est là, on tient le coup et ça va aller.
Se réinventer pendant cette crise rejoint la notion de résilience. Comment avez-vous réussi à tenir et rebondir ?
Il y a une sorte d'irréalisme, il y a eu des moments où on a sombré. Mais on est tous dans le même cas donc on est suffisamment altruistes. On a l’intermittence, c’est compliqué financièrement mais on tient. On a notre agence de production, qui fait un boulot de fou pour nos dates. Et le travail d'Aurélien en diffusion : on n'a jamais été autant diffusés en radio. On a la chance d’être entourés.
La suite ?
L'album
Echos est sorti le 20 mars (après un premier EP
Décousue en 2016), les gens qui me suivent on été réceptifs, comme toujours. Il fait son chemin sur scène. Mais on présente quand même des nouvelles chansons, on ne peut pas s'en empêcher. On espère beaucoup de scènes en 2021. En attendant on travaille sur d'autres choses. J'ai pu approfondir l’écriture.
Recueilli par Mona Bouneb
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