Huit joueurs natifs de la région ont participé à une coupe du Monde (31 matches, 2 buts inscrits par André Maschinot en 1930). Douze autres ont été sélectionnés avec l’équipe de France alors qu’ils évoluaient dans la région - à Sochaux ou Auxerre. Et Clément Turpin sera le 3e arbitre de la ligue à faire partie des meilleurs choisis par la Fifa pour officier. Mais honneur au créateur de l'épreuve :
Jules Rimet
Né en 1873 à Theuley (Haute-Saône), décédé en 1956. Passionné de sport et de football en particulier, il crée la fédération française en 1919, devient président de la Fifa en 1921 et reprend un vieux projet qui voit le jour en 1930 : une coupe du Monde ouvertes aux joueurs professionnels, car la compétition phare de l'époque, les Jeux olympiques, leur est interdite. Le premier trophée a porté son nom.
Les joueurs
La première coupe du Monde se déroule en 1930 en Uruguay. Les débuts portent vraiment la marque de la Franche-Comté puisque le premier buteur du premier match est le néo-Sochalien Lucien Laurent (sur passe décisive du futur Sochalien Etienne Libérati) qui précède le premier auteur d'un doublé, André Maschinot, autre Sochalien. La suite devait être beaucoup moins prolifique.
Lucient Laurent (2 matches). Né en Ile-de-France, il est arrivé à 23 ans à Sochaux avec son frère juste avant la coupe du monde. Tous deux sont sélectionnés et Lucien Laurent devient à la 19e minute du match contre le Mexique le premier buteur de l’histoire de la coupe du monde. Depuis, 2376 buts ont suivi jusqu’à celui de l’Allemand Mario Götze lors de la dernière finale. Mais Lucient Laurent est à jamais le premier. Après sa carrière, il a vécu à Besançon jusqu’à son décès en 2005.
André Maschinot (2 matches), né en 1903 à Valdoie. Durant ce même match c’est donc un autre joueur de Sochaux qui marque le premier doublé de l’histoire de la coupe du Monde. Il demeure jusqu’à aujourd’hui le seul natif de Bourgogne-Franche-Comté à avoir scoré en coupe du Monde. En attendant Griezmann ?
Etienne Mattler (6 matches). Né en 1905 à Belfort, le défenseur évolue depuis un an à Sochaux lorsqu’il connaît ses premières sélections en équipe de France pour participer, à 25 ans, à la première coupe du monde en Uruguay. Toujours sochalien, il participe aux 2 suivantes - en 1938 en tant que capitaine.
Laurent Di Lorto (2 matches). C’est en arrivant à Sochaux que le gardien de but marseillais intègre l’équipe de France et participe à la coupe du monde de 1938. Décédé à Montbéliard en 1989, il formait avec Mattler et Cazeneuve l’arrière-garde défensive de Sochaux et de l’équipe de France.
Hector Cazenave (2 matches). Uruguayen mais ayant adopté la nationalité française en venant jouer au FC Sochaux-Montbéliard, il a été sélectionné 8 fois en équipe de France dont les 2 matches de la CM 1938.
Jean-Jacques Marcel (2 matches). Le Varois est sélectionné pour la coupe du monde 1954 alors qu’il vient de passer 5 ans au FC Sochaux-Montbéliard. Il est également de l’épopée de 1958 (5 matches).
Bernard Bosquier (3 matches). A l’intersaison de son passage du FC Sochaux-Montbéliard, où il vient de jouer 5 ans, à Saint-Etienne, le défenseur participe à la coupe du monde de 1966 en Angleterre.
Bernard Genghini (5 matches). L’Alsacien vient de jouer la dernière de ses 6 saisons pro au FC Sochaux-Montbéliard, son club formateur, lorsqu’il participe à la coupe du monde 1982. Il y forme l’un des 4 angles du carré magique qui enchante la planète par son jeu léché et marque 2 buts sur coup franc, l’une de ses spécialités. Il participe également à l’édition suivante (1 match, 1 but).
Albert Rust (1 match). Cet autre Alsacien, gardien du FC Sochaux-Montbéliard où il a lui aussi été formé, n’a connu qu’une sélection en équipe de France : le match pour la 3e place contre la Belgique en 1986.
Jean-Marc Ferreri (4 matches). Premier "Bourguignon" (d'adoption) à participer à un mondial, le joueur formé à Auxerre est sélectionné en 1986, où il marque lors du match pour la 3e place.
Ses 3 successeurs, membres de l’AJ Auxerre en 1998, connaissent le titre suprême cette année-là, même si Lionel Charbonnier, 3e gardien, ne joue aucun match. Mais Bernard Diomède apparaît 3 fois et Stéphane Guivarc’h à 6 reprises.
Gharib Amzine né en 1973 à Montbéliard a lui aussi joué 3 matches en 1998, avec le Maroc.
Djibril Cissé. En 2002, l'Arlésien est encore à l’AJ Auxerre, son club formateur, lorsqu’il est sélectionné pour la Coupe du monde en Corée/Japon. Il entre en cours de jeu durant les 3 rencontres disputées. Il fait également partie de l’équipée sauvage de 2010, participant au 3e match.
Nadir Belhadj né en 1982 à Saint-Claude (Jura), formé à Jura Sud et à Besançon a participé aux 3 matches de l’équipe d’Algérie en 2010.
Bacary Sagna, né en 1983 à Sens (Yonne), formé à l’AJ Auxerre a participé à 2 coupes du monde, en 2010 et 2014 (4 matches en tout).
Mehdi Mostefa né en 1983 à Dijon. 2 matches avec l’Algérie en 2014.
Madjid Bougherra. (6 matches). Né à Longvic (Côte d’Or) en 1982, il a joué avec l’Algérie en 2010 et 2014. Avec 3 matches joués à chacune de ses participations, il est un codétenteur du record de matches joués en ce qui concerne les natifs de Bourgogne-Franche-Comté. En attendant Griezmann ?
Antoine Griezmann (5 matches). Après avoir joué une partition tonitruante durant l’Euro 2016 en France, Antoine Griezmann s’est définitivement imposé comme une star du ballon rond. Elu 3e joueur du monde cette année-là derrière deux "extraterrestres", le gamin de Mâcon (Saône-et-Loire) disputera son deuxième mondial en Russie. Il y a 4 ans, au Brésil, il débutait chez les Bleus (5 matches dont 2 comme titulaire) et commençait à poser sa patte sur le jeu de son équipe, malgré un gabarit poids plume. Aujourd’hui, c’est devenu un cadre, un "impact player". Son parcours impose le respect : jugé trop frêle pour les canons sportifs des années 2000 et snobé par plusieurs centres de formation de clubs professionnels français, il a quitté le cocon familial à 14 ans, direction l’Espagne et la Real Sociedad de San Sebastian, a gravi tous les échelons qui mènent au professionnalisme et a explosé littéralement en 2013. Aujourd’hui, les plus grands clubs du monde lui font les yeux doux et les publicitaires se l’arrachent mais à 27 ans, "Grizou" se concentre sur un objectif sportif : replacer l’équipe de France sur le toit du monde, vingt ans après la fabuleuse épopée de 1998.
Les arbitres
Roger Machin, né en 1926 à Montchanin (Saône-et-Loire), a été l'arbitre d’Angleterre-Tchécoslovaquie lors de la CM de 1970 au Mexique.
Michel Vautrot, né à Antorpe (Doubs) en 1945 a arbitré 5 fois : Italie - Pologne (1er tour) et Belgique - URSS (2e tour) en 1982 ; Pays-Bas - Irlande et Argentine - Cameroun (phase de poule) et Argentine - Italie (demi-finale ) en 1990.
Tout a été dit et écrit sur lui. MV a porté très haut les couleurs de la région sur tous les terrains du monde. En vrac, pour les moins de 20 ans, rappelons quelques-uns de ses faits d’armes : finales de Coupe de France 1979, 1982, 1983, 1984 et 1987, finale de Coupe des clubs champions 86, finale de l’Euro 1988, meilleur arbitre du monde en 1988 et 1989, Légion d'honneur en 2009. Au sujet de son illustre aîné, Clément Turpin dit : «C’est le Zidane de l’arbitrage. Vous ne pouvez pas vous imaginer la trace et l’image de l’arbitrage français qu'il a laissées. C'est juste extraordinaire ! Partout où je vais, dans le monde entier, la deuxième question qu'on me pose après m'avoir demandé si j'ai fait bon voyage, c'est "avez-vous des nouvelles de Michel ?".Contrairement à ce qu’on croit, il n’est pas vieille école. Il a une vision très moderne. Quand il dit "Un bon arbitre, c’est celui qui sent le jeu", eh bien je n’ai jamais trouvé rien de mieux à dire !»
Échanger avec Michel Vautrot, c'est se régaler des anecdotes qu’il vous sert à la louche. En voici trois, pour le plaisir.
«En 1982, pour ma première participation à la Coupe du monde, je suis désigné 4e arbitre, c’est à dire remplaçant, de la finale Italie-Allemagne. Peu de monde y a prêté attention mais cela reste pour le petit paysan d’Antorpe que je suis un fantastique souvenir.»
«En 1990, je me claque deux mois avant le début de la compétition. Sans les soins avisés du professeur Gérard Saillant et du docteur dolois Gérard Nicolet, par ailleurs médecin du Tour de France, je n’aurais pas connu “italia 90”. J’ai la chance d’officier lors du match d’ouverture : le Cameroun créé une des plus grosses surprises de l’Histoire en battant l’Argentine, championne du monde en titre ! Je sors deux cartons rouges aux joueurs africains car il fallait donner le ton en tout début de la compétition. Je ne rapporterai pas tout ce que j’ai entendu sur le terrain puisque les joueurs étaient tous francophones et évoluaient pour la plupart dans des clubs français.»
«On m’a aussi en 90 confié le sifflet pour la ½ finale volcanique Italie-Argentine, à Naples. L’icône argentine Diego Maradona était l’idole de l’équipe locale. L’ambiance dans les tribunes du stade San Paolo était étrange avec un public majoritairement napolitain supportant… les adversaires de l’Italie ! Les joueurs de la Nazionale étaient agacés et nerveux et le match honnêtement pas facile à diriger. Mais pourquoi la 2e prolongation a-t-elle duré 23 minutes au lieu de 15 ? Je ne me l’explique toujours pas ! Fatigue physique et mentale ? Oubli de remettre en marche le chrono après un arrêt de jeu ?... C’est un comble pour un citoyen de Besançon, alors appelée “capitale de la montre”. Mais il y a un Dieu des arbitres : imaginez si l’une ou l’autre des équipes avait marqué un but à la 127e… Je raserais encore les murs avec un masque...»
Clément Turpin
La bonne nouvelle est tombée fin mars. Le jeune arbitre de 35 ans, licencié depuis toujours au FC Montceau Bourgogne officiera lors de la Coupe du monde, du 14 juin au 15 juillet, accompagné de ses deux assistants français, Nicolas Danos et Cyril Gringore. Il est le seul arbitre principal français parmi les 36 noms retenus. Après avoir alors dirigé deux matches de poules du dernier Euro disputé en France, Autriche-Hongrie et Irlande du Nord-Allemagne, et de nombreux chocs européens dont les récents et sulfureux Roma-Barcelone et Arsenal-Atlético de Madrid, Clément Turpin est solidement installé dans le gotha des "top referees". Pas une surprise pour un garçon qui s’est toujours distingué par sa précocité : plus jeune arbitre de Ligue 1 à 26 ans, plus jeune arbitre à officier en finale de la Coupe de France, plus jeune Français international FIFA. Avant d’embarquer pour la Russie, Clément se veut serein, comme toujours. «J’aurai un match du premier tour. Après, on verra…». Question piège : «Si les Bleus vont loin, cela anéantira vos chances d’arbitrer les demi-finales et la finale. Que préférez-vous ?» Réponse : «Joker !». On ne piège pas Clément Turpin.
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