Le télémark, version simple : du ski alpin avec le talon détaché. Mais de cette absence de fixation découle une manière différente de descendre et de prendre les virages : ski extérieur en avant, jambe intérieure très fléchie, le genou touchant quasiment la neige, une technique inventée en 1868 en Norvège qui rend la descente élégante. « Né sur des skis » à Lamoura, Elie Nabot a bifurqué vers cette discipline méconnue il y a 10 ans. Avec succès : il fait partie de l’équipe de France depuis 5 saisons au cours desquelles il a cumulé 2 victoires et 18 podiums en coupe du monde. « Avant je faisais du ski alpin, mais j’avais l’impression d’avoir fait le tour. J’ai voulu essayer le télémark et j’ai découvert de nouvelles sensations. Notamment l’idée de chercher le déséquilibre sans dépasser la limite car la faute arrive vite. Et puis il faut dire qu’en télémark, on a vite accès au circuit national ». Dans sa famille, la discipline n’était pas inconnue puisque sa tante, Laura Grenier-Soliget était elle aussi en équipe de France. « Elle a arrêté quand j’ai commencé, on s’est croisé » sourit-il. « Au début, j’avais des bons résultats mais pas exceptionnels. J’ai obtenu ma première médaille aux mondiaux juniors en 2017 et à partir de là , ça m’a donné envie d’aller plus haut ».
Côté loisirs de glisse, « il faut essayer pour connaître vraiment les sensations assure-t-il. J’ai incité des copains à en faire et depuis, ils ne font plus que ça ». Côté compétition, on est face à un sport très complet qui regroupe toutes les disciplines du ski. Les courses incluent un slalom géant, un saut à skis avec réception en position télémark, un virage relevé (loom) et un final en ski de fond ! Il faut aller vite en respectant la technique puisque des pénalités peuvent sanctionner le style. Entre la descente et le saut, il faut aimer l’adrénaline. « C’est vraiment intensif assure Elie. On travaille sur la partie basse tout le long du géant et quand on arrive au skating, on n’a plus trop de cuisse et on joue sur le haut du corps. En bas, on est cuit ! Comme je viens de l’alpin, je suis meilleur sur la partie géant. Mais j’ai pas mal travaillé en ski de fond pour gagner en puissance et cette année, ça va mieux sur cette partie. »
Très attaché au Jura
Deuxième de la coupe du monde l’an dernier derrière le Suisse Bastien Dayer, il vise désormais le podium à chaque course. « Mon gros objectif de fin de saison, c’est les championnats du monde, une compétition dans laquelle je n’ai jamais eu de médaille individuelle ». Il aura 3 occasions de combler ce manque puisque le télémark comporte des épreuves en classique, sprint (épreuves chronométrées) et parallèle (course contre un autre skieur), sans compter le team parallel sprint qui se fait par équipes.
Sur les compétitions internationales, tous les athlètes ne peuvent pas toujours être présents, faute de financement. Le télémark est une discipline non olympique, qui reste marginale et conséquemment possède moins de moyens que d’autres. Les déplacements, la gestion de l’emploi du temps peuvent s’avérer problématiques. « C’est compliqué financièrement. Les sponsors ne viennent pas facilement, on n’a pas d’énormes budgets. Personnellement, ça ne me permet pas d’en vivre. Mais quand j’ai commencé, j’étais un peu tout seul. Maintenant, avec l’équipe de France, on est mieux accompagnés. Il y a des coaches, un kiné, un préparateur physique et un technicien qui nous donne le protocole fartage sur chaque course. Ça facilite beaucoup les choses. Pour l'instant, je prends les saisons les unes après les autres et je n’ai pas encore en tête d’arrêter. D’un autre côté, c’est un sport qui reste convivial, même en compétition. Sur les rassemblements, ça reste fraternel, on est entre potes ».
En parallèle, il donne des cours à l’ESF, encadre des jeunes dans différents sports, notamment en Suisse, travaille comme cordiste l’été à Lamoura chez lui. Il a commencé à préparer un diplôme d’Etat de ski alpin, « même si ce n’est pas facile de trouver du temps pour ça ». Ses années sont rythmées par la saison du télémark, avec une préparation physique qui commence en septembre. A côté de ça, il fait du foot au club de Bois d’Amont. Il pense aussi qu’il aurait pu partir dans les Alpes pour trouver plus de possibilités de financement, mais son attachement au Jura l’a emporté. « Je reste licencié à l’US Lamoura. De ce point de vue, je suis un peu chauvin ! » sourit-il.
S.P.
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