Pour Gabrielle, le cosplay est un défi. C’est ce qui lui plaît d’abord, avant l’aspect esthétique ou le plaisir du déguisement. «Voir des dessins qui défient la gravité et les reproduire. Quand ça claque dans les mangas, on a envie de les rendre réels». L’an dernier, la cosplayeuse bisontine a gagné le prix prestation à Necronomi’con avec son costume de Bulma, personnage de «Dragon ball». Elle s’était imposé une règle : le réaliser avec zéro euro, en récupérant des éléments à droite et à gauche. S’il arrive que certains achètent leur costume, le fabriquer soi-même fait partie de l’art du cosplay. C’est une première différence avec un simple déguisement. «On le fait pour soi, à sa mesure, on en prend soin. Il y a un côté unique. Un déguisement, on n’y fait pas trop attention». L’autre spécificité tient dans le mot play. En plus de l'habit, il faut incarner le personnage.«On va jouer un personnage, se maquiller, adopter ses gestes, ses mimiques et ses postures. On choisit un costume moins en fonction de son physique que du caractère. Il faut avoir du plaisir à le porter. Pour les conventions, on écrit et met en scène des prestations de 3 mn».
Apprentissage de la couture
Elle est assez fière du costume de «l’indépendant et maladroite» Merida du dessin animé Disney «Rebelle». Elle a passé une semaine à reproduire tous les détails, allant jusqu’à coudre deux perruques ensemble et se procurer des lentilles de contact de couleur. «Le cosplay m’a donné la passion du costume bien fait». A tel point qu’après son bac arts appliqués, elle s’est lancée dans la formation de technicien des métiers du spectacle option techniques de l’habillage, au lycée Pasteur Mont Roland, à Dole. «Mais je pense changer de voie, c’est plus l’illustration et le graphisme qui m’intéressent».
Elle a acheté son premier costume à un cosplayer. C’était Finnian de «Black butler». Sa première fabrication date de la 3e. «Une catastrophe ! Je ne demandais rien, j’ai tout fait en autodidacte alors que ma grand-mère est couturière ! Ca ne ressemblait à rien mais je me suis dit je vais travailler pour que ça fasse quelque chose. C’est du dépassement de soi. Au début, je costumisais, c’était empirique, puis j’ai vu comme on patronais et à partir de mes études supérieures, j’ai appris à tout faire moi-même».
A 19 ans, Michigo (son nom de cosplayeuse vient d’une chanson du groupe coréen G-Dragon) partage sa passion avec sa sœur jumelle Anna, nom de scène Ash’Magical. Elle s’implique dans l’association Cosplay Franche-Comté, en cours de renouvellement. Cette dernière est notamment à l’origine d’Otak’est à Pontarlier, la première grande convention franc-comtoise. «Je suis venue au cosplay par les mangas. J’en lisais beaucoup au collège. Quand j’ai eu internet, j’ai commencé à regarder des vidéos de conventions mangas aux Etats-Unis et j’ai trouvé ça magique. Et un jour, à BD Fugue, je suis tombée sur les membres de Cosplay Franche-Comté. C’était leur première intervention, le hasard fait bien les choses ! Au début, ils faisaient des petites sorties, par exemple dans les parcs pour faire des photos puis ça a pris de l’ampleur d’où l’idée de créer une convention». C’est un autre des plaisirs du cosplay, loin du cliché associé à tort au mot geek : se retrouver pour montrer et admirer les costumes, participer à des concours. «Même si ca n’atteint pas la proportion des Etats-Unis avec des parades, des villes bloquées, il se passe pas mal de choses ici. Il y a une coupe de France, des sélections européennes. Mais le plus plus plus, c’est le championnat du monde au Japon» dit Gabrielle/Michigo, les yeux pétillants.
Stéphane Paris
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