Si les réseaux sociaux peuvent se révéler utiles pour trouver un emploi, Alexandra Gros serait un bel exemple. Un jour, en recherchant un contrat postdoctorat, elle découvre un tweet pour une offre d’emploi dans un laboratoire de recherche basé à Edimbourg. Coup de chance, elle correspond au profil. Ce n’est donc pas tellement pour ses châteaux hantés que cette Bisontine s’est retrouvée en Ecosse, bien que l’intitulé de sa thèse, soutenue un an auparavant, aurait de quoi effrayer plus d’un non-initié : «Neurogénèse adulte hypocampique : rôle fonctionnel dans la mémoire épisodique et recrutement des nouveaux neurones lors de la mémorisation » ! Alexandra esquisse un sourire : «nous cherchons à comprendre les mécanismes qui facilitent la mémoire dans des situations de routine».
La reconnaissance
d’un métier
Elle a vu l’annonce en octobre, s’est entretenue par skype en novembre, puis s’est envolée pour un entretien et une visite d’Edimbourg dans la foulée. «Je fonctionne beaucoup à l’opportunité. J’ai fait ma prépa à Grenoble, suivie d'une licence "sciences du vivant" à Poitiers. Cette expérience est valorisante pour ma carrière.» Son entourage lui avait vanté le mérite d’une ville dynamique, accueillante et avec un environnement exceptionnel. Convaincu et convaincante, Alexandra s’est donc établie pour un minimum de deux ans à Edimbourg et ne le regrette pas un seul instant.
Elle travaille à la "Royal infirmery" avec une chef de projet originaire de Taïwan. «En Grande-Bretagne, la recherche est vraiment prise en considération». La Franc-Comtoise cite notamment le recours aux fonds publics comme privés qui permettent de travailler dans de bonnes conditions. «J’ai même le droit de mettre docteur sur ma carte de crédit, chose impensable en France tant que l’on occupe pas un poste permanent !» remarque-t-elle. Est-ce pour autant mieux qu’en France ? «Je ne pense pas qu’il existe un système idéal. Partout, la recherche demande du temps et de l’investissement et nous sommes toujours sujet à la pression des résultats.»
Des questions
après le Brexit
Alexandra ne compte pas ses heures, mais elle a quand même pris le temps de découvrir la ville et le tempérament des Ecossais. «Il se passe toujours quelque chose ici : les "Highland games" en été, des animations, des soirées, des musées gratuits… La ville est historiquement et culturellement très riches et les Ecossais sont très ouverts. Il y a aussi des espaces verts partout autour et il ne faut pas longtemps pour retrouver la nature totale.» La seule chose qui lui manquerait pour le moment c’est une tranche de gastronomie bien française : «C’est ce qui est le plus difficile !» admet-elle.
L’avenir, elle y pense, sans trop tirer de plans sur la comète, n’excluant aucune opportunité. «J’attends de ces années de pouvoir réaliser un maximum de publications dans des revues scientifiques. C’est indispensable pour prétendre à un poste permanent en France». A moins que cette expérience écossaise ne se prolonge, malgré le contexte politique incertain depuis le Brexit ? Comme pour une majorité d’Ecossais qui ont voté pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne, les résultats du référendum britannique a été un choc pour les expatriés : «On ne sait pas s’il faudra refondre les contrats d’échange, retourner dans nos pays pour effectuer une demande de visa… Tout cela est encore très flou», explique Alexandra. «Nous vivons dans une société mondialisée, avec ses bons et ses mauvais côtés. La tendance est hélas au repli sur soi. Mais je reste convaincue que partir vivre une expérience professionnelle à l’étranger est bénéfique. Je ne connais personne qui l’a regretté.»
Pauline Moiret-Brasier
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